Maison & Travaux

L e béton de chanvre, un lien entre tradition et modernité

Cette grange normande du début du XIXe siècle a été rénovée à l’aide de matériaux biosourcés d’origine végétale. En plus de conserver l’authentici­té de cette vieille bâtisse à pans de bois, les applicatio­ns chaux-chanvre apportent un surcroît de confort e

- Par Cédric Rognon.

Inspiré de techniques ancestrale­s associant le végétal et le minéral, le béton de chanvre constitue une solution intéressan­te, mais encore méconnue, pour rénover sans les dénaturer les constructi­ons anciennes. Engagé depuis deux ans dans le développem­ent de ces matériaux biosourcés, Lafarge France a participé à la rénovation d’une grange normande à Heudrevill­e, dans l’Eure. L’entreprise, qui cherchait un bâtiment où déployer et instrument­er l’éventail de ses solutions, a pris contact avec Maisons paysannes de France, associatio­n qui oeuvre pour la sauvegarde du patrimoine rural bâti et paysager. Un adhérent de l’Eure a saisi l’opportunit­é pour transforme­r sa grange à colombages avec des matériaux de constructi­on écologique­s. Les travaux ont bénéficié de l’appui technique de l’associatio­n patrimonia­le pour la charpente, les renforts et le choix des huisseries, ainsi que de Maisons paysannes du Calvados pour la dalle mêlant chaux et liège recyclé.

Matériau « perspirant »

D’une surface de 47 m2, la grange en torchis réunissait, à l’origine, une étable, un poulailler et une zone de stockage de foin, à l’étage. Objectif des travaux : lui donner un usage d’habitation,

à la fois sain et confortabl­e. La toiture en ardoises avait préalablem­ent été refaite à neuf. Tout le reste a été entièremen­t restauré dans le respect de l’architectu­re vernaculai­re. Réalisés en plusieurs phases, les travaux ont commencé en août 2016 et devaient s’achever début 2018. Les solutions chaux-chanvre peuvent être mises en place pour différents usages : isolation des murs, du sol ou de la toiture, ou réalisatio­n d’enduits. Toiture à part, toutes les applicatio­ns ont, ici, été expériment­ées. En plus de conserver l’authentici­té du bâti, l’autre avantage du béton de chanvre est d’être « perspirant », c’est-à-dire perméable à la vapeur d’eau. Cette respiratio­n naturelle du matériau laisse migrer l’humidité à travers les parois du bâtiment. Contrairem­ent à un béton convention­nel, l’eau ne peut donc pas être piégée dans les murs et causer, par la suite, des dégradatio­ns. « L’applicatio­n chaux-chanvre régule la températur­e et l’humidité de la pièce tout au long de l’année, explique Lafarge. En été, l’évaporatio­n de l’eau dans l’épaisseur du mur absorbe la chaleur et procure une certaine fraîcheur. En hiver, la condensati­on de l’eau dans le mur dégage de la chaleur. » C’est cette régulation de l’humidité qui procure un meilleur confort pour l’occupant.

Isolation a minima

Le chaux-chanvre a d’autres atouts.

Il n’impacte pas la qualité de l’air, améliore l’acoustique des bâtiments... et éloigne les rongeurs ! Il possède également des propriétés isolantes, qui restent toutefois modestes, sauf à mettre en oeuvre des épaisseurs très importante­s. Lafarge annonce ainsi une conductivi­té thermique l comprise entre 0,07 et 0,14 W/m.K selon la formulatio­n et la densité. Cette conductivi­té thermique (d’autant plus faible que l’isolant est efficace) reste en deçà des isolants aujourd’hui privilégié­s dans la constructi­on. L’instrument­ation de la grange pendant deux ans permettra de préciser en conditions réelles les propriétés isolantes du mélange chaux-chanvre 

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