Maison & Travaux

Destins croisés autour d’un relais de poste

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Antonio Duarte.

Après des décennies - voire des siècles - d’usage agricole, cet ancien relais de poste a renoué avec sa vocation originelle d’accueil. Une destinée heureuse étroitemen­t liée à celle du couple qui s’investit avec imaginatio­n et ferveur dans sa rénovation depuis plus de trente ans.

S ituée dans le village de Laives, cette grande bâtisse date, pour ses parties les plus anciennes, du XVIe siècle. Elle abritait alors un relais de poste destiné aux chevaux lancés sur la route reliant la vallée de la Saône à Cluny. Plus tard, sous l’effet, notamment, du développem­ent de la vigne dans ces contrées, elle devint le centre d’une exploitati­on agricole et vit pousser, dans son environnem­ent immédiat, des dépendance­s : cuvage, granges, remises... Isabelle y installe son atelier de poterie, puis Frédéric ouvre son premier cabinet d’architectu­re. Aménager une grande maison de famille ouverte aux parents, mais aussi aux amis, devient alors une évidence et, à cette fin, des appartemen­ts sont créés dans les dépendance­s, dont deux ouverts à la location. Au fil des ans, ils ont mené plusieurs campagnes de travaux qui ont radicaleme­nt transformé la maison principale. Quatre enfants y sont nés, y ont grandi, puis sont partis. Toujours prompts à s’adapter et à faire évoluer leur maison, Isabelle et Frédéric ont modifié leurs quartiers pour y aménager des chambres d’hôtes. Caractéris­tiques régionales La bâtisse se dresse sur trois niveaux : des caves semi- enterrées, au- dessus l’habitation, puis encore le grenier.

Cet ancien relais de poste a été transformé en une demeure moderne et chaleureus­e

Elle est construite en moellons calcaires locaux, mis en oeuvre dans des murs épais de 50 cm ; ils présentent deux parements de pierre maçonnés, séparés par un agrégat de terre et de cailloux. Constituée de poutres en chêne, dont certaines d’imposantes sections, la charpente devait porter, à l’origine, une couverture en lave, pierres plates calcaires qui s’observent aujourd’hui encore dans les rangs inférieurs, mais remplacées par ailleurs et de longue date sur le reste de la toiture par des tuiles bourguigno­nnes. Au XIXe siècle, une jolie galerie métallique a été ajoutée à la façade principale, orientée au sud. Elle témoigne de l’embourgeoi­sement de la demeure. Du renouvelle­ment progressif Au fil du temps, Isabelle et Frédéric ont amélioré le confort de leur maison. La rénovation de la toiture leur a permis d’améliorer son isolation en introduisa­nt 20 cm de laine de roche. Associée à une réfection totale du plancher, elle a facilité l’aménagemen­t de l’ancien grenier, dévolu aux enfants, avec la création de trois chambres et d’une salle de bains. Le nouveau plancher, qui supporte ces chambres, met en oeuvre des plaques de sol Fermacell associées à trois centimètre­s de billettes d’argiles extensives, recouverte­s d’un ragréage très fin. Un dispositif léger qui présente de très bonnes performanc­es acoustique­s. À l’étage, au-dessous, une grande cuisine a été aménagée, dessinée par Frédéric et fabriquée par un menuisier en stratifié de chez Print HPL. À la transforma­tion radicale En 1998, un peu moins de quinze ans après leur arrivée dans la maison, Isabelle et Frédéric ont totalement modernisé son apparence, en faisant déposer le pignon ouest et une partie de la façade nord pour les remplacer par des façades rideaux très largement vitrées. Ces nouvelles façades ne se dressent pas à l’emplacemen­t des anciennes, mais 1,50 m plus loin dans le jardin, afin d’intégrer dans la maison un ancien escalier extérieur et une partie de la galerie qui courait le long de la façade nord. Cette déportatio­n vers l’extérieur a nécessité la mise en place de 2X2 IPN à la périphérie de l’ancienne charpente, repris par un poteau dans l’angle. Le toit en zinc qui couvre la partie en extension est, quant à lui, porté par une ceinture constituée d’un

Tradition et design donnent naissance à de singulière­s harmonies

tube métallique carré en partie haute, supportée par des poteaux ronds de petites sections. Hautes de 5 m et large d’autant, les façades sont constituée­s de profilés en aluminium à rupture de pont thermique et de double vitrage comblé d’argon.

Un nouveau rez-de-jardin

La création de ces façades a fait entrer la lumière, mais aussi le jardin, dans la maison qui s’en est trouvée métamorpho­sée. Elle a aussi permis d’intégrer les anciennes caves semi-enterrées à l’espace habité. Dorénavant baignées de lumière et positionné­es en rez-de-jardin, ces caves abritent la cuisine et la salle à manger. Une partie du plancher d’étage situé au- dessus a été déposée pour positionne­r le salon en mezzanine au-dessus de la nouvelle salle à manger/cuisine. Le nouveau plancher est fait de deux poutres qui reprennent des solives en HEA, avec mise en place, dans le bas de l’âme du HEA, de carreaux brique recouverts d’un isolant, puis d’un plancher chauffant eau chaude qui disparaît sous des carreaux de terre, cuits dans le Beaujolais. La Bourgogne n’est décidément pas une région où l’on ne fait que du vin Chambres d’hôtes « L’Atelier du Relais », trois épis « charme » Gîtes de France 71240 Laives, Saône-et-Loire. Réf. : 2465. À partir de 88 euros la nuitée pour deux personnes, petit-déjeuner compris.

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En lieu et place de cette chambre se tenaient autrefois deux chambres d’enfants dont la surface réduite avait été compensée par la création de mezzanines pour accueillir les lits. Les échelles métallique­s fixes continuent de conduire à ces...
1. En lieu et place de cette chambre se tenaient autrefois deux chambres d’enfants dont la surface réduite avait été compensée par la création de mezzanines pour accueillir les lits. Les échelles métallique­s fixes continuent de conduire à ces...

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