Les isolants biosourcés
À la recherche de solutions naturelles pour isoler votre maison ? Les isolants biosourcés sont faits pour vous. Fibre de bois, ouate de cellulose, coton recyclé, liège... sont quelques-uns des produits disponibles pour rester bien au chaud en hiver.
Laines de verre et laines de roche, fabriquées à partir de matières minérales et recyclées, sont les isolants les plus utilisés sur le marché français. Suivent les polystyrènes, sous forme de mousse alvéolaire issue de la transformation d’un sous-produit pétrolier. Ces isolants minéraux et synthétiques totalisent environ 90 % des ventes. Une troisième voie, plus vertueuse, est celle des isolants biosourcés. Ce marché de niche, représentant moins d’un isolant vendu sur dix, est en constante progression. Dans les années à venir, il devrait prendre de l’ampleur grâce à la future réglementation environnementale dans le neuf. À juste titre, car ces isolants d’origine végétale ou animale, donc largement produits à partir de ressources renouvelables, inscrivent le bâtiment dans une démarche de développement durable. Les enseignes nationales, des négoces généralistes, jusqu’aux grandes surfaces de bricolage ne s’y trompent pas et accordent de plus en plus de place à ces produits naturels dans leurs rayons.
Du bois au coton recyclé
Les isolants biosourcés recouvrent une large gamme de produits et applications. Le bois figure en tête des matériaux les plus utilisés. Obtenues à partir de résidus de l’industrie du bois, les fibres de bois sont commercialisées sous forme de panneaux semi- rigides pour des
usages traditionnels en isolation par l’intérieur (murs, combles aménagés et plancher), ou sous forme de panneaux rigides comme support d’enduits pour l’isolation thermique par l’extérieur et le sarking. Plus rarement, elles peuvent aussi être conditionnées en vrac, notamment pour l’isolation des combles perdus. Autre isolant biosourcé, la ouate de cellulose est obtenue à partir de papiers recyclés. On se la procure en panneaux semi-rigides ou en vrac, avec trois types d’applications possibles : insufflation, soufflage et projection humide. En vrac, cet isolant est principalement soufflé en combles perdus. On trouve sur le marché de nombreux autres isolants semi-rigides en panneaux ou rouleaux. Parmi les plus utilisés, et adaptés aux mêmes usages que les laines minérales figurent le coton recyclé, les fibres de chanvre et les laines de mouton. D’autres sont plus confidentiels, comme les fibres de lin, la plume de canard, le liège expansé... Il existe même des produits mixtes qui combinent deux matières premières différentes (fibre de laine avec laine de chanvre, par exemple), voire un isolant biosourcé et un isolant minéral ou synthétique ( fibre de bois associée, pour son excellente conductivité thermique, avec du polyuréthane chez Soprema, par exemple).
Mixez les isolants, c’est encore mieux
La question des additifs
La plupart de ces isolants sont produits en France à partir de matières premières locales, valorisées de l’agriculture ou de l’industrie du bois, voire du recyclage des textiles. Ils sont peu transformés, ce qui participe à leur excellent bilan carbone. La société Karibati dénombre une douzaine de fabricants. Il existe, bien sûr, quelques exceptions, dont le liège qui provient
principalement du Portugal et doit être transporté sur de plus longues distances. Mais qui dit isolant biosourcé ne dit pas pour autant isolant 100 % naturel. En effet, la plupart intègrent en faible quantité des additifs chimiques. Il peut s’agir de liants d’origine pétrosourcée ou d’adjuvants ignifugeants ou antifongiques qui ne sont pas, eux-mêmes, biosourcés. Un cas emblématique : celui de la ouate de cellulose qui contient des sels de bore, utilisés en traitement ignifugeant et dont l’usage est réglementé au niveau européen. Les fabricants cherchent depuis plusieurs années à les remplacer, sans succès pour le moment. Il y a quelques années, leur tentative de substitution par des sels d’ammonium avait fait grand bruit, car elle avait donné lieu à de forts dégagements d’ammoniac dans plus d’une centaine d’habitations. Depuis, tous sont revenus aux sels de bore et poursuivent leurs travaux pour trouver d’autres solutions alternatives entièrement naturelles. Dans ce domaine des liants et adjuvants, et comme une jolie pirouette, la voie à suivre pourrait d’ailleurs venir des fabricants d’isolants plus traditionnels, comme Knauf Insulation par exemple, dont la laine de verre utilise un liant... 100 % naturel à base d’amidon de pomme de terre. À noter tout de même, pour ceux qui souhaiteraient dès à présent un isolant biosourcé 100 % naturel, qu’il existe déjà sur le marché une offre de produits biosourcés sans liant, dont certains isolants en fibre de bois ou en liège et, bien sûr, tous les isolants en vrac. On trouve également certains isolants sans adjuvant ou avec des adjuvants très faiblement émetteurs en COV (un des polluants de la qualité de l’air intérieur).
Déphasage et hygrothermie
Outre leur bénéfice écologique, notamment lié au stockage du carbone et à la préservation des ressources
Gare au nocif
naturelles, les isolants biosourcés présentent d’autres atouts par rapport aux traditionnels. Le déphasage thermique, qui définit le temps mis par la chaleur pour traverser un matériau, en est un. Celui-ci est globalement meilleur que pour les isolants classiques et permet de décaler au coeur de la nuit la pénétration de la chaleur dans le logement. Le confort d’été s’en trouve ainsi sensiblement amélioré. Un autre atout des isolants biosourcés est leur capacité hygrothermique, c’est-àdire à réguler la température et l’humidité. En absorbant ou dégageant de la vapeur d’eau, ces matériaux améliorent ainsi le confort et le ressenti pour les occupants. Cette bonne gestion de l’hygrométrie est très importante dans l’existant, notamment dans le bâti ancien en pierre ou en terre crue, où il faut maintenir les capacités des parois à réguler et évacuer l’humidité. Contrairement aux isolants synthétiques, totalement imperméables à la vapeur d’eau, l’utilisation d’un isolant biosourcé ne risque pas de piéger l’eau dans les murs. On peut aussi noter les bonnes qualités acoustiques de ces isolants, notamment la ouate de cellulose et le coton recyclé, et leur confort de pose, notamment par rapport à la traditionnelle, mais irritante laine de verre.
Des freins malgré tout
Les isolants biosourcés ont bien entendu leurs limites. D’abord, ils sont moins performants du point de vue thermique que les isolants minéraux et synthétiques. Leur conductivité thermique (d’autant plus faible que le produit est un bon isolant thermique) est comprise en moyenne entre 0,36 et 0,040 W/m. K pour les isolants biosourcés semi-rigides à base de fibre végétale ( bois, chanvre, coton recyclé...) et entre 0,040 et 0,042 W/m. K pour les isolants rigides à base de fibre de bois ; là où la laine de verre affiche communément une valeur de 0,032 W/m. K, et le polyuréthane, encore plus performant, une valeur de 0,022 W/m. K. À performances égales, il faut donc prévoir une épaisseur de doublage plus importante qu’avec un isolant conventionnel ; ce qui, en isolation par l’intérieur notamment, impose de réduire davantage la surface habitable. Leur coût est aussi globalement plus élevé (de l’ordre de 5 à 10 %) que les isolants traditionnels. Seule exception, la ouate de cellulose qui est fournie posée, au même niveau de prix que les solutions concurrentes. Mais ces coûts baissent d’année en année pour se rapprocher des solutions traditionnelles ●
Confort de pose pour les isolants biosourcés