1 De l’habitation à la grange, un habitat renouvelé
« Petites, biscornues, sombres, modestes... » Autant d’adjectifs qu’emploie l’architecte Gérard Batalla pour donner à saisir les caractéristiques typiques des maisons de village champenoises. Celle-ci n’échappait pas à la règle. Ses propriétaires lui ont confié la mission de l’agrandir en lui apportant un maximum de lumière.
P lutôt que de remanier la maison existante, étroit boyau condamné par ses proportions à rester exigu et malcommode, Gérard Batalla se tourne vers la grange voisine. Construite en pierre de meulière et rognons de silex, dotée d’une meilleure exposition au sud – qui témoigne de la valeur accordée autrefois aux dépendances agricoles – et de plus généreux volumes, celle-ci présente des atouts qui ne demandent qu’à être valorisés. En quête de volumes Dans l’enveloppe évidée de la grange (surface au sol de 60 m2), Gérard Batalla installe un vaste salon-salle à manger, dont une partie se trouve déployée sur toute la hauteur du bâtiment, tandis qu’une autre apparaît surmontée d’un plancher d’étage. Une différence de hauteur de plafond qui crée un volume original et intéressant. Prenant appui sur de grosses poutres existantes, ce plancher est constitué de solives métalliques habillées en surface d’un double plancher isolé, laissé apparent en sous-face. Ce plancher partiel forme un petit balcon intérieur au-dessus du salon. Il porte, en outre, une suite parentale Un nouveau bâtiment de liaison L’extension qui relie l’ancienne maison d’habitation et la grange est réalisée en ossature bois, avec un système de poteaux poutres, isolée en laine minérale et bardée de Red Cedar. Tournées vers l’ouest, ses généreuses ouvertures sont équipées de menuiseries en aluminium bleu à rupture de pont thermique. L’extension relie les rez-de-chaussée, mais aussi les étages des deux anciens bâtiments, permettant de multiplier les circulations et de les fluidifier. Elle contient au rez-de-chaussée une cuisine, à l’étage un généreux espace de détente et, depuis peu, une chambre d’enfant.
Circulation de la lumière
Exposée au sud, la grange ne bénéficiait jusqu’ici que d’étroites ouvertures. Sa façade est largement ouverte, sur toute sa hauteur, grâce à un portique métallique qui reprend les charges de la charpente et de la toiture. La découpe du parquet d’étage, avec son petit balcon intérieur, est étudiée pour optimiser la circulation de la lumière jusqu’au fond de la pièce. Une circulation accrue encore par la mise en place de fenêtres intérieures qui, par des jeux d’oblique, permettent à la lumière provenant de l’est de pénétrer jusque dans la chambre parentale. Mitoyenne, la façade est ne comportait originellement aucune fenêtre. La création de trois fenêtres de toit pallie ce manque. La maison profite dorénavant d’ouvertures exposées aux quatre points cardinaux.
Confort thermique
Construits avec un double parement extérieur et intérieur, les murs de la grange, comme ceux de l’habitation, présentent une belle épaisseur de 50 cm. Ils sont enduits à l’intérieur d’un mortier de chanvre et de chaux aérienne, qui a renforcé encore leur isolation en gardant le bénéfice de l’inertie. Les plafonds sont isolés de laine minérale. Enfin, au chauffage par le sol basse température alimenté par une chaudière à granulés s’ajoute un poêle à bois l