Maison & Travaux

Les défis d’une bergerie réinventée

Difficile de dater cette ancienne bergerie, dont on sait néanmoins qu’elle apparaît sur les cadastres napoléonie­ns. Ses proportion­s rectangula­ires peu profondes et très étirées, ses ouvertures rares et étroites, sa toiture monopente à forte inclinaiso­n ne

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Antonio Duarte. Architecte : Interior design studio.

U n premier chantier de rénovation avait transformé une petite moitié de la surface de la bergerie en un logement d’appoint utilisé aux beaux jours. Cette partie rénovée était séparée de la partie non utilisée par un épais mur de refend.

Cahier des charges

En 2003, les nouveaux propriétai­res acquièrent la bâtisse pour en faire leur résidence principale. Il s’agit de rénover la partie jusqu’ici laissée brute, de créer une liaison avec la partie déjà rénovée,

pour distribuer pièces et fonctions de manière cohérente sur la totalité de sa surface. Ils confient la mission à l’architecte Sophie Marin. Ils lui demandent aussi de trouver des solutions pour apporter de la lumière dans le bâtiment, de le doter d’une isolation et d’un système de chauffage.

Un bâti ancien, mais sain

Non enduites, les maçonnerie­s de la bergerie étaient constituée­s de moellons calcaires prélevés sur place, montés au mortier de chaux. Hormis un petit problème d’infiltrati­on sur la façade arrière, adossée à la pente, réglé par le doublage du mur avec ménagement d’un vide d’air, ces maçonnerie­s se révèlent saines. Pour ouvrir les deux parties de la bergerie l’une sur l’autre, le mur de refend qui les séparait est percé d’une porte dans sa partie centrale. Un percement qui a nécessité l’installati­on d’un linteau en béton au-dessus de l’ouverture. La distributi­on dans la partie nouvelleme­nt aménagée est symétrique par rapport à l’ancienne. Chambres et sanitaires sont déployés au centre de la maison, de part et d’autre du long couloir de liaison, qui débouche à chacune de ses extrémités sur les pièces à vivre : d’un côté, le séjour avec cuisine intégrée ; de l’autre, dans l’ancien logement d’appoint, un grand atelier bureau bibliothèq­ue.

Apporter la lumière

Les pièces situées aux extrémités de la maison, derrière les façades pignons, bénéficien­t de grandes ouvertures percées dans celles-ci. Il n’en va pas de même pour les chambres et sanitaires situés dans la partie centrale de la bergerie. La longue façade arrière est quasiment aveugle. Celle qui est tournée vers la vallée et l’est n’est percée que de rares et étroites fentes, dont la fonction originelle était davantage d’aérer que d’éclairer. Leur situation en bordure de propriété interdisai­t leur agrandisse­ment. Ces ouvertures ont été équipées de menuiserie­s en acier, aux profilés très fins, pour éviter de réduire leur apport en lumière. L’architecte a cependant préconisé le percement de fenêtres de toit. Pour faire profiter la cuisine et le couloir de la lumière offerte par l’une de ces fenêtres situées dans la salle de bains, les cloisons qui séparent ces pièces ont été interrompu­es à une hauteur de 2,20 m pour céder la place à des vitrages. La lumière circule ainsi abondammen­t et avec fluidité dans la maison.

Une isolation à créer

Restait enfin à isoler la demeure : différente­s solutions ont été mises en oeuvre, qui s’appuyaient à chaque fois sur le matériau le plus sain possible. La façade, tournée vers l’est, a été enduite à l’intérieur d’un mortier isolant à base de chanvre sur toute sa longueur. Dans l’ancien logement d’appoint, ce mortier dissimule les serpentins d’un dispositif chauffant. Dans la partie nouvelleme­nt aménagée, les travaux ont permis l’installati­on d’un plancher chauffant. Ces dispositif­s de chauffage sont alimentés par une chaudière au gaz, raccordée à une citerne installée dans le jardin. Les façades pignons et la façade arrière ont été isolées à l’aide de laine de bois, doublée par des plaques de plâtre. La toiture est, quant à elle, isolée par 20 cm de laine de mouton, clin d’oeil à la bergerie d’antan

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En lieu et place de l’entrée située en surplomb du séjour, se trouvait autrefois un petit local borgne de 8 m2 qui a été intégré à la bergerie dans le cadre de sa réhabilita­tion. La présence de marches et de seuils au sein de la maison participe de...
2. En lieu et place de l’entrée située en surplomb du séjour, se trouvait autrefois un petit local borgne de 8 m2 qui a été intégré à la bergerie dans le cadre de sa réhabilita­tion. La présence de marches et de seuils au sein de la maison participe de...
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Dans la nouvelle entrée, l’architecte a dessiné des placards et rangements sur mesure, fabriqués en panneaux trois plis d’aulne. Toutes les menuiserie­s de la maison, notamment dans la cuisine et la salle de bains, ont été réalisées avec ce matériau.
1. Dans la nouvelle entrée, l’architecte a dessiné des placards et rangements sur mesure, fabriqués en panneaux trois plis d’aulne. Toutes les menuiserie­s de la maison, notamment dans la cuisine et la salle de bains, ont été réalisées avec ce matériau.
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1. Le porche qui mène à la terrasse de la bergerie est antérieur à la rénovation (photo 1).
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2. Adossée à la pente, la bergerie présente la forme d’un rectangle étiré, dont la façade arrière demeure jusqu’à aujourd’hui aveugle, tandis que sa façade avant ne comporte que d’étroites ouvertures en forme de meurtrière. Des baies vitrées ont été...
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Pour limiter le nombre de fenêtres de toit et permettre à la lumière de circuler d’une pièce à l’autre, certaines parois ont été couronnées de vitrages.
4. Pour limiter le nombre de fenêtres de toit et permettre à la lumière de circuler d’une pièce à l’autre, certaines parois ont été couronnées de vitrages.
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L’un des enjeux majeurs de cette rénovation était d’amener de la lumière dans la partie centrale de la maison, particuliè­rement sombre. Le percement de fenêtres de toit y pourvoit.
3. L’un des enjeux majeurs de cette rénovation était d’amener de la lumière dans la partie centrale de la maison, particuliè­rement sombre. Le percement de fenêtres de toit y pourvoit.
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