Une longère métamorphosée
Grâce à la détermination de jeunes propriétaires qui n’ont pas peur de retrousser leurs manches, cette longère retrouve sa beauté originelle. Des deux anciennes bâtisses, Ludovic et Coralie ne gardent que les murs et revisitent entièrement les volumes pou
C’est à Plougar, une petite commune située dans le Finistère, d’à peine huit cents habitants, que Ludovic et Coralie décident de réaliser leur rêve : rénover un corps de ferme typiquement breton au coeur d’une vaste propriété. Ils tombent par hasard sur cette maison inhabitée au cours d’une balade un dimanche, et retrouvent le propriétaire avec l’aide des voisins. La longère est une maison rurale, d’ordinaire de plain-pied, dont le volume se développe dans l’axe de la faîtière. On distingue les façades avant et arrière, dites gouttereaux, car celle tournée vers le jardin est ouverte, tandis que l’autre est parfaitement fermée. Si les murs sont sains, le reste est à reprendre entièrement, et le couple, qui ne manque pas d’imagination, se lance dans l’aventure.
De A à Z
Puisqu’ils peuvent compter sur un soutien sans faille de leur entourage pour la réalisation des travaux, ils choisissent aussi de concevoir eux-mêmes l’ensemble de la restructuration. Aidés par le personnel
de la mairie, ils valident le permis de construire sans faire appel à un architecte ; ils ne dessinent pas de plans intérieurs, seules les modifications en façade et en toiture doivent être signalées. Leur projet promet de conserver l’aspect général de la bâtisse, de retrouver les matières d’origines, tout en démantelant les murs, planchers et cloisons intérieurs pour libérer un volume à réorganiser totalement. Ils commencent ainsi par réparer la toiture de la maison : les ardoises de montagne sont remplacées par des nouvelles, plus contemporaines. Dans le même temps, une petite extension est démolie ; elle n’a plus sa place dans la composition d’ensemble et les surfaces de la longère et de la crèche suffisent amplement. Ils réalisent ensuite un véritable
Matières et couleurs s’accordent pour donner à chaque pièce son ambiance
curetage, la cheminée qui se trouve entre les deux bâtiments est détruite et le mur porteur sur lequel elle s’appuyait est ouvert. Le plancher des combles, puis celui du premier étage sont déposés et refaits à neuf, tout comme la toiture et la charpente de l’étable. Les linteaux de béton sont remplacés par des monolithes de pierre, pour une façade plus authentique. Ludovic est conducteur d’engins sur les chantiers, il n’hésite pas à faire entrer la minipelle à l’intérieur de la maison pour casser la dalle. Dans la crèche, les pavés sont déposés. Une fois les réseaux installés, une nouvelle dalle est coulée ; elle est isolée grâce à des panneaux de polyuréthane ( TMS). À l’extérieur, la pierre est sablée pour ôter les résidus de béton. Des fenêtres aluminium double vitrage sont posées, gris anthracite dehors et blanc dedans. Entre-temps, un mérule est détecté : les murs sont grattés et brûlés pour détruire le champignon. De la chaux est projetée sur leur face intérieure pour éviter l’effritement, puis ils sont isolés avec une laine de verre (120 mm) et doublés en plaques de plâtre. Il ne reste plus
Les couleurs sombres soulignent la hauteur des volumes
qu’à distribuer les nouvelles pièces et à réaliser les travaux d’électricité et de plomberie.
Le confort qu’apporte l’épaisseur des murs est indéniable
Le bois et la rouille
Dans le corps principal de la maison, l’escalier en colimaçon en chêne et acier donne le ton. L’aspect rouillé de sa structure est obtenu après plusieurs mois d’exposition à l’extérieur ; la rouille est fixée avec un stabilisateur déposé au chiffon. Cet accord entre les matières est très présent au rez- de- chaussée : le métal peint en noir, la rouille et le bois sont distillés çà et là, sur un meuble, un luminaire, un objet, etc. La cuisine et le séjour sont répartis de part et d’autre de l’ancienne cheminée. Le mur mitoyen entre les deux bâtisses forme désormais une paroi épaisse, comme un passage d’une pièce de jour à l’autre. Peint en gris, le pignon accentue l’effet de hauteur, souligné de surcroît par la colonne du poêle à bois. Les anciennes portes de la crèche sont remplacées par des fenêtres et une baie vitrée coulissante ; elles multiplient les points de vue sur le jardin. Doublées de Velux en toiture, elles modernisent la façade et plongent le salon dans la lumière l