Un relais de poste transfiguré
Couvrant tout le rez-de-chaussée d’un ancien relais de poste construit vers 1830, ces anciennes écuries voûtées offrent quelque 200 m2, récemment transformés en habitation par l’architecte d’intérieur Laurence Gaches, de l’agence Interior Design Studio.
L a bâtisse est maçonnée en pierre calcaire locale. Parce qu’elle se trouve inscrite dans une légère pente, son rez-de-chaussée est enterré sur toute la façade arrière, orientée à l’est. Sur les autres façades, les ouvertures sont assez peu nombreuses. La plus importante se situe sur la façade sud, il s’agit de l’ancienne porte charretière par laquelle entraient les animaux, voire des charrettes. Pour le reste, à l’exception d’une fenêtre de belles proportions au-dessus de la mangeoire principale, les ouvertures se limitent à quelques étroites meurtrières visant plutôt à aérer les lieux qu’à les éclairer. Malgré cela, l’espace intérieur souffrait d’un problème d’humidité.
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Tout inox, associant des modules Ikea à des plans de travail fabriqués sur mesure, la cuisine ultra moderne épouse la forme étirée de sa pièce voûtée en s’organisant autour d’un vaste îlot central. Elle y apparaît comme un bijou dans son écrin.
2.
L’ancienne porte-charretière du pignon, aujourd’hui vitrée, constitue le principal apport de lumière de l’immense salon. Au-dessus de l’ancienne mangeoire voisine, une fenêtre a été ouverte à l’occasion d’une précédente rénovation. Elle offre une lumière bienvenue à un coin bureau.
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Dans le prolongement de la cuisine, profitant des réseaux, Laurence Gaches a créé une petite salle de bains
4.
La salle de bains arbore un très joli placage constitué de feuilles extrafines de pierre naturelle. Applicable sur une multitude de supports, ce matériau (Naturamat) imperméable est adapté aux pièces humides.
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Pour épouser les courbes des voûtes, le doublage de l’isolation a été réalisé avec des plaques de plâtre fines (BA6). Elles ont été recouvertes d’un enduit à la chaux, d’aspect plus authentique.
Il se traduisait par d’importantes remontées capillaires le long des murs. Destiné à recevoir des animaux, cet espace intérieur présentait peu de cloisonnement. Sur sa profondeur, il s’organise en trois travées voûtées qui compensent la déclivité du sol tandis que, sur sa longueur, il ne présente qu’un mur de refend, situé au milieu de la bâtisse.
État des lieux
Ces écuries étaient utilisées comme habitation depuis les années 1950, sans que les problèmes d’humidité et de lumière soient traités. Les propriétaires successifs s’étaient contentés d’élever des cloisons pour délimiter les pièces dont ils avaient besoin. La dalle béton au sol a reçu une nouvelle isolation – un film polyane –, puis en liège brûlé, support d’une chape flottante. Sur celle-ci a été mis en place un plancher posé sur lambourde, pour créer un vide d’air et isoler le sol des remontées capillaires. Le tout a été complété par un dispositif extérieur : un hérisson installé au pied de la maison. Les murs, situés dans les chambres et la cuisine, ont été isolés par l’intérieur, grâce à un vide d’air doublé d’un isolant en liège brûlé ; le tout recouvert de plaques de plâtre hydrofuges de type BA6 pour épouser les courbes des voûtes, avec mise en place d’une cunette dans le coffrage. Dans le vaste salon, les voûtes maçonnées ont été laissées apparentes, simplement brossées, sablées puis réenduites d’un mélange chaux-sable.
Une lumière à faire circuler
En nimbant les maçonneries de blanc, ce mélange de chaux- sable contribue à éclaircir cet intérieur naturellement sombre. Et, pour améliorer sa luminosité, toutes les anciennes portes pleines menant vers l’extérieur ont été remplacées par des modèles vitrés. Un travail important a parallèlement été mené par l’architecte sur l’éclairage électrique, avec la multiplication des points lumineux sous la forme de spots encastrés dans le sol ou de points LED inclus dans le plan de travail de la cuisine. Par ailleurs, toutes les cloisons mises en oeuvre par les propriétaires successifs depuis les années 1950 ont été déposées afin de fluidifier autant que possible la circulation de la lumière
à l’intérieur du bâtiment. Les écuries ont ainsi retrouvé leurs beaux volumes originels.
Jouer la carte du loft
Laurence Gaches s’est saisie de ces beaux volumes pour proposer à ses clients un aménagement de type loft qui fait de ces écuries un écrin pour leur mobilier design. La cuisine dessinée par l’architecte apparaît particulièrement réussie. Pour abaisser son prix, l’architecte y a associé des joues et des plans de travail fabriqués sur mesure en inox, et des tiroirs et façades Ikea produits en série dans ce même matériau. Résolument contemporain, le résultat est très éloigné de l’ambiance rustique qui régnait dans le relais avant son intervention