LA MAISON DANS SA RÉGION L’AUBRAC
À cheval sur l’Aveyron, le Cantal et la Lozère, le haut plateau de l’Aubrac est né d’une large coulée basaltique il y a 6 à 9 millions d’années.
Son sol est donc constitué d’un basalte noir bleuté qui se retrouve dans son architecture de pierre, parfois appareillée avec le granite plus clair de la Viadène voisine, donnant corps à des habitations aussi robustes qu’austères, qui se fondent admirablement dans le paysage.
Profondément rural, traditionnellement affecté à l’estive des vaches aveyronnaises, l’Aubrac est un territoire peu peuplé, marqué depuis un peu plus d’un demi-siècle par un exode rural prolongé. Ces caractères et cette histoire lui confèrent aujourd’hui la physionomie d’un vaste sanctuaire naturel, un océan de verdure, qui séduit de plus en plus les citadins en quête d’authenticité et de nature. Présent de longue date, du fait de sa position sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, le tourisme tend à s’y développer, mais d’une manière suffisamment douce pour ne pas marquer le paysage ; ou alors positivement, grâce, par exemple, à la rénovation d’anciens burons tombés à terre, aménagés en gite (voir notre réalisation à la loupe)
ou en restaurant. Deux types d’habitats cohabitent sur ce territoire, un permanent et un temporaire, tous deux destinés à l’usage des hommes et des animaux. Le premier est plus volontiers groupé, sous forme de villages et de hameaux, généralement concentrés sur les zones périphériques du plateau. Le second prend la forme de masures bâties en pierre et éparpillées au milieu des estives, connues sous le nom de burons. Qu’il soit isolé ou groupé, cet habitat est fait, partout, de roches basaltiques, associées parfois à du granite ou, encore, à du schiste. Les teintes foncées de ces roches lui donnent un caractère volontiers austère.
L’habitat villageois
Il suffit de s’arrêter dans le village d’Aubrac pour apprécier cette austérité. Situé à 1300 m d’altitude, constituant à ce titre le village permanent le plus haut du plateau qui porte son nom, le village offre le spectacle d’une vaste place aérée, bordée de hautes et massives façades aux teintes sombres. Une telle place existe dans tous les villages. On l’appelle le couderc. C’est là que se déroulent activités domestiques et agricoles, que se rassemble le troupeau.
Dans l’Aubrac, l’austérité est beauté
Des fermes équerres au caractère bien trempé
On peut y trouver un abreuvoir, une fontaine, un lavoir ou encore un métier à ferrer. Le couderc est à distinguer du foirail, lieu de foire où sont vendus les bovins. Tous les villages n’en sont pas pourvus. On peut en trouver à Laguiole, Lacalm ou Nasbinals. Ces places participent de l’identité patrimoniale de ces villages, au même titre que la pierre noire dont ils sont bâtis. Appareillé en pierre de taille ou en moellons enduits, le basalte est une roche très dure, non gélive, qui bénéficie d’une bonne tenue dans le temps. Son défaut principal réside dans cette dureté qui le rend difficile à tailler.
Des fermes rudimentaires
À côté de ces villages et hameaux existe un habitat individuel également permanent, mais dispersé avec la présence de nombreuses fermes. Bâties avec les mêmes matériaux, les fermes sont constituées comme des unités autarciques, dans lesquelles hommes et animaux traversent ensemble les mois d’hiver. Les plus anciennes ne disposent que d’une entrée unique qui permet d’accéder à l’étable, puis à l’habitation. Au fil des siècles, cette ferme bloc à terre archaïque a connu des développements grâce, notamment, à la généralisation d’entrées indépendantes pour les hommes et les animaux. Ses volumes se développent en longueur : habitation, granges, étables sont placées bout à bout. Plus tard, la grange sera construite perpendiculaire à la maison d’habitation. On parle alors de fermes équerres. Les plus
grosses vont jusqu’à se développer autour de cours qui restent, cependant, toujours partiellement ouvertes.
Les burons
Enfin, dernière forme d’habitat traditionnel très présente en Aubrac, le buron correspond à un habitat temporaire, destiné à abriter les personnels d’estive et à la fabrication du fromage. On les trouve souvent adossés à une butte dans laquelle ils s’enterrent partiellement, pour disposer d’une cave fraîche. Du point de vue volumétrique, ce sont de simples cabanes aux dimensions relativement modestes, bâties en basalte, avec des pierres de granite pour les angles, les ouvertures et la cheminée, et couvertes en lauzes de schiste. Elles contiennent une grande salle commune où le fromage est fabriqué, une cave et, à l’étage, un grenier qui sert de chambre à coucher. Leur omniprésence dans le paysage contribue à forger le caractère, mais aussi le charme de ce dernier l
Épouser le paysage