Une fabrication entièrement manuelle
raditionnellement, les carreaux mesurent 20 cm x 20 cm, mais on en trouve aussi des rectangulaires, triangulaires et octogonaux. Ils sont épais (environ 16 mm) et présentent deux strates bien visibles : la couche d’usure et la couche de structure (ou chape). Leur fabrication est restée quasiment identique depuis leur invention, et elle est toujours effectuée à la main. Dans un moule en fonte d’acier (photo A), on coule, à l’aide d’un entonnoir, un mortier liquide très fin composé de 2/3 de poudre de marbre, de 1/3 de ciment (gris ou blanc selon la teinte voulue) et de pigments pour la coloration (photos B et C). Pour réaliser un carreau à motifs, on place dans le moule un diviseur, une sorte de pochoir en cuivre constitué d’autant de cases qu’il y aura de motifs et de couleurs à couler. Les mélanges colorés sont réalisés en petites quantités pour éviter qu’ils ne durcissent, car ils doivent être utilisés dans un délai d’une heure avant que ne commence la prise. Sous cette première couche de 4 à 5 mm, la couche d’usure (photo D), on réalise ensuite la couche de structure composée de ciment gris et de silice (sable), qui sert de support et donne de l’épaisseur au carreau (photos
E et F). Le moule ainsi rempli est passé sous une presse hydraulique (photo G) pour le compacter, ce qui permet de le démouler à la main et de le manipuler (photo H). Il faut ensuite provoquer une réaction chimique d’hydratation pour que le carreau durcisse. Ainsi, vingt-quatre heures après le démoulage, les carreaux sont, soit immergés dans un bassin d’eau pendant quelques heures (méthode traditionnelle), soit pulvérisés d’eau. Les carreaux doivent ensuite sécher au minimum trois semaines, ou trois à cinq jours seulement dans le cas de la pulvérisation, avant d’être conditionnés, puis expédiés (photo I). Le nombre de manipulations que subit le carrelage rend inévitable la présence de légers défauts, contrairement aux procédés industriels qui produisent des carrelages d’aspect uniforme, sans nuance de surface ni de teinte. Ce sont précisément ces petits défauts, dus à la fabrication artisanale, qui font le charme de l’ensemble, une fois le carrelage posé