Serres made in France
Rares sont les entreprises européennes qui peuvent fournir ce genre de créations de haute qualité : des serres à l’ancienne, en verre et acier, sur le modèle de celles que l’Angleterre victorienne ou le Second Empire avaient érigées en modèles artistiques.
Lorsqu’il est sorti de ses trois années d’études à l’École nationale supérieure des Arts et Métiers, Christophe Bossuat n’imaginait pas quitter Paris, ville dont il est originaire. Le voici pourtant dirigeant d’une entreprise de 17 salariés, perdue en pleine campagne entre Blois et Le Mans. « C’est la cambrousse ! Ça me change, mais j’ai choisi de m’adapter au métier que j’aime. » Lui qui voulait travailler le métal a été séduit par les créations de cette société, fondée dans les années 1960 et installée depuis 1992 dans ce coin du Loir-et-Cher. « Je me suis penché sur le panel d’entreprises à reprendre et qui s’offrait à moi. Il m’est apparu évident que j’avais autant envie d’être artiste que chef d’entreprise, avoue-t- il. La métallurgie artisanale, ça peut être tout aussi bien la fabrication de pièces pour l’industrie auto, or moi, je voulais créer non seulement de l’utile, mais aussi du beau. » Avec Serres et ferronneries d’antan, il a trouvé son terrain d’expression : « Il arrive que nos clients nous contactent avec déjà en tête un plan de ce qu’ils veulent faire, voire un dessin d’architecte finalisé. Mais certains nous donnent uniquement la surface qu’ils désirent, et attendent d’être séduits par nos propositions. On est alors vraiment dans l’invention pure. »
Depuis les châteaux italiens jusqu’aux berges de la Seine
La société a réussi à s’imposer comme l’un des acteurs principaux de son secteur : « Nous travaillons en France et dans tous les pays limitrophes, ainsi qu’aux États-Unis : c’est moi qui ai développé la partie américaine, mais mon prédécesseur s’était déjà bien implanté en Europe. Les plus petites réalisations tournent autour de 10 000 euros, mais il arrive fréquemment que nous fournissions des projets atteignant le demi-million d’euros, pour de très belles propriétés dont les châtelains désirent des serres à la fois pour la botanique et pour organiser des réceptions. » Les clients sont majoritairement des particuliers, mais il arrive aussi que des collectivités fassent appel à l’entreprise : « Nous avons équipé, à Paris, le Musée de la vie romantique dans le IXe arrondissement, ou les barges de l’île aux Oiseaux, amarrées rive gauche, près du pont d’Iéna. Ou encore de magnifiques bureaux de style industriel, à Milan, qui souhaitaient des espaces de réunion en verre antibruit. »
« Notre savoir-faire est rare : on vient donc nous chercher de loin. » Cela pose même un problème de recrutement : « Comme chacun sait, les métiers manuels ont été délaissés en France. Or, j’emploie des serruriers, des forgerons, des vitriers… Qui, en plus, doivent être inventifs pour monter ces immenses Meccanos. Par ailleurs, je cherche toujours des métalliers et des poseurs. » L’entreprise a été plusieurs fois distinguée : elle a reçu un Trophée du bâtiment en 2014, catégorie artisanat et restauration, pour une serre du jardin des Plantes de la ville de Nantes. Elle est classée « Entreprise du patrimoine vivant » depuis 2008 •