Au coeur de Royan DES EXPÉRIENCES D’HABITAT BALNÉAIRE
En tant que ville, Royan doit sa naissance à l’histoire des bains de mer à laquelle elle est étroitement liée. Par la conjonction de plusieurs faits historiques, son architecture apparaît depuis comme un « laboratoire » en matière de constructions balnéaires.
Au temps classique de l’éclectisme
Cette histoire débute au début du XX e siècle, lorsque les Bordelais s’en viennent découvrir, en bateau, les plaisirs du bord de mer à Royan. En 1856, débute à leur intention le lotissement du quartier de Pontaillac, auquel s’ajoutera après 1885 le quartier du Parc, destiné à une clientèle plus parisienne. Dans l’un et l’autre de ces quartiers sont élevées des villas typiques de l’architecture de villégiature du XIX e siècle : imposantes bâtisses de styles éclectique, cosmo
polite ou encore néorégionaliste.
Un balnéaire moderne
Miraculeusement, ces quartiers furent épargnés par les bombardements de 1945, qui rasèrent le centre-ville de Royan. Celui- ci, sans doute parce qu’il semblait doté d’une fonction plus récréative que dans d’autres villes martyres de la Libération, tarda à être reconstruit, au lendemain de la guerre. Les crédits n’arrivent qu’au début des années 50, alors que les références architecturales ont basculé sous l’influence des réalisations modernistes brésiliennes d’Oscar Niemeyer et Lucio Costa, qui tournent le dos aux esthétiques balnéaires traditionnelles pour mettre en oeuvre la technique alors révolutionnaire du « voile de béton ». Entre 1949 et 1959, Royan est reconstruit selon les principes de cette architecture moderne en béton, et fait ainsi figure de ville d’avant-garde. Des villas aux lignes géométriques, façon Frank Lloyd Wright ou Le Corbusier, émergent sur le front de mer ou sur des terrains restés à lotir dans les quartiers plus anciens.
Des réinterprétations contemporaines
Depuis le début des années 2000, ce patrimoine des années 50, qui fit l’objet de nombreuses critiques à l’époque, suscite un grand engouement et donne lieu à de nouvelles interprétations qui mettent notamment en exergue ses dimensions fantaisistes avec ses jeux géométriques et ses touches colorées : brise-soleil et claustra strient de leurs ombres les épaisses façades rectilignes ; formes arrondies et angulaires sont de nouveau juxtaposées dans un dialogue réinventé où des couleurs primaires (rouge, bleu et jaune) s’invitent ponctuellement.