Extensions béton !
À Saint-Gildas-de-Rhuys, ce couple sensible à l’architecture contemporaine a confié la rénovation d’une ancienne dépendance de maison de maître à Vivien Seevagen et Anaëlle Madec, de Norzh Studio. Les bâtisses d’origine et leurs étroites extensions se succèdent dans un jeu de pentes multiples, qui fait de leur distribution tout en longueur un véritable atout.
Située à quelques minutes de la plage et tout près du centreville, la maison à rénover profite d’un emplacement d’exception qui convainc immédiatement ses futurs propriétaires. Elle se trouve sur une longue parcelle, issue du lotissement d’une grande propriété, et se compose de deux bâtisses principales reliées par une extension de plain-pied, et d’ateliers en appentis, réalisés en autoconstruction. Les architectes suggèrent de tout rénover sans démolir, pour préserver l’emprise existante. Une grande circulation traversant l’ensemble des volumes conservés se chargera de tout unifier. Même s’il est impossible de pousser les murs, ils parviennent à aménager une suite parentale et sa salle d’eau, trois chambres d’enfants, dont l’une se trouve plus à l’écart pour plus d’autonomie, une salle de bains, un bureau, une cuisine spacieuse et un grand séjour. Un salon extérieur, placé au bout de la seconde extension, permet de profiter des soirs d’été à l’abri du vent.
Prendre de la hauteur
À l’extrémité de la parcelle, une première maison ; son rez-de-chaussée constitue l’entrée principale. Un vestibule distribue deux chambres superposées : l’une est réservée aux parents, l’autre à l’aînée
de la fratrie. Ensuite, un long couloir appelle à rejoindre le coeur de l’habitation. Il est ponctué par des portes coulissantes en bois, derrière lesquelles se trouvent les deux autres chambres, aménagées de manière parfaitement identique. Une seconde maison, débarrassée de son plafond et positionnée au centre de la composition, articule les pièces de jour. La cuisine circulante, presque une seconde entrée, profite d’un volume dégagé de ses combles et de vues sur le jardin. On y pressent la volumétrie singulière du séjour, qui s’inscrit dans la continuité de la série de doubles pentes préexistantes aux travaux de rénovation. Sa sous-face en dents de scie est habillée de planches de pin, dont le sens de pose souligne les inclinaisons. Couvrant le séjour, le dernier pan de toiture culmine à 4,10 m, permettant ainsi de compenser l’absence de largeur. La fenêtre ouverte dans cette grande hauteur laisse entrevoir l’arbre du jardin dans son ensemble, comme pour le faire entrer dans la pièce.
Du béton pour du bois
Durant la phase de conception, les architectes proposent plusieurs esquisses, dont une version très contemporaine,
Le séjour s’épanouit sous un jeu de pentes multiples
La couleur bleue prend ses aises
ce sera celle retenue par les propriétaires. L’un d’eux est petit-fils d’architecte, c’est peut-être la raison d’une certaine sensibilité aux formes et aux matières, mais surtout ce qui explique la richesse et la justesse de leurs échanges avec Anaëlle et Vivien. C’est grâce à cette confiance que ce projet audacieux voit le jour. Le règlement d’urbanisme est clair : il n’autorise pas n’importe quelle façade, et la construction doit revêtir du bois ou un matériau qui aurait l’aspect du bois. Les architectes prennent l’article au mot et réalisent un béton brut planchettes. Coulé en place, il a bien l’aspect du bois, car les banches qui ont servi à son coffrage ont laissé les marques du bois, avec leurs noeuds et leurs défauts. La rénovation atteint les critères de la RT 2012. Contraints par la largeur de la construction d’origine, les architectes prescrivent des améliorations lorsqu’elles sont possibles, mais ne peuvent pas perdre plus de surface en épaississant les murs. L’extension et son béton effet bois dialoguent avec la pierre de la clôture du jardin, leurs deux matériaux se patineront ensemble, côte à côte