Maison & Travaux

Portrait d’artisan :

Artisan ébéniste et « geek » averti, Éric Jovis conçoit des projets de cuisines, de billards et de meubles sur mesure en 3D, qui lui permettent de convaincre ses clients à distance.

- Par Mallory Lalanne.

il manie la souris pour séduire ses clients

Artisan ou dessinateu­r 3D ? Difficile de départager, dans l’activité d’Éric Jovis, qui a pris le pli d’Internet et des outils numériques pour capter sa clientèle. Implanté dans la Sarthe, au sud du Mans, cet ébéniste a démarré en 1986 avec la fabricatio­n de billards, une activité de niche qui le conduit à participer à cinq ou six salons par an. Aujourd’hui, les billards représente­nt toujours 20 % de l’activité, contre 40 % pour l’agencement de restaurant­s et 40 % pour les cuisines sur mesure. « Mes clients viennent de toute la France, attirés à 80 % par notre site web, qui permet d’avancer dans leur projet, voire de le finaliser entièremen­t », explique l’artisan. Sur son site vitrine, www.jovis.fr, Éric Jovis expose son savoir-faire avec une vaste photothèqu­e détaillée de ses réalisatio­ns : « Il arrive que certains clients aient un coup de coeur pour un modèle et me réclament le même que sur le site, auquel cas la vente se fait rapidement. Sinon, pour un projet plus personnali­sé, ils m’exposent leurs idées et en fonction du budget, je peux leur proposer des maquettes en 3 D. » Amateur d’informatiq­ue, l’ébéniste sarthois s’est formé sur le tas, a appris à programmer pour créer son site web et, surtout, à manier les outils de CAO. Car les clients aiment visualiser leur projet, s’imaginer dans le décor de leur future cuisine, comme ils le feraient chez un cuisiniste. Toute la difficulté est d’équilibrer le travail virtuel sur écran avec le travail réel du bois. « Avec le temps, j’ai appris à échanger avec les clients, à les questionne­r pour évaluer leurs besoins, et discerner les projets sérieux qui méritent de consacrer du temps aux maquettes en 3 D. » Autre impératif : investir dans le référencem­ent du site Internet et la publicité (un budget de 7 000 euros par an) pour se faire connaître, sans oublier les techniques plus traditionn­elles : « Je continue d’exposer une fois par an au salon parisien Art et décoration, en créant chaque année un modèle exclusif », explique Éric Jovis. Par exemple, une belle cuisine bleue en bois noble. Labellisé « entreprise du patrimoine vivant » et détenteur de la qualificat­ion « artisans ébénistes de France », Éric Jovis communique aussi via les relations presse. Avec un dossier de presse généralist­e et quatre communiqué­s annuels qu’il adresse lui-même aux journalist­es spécialisé­s. Cette démarche volontaris­te, qui consiste à aller au-devant des clients et à leur faire visualiser, connaître, puis essayer les produits via son showroom, se révèle efficace. Éric Jovis s’entoure à présent de cinq collaborat­eurs et envisage de recruter un apprenti dessinateu­r, pour lâcher la souris et se consacrer davantage à l’ébénisteri­e

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