Maisons Normandie

La mémoire des pierres au coeur des jardins

AU COEUR DES JARDINS

- Reportage : M.a.benjamin - Photos : D.R.

Monument historique (XIIIE-XVIIIE siècles), le Prieuré Saint-michel offre sept bâtiments d'époque restaurés dans un environnem­ent d'exception. L'équilibre des volumes entre les espaces fleuris, les pièces d'eau et les édifices en font un lieu harmonieux à l'échelle humaine. Abritant des chambres et maisons d'hôtes, il est ouvert aux visites à la belle saison et comblera les amateurs de

jardins et de patrimoine.

L'un des recoins buissonneu­x de la cour claustrale en bordure de la grange et du pressoir. Dans le fond, on distingue le clocher de la chapelle édifiée à la fin du XIIIE siècle, et inscrite à l'inventaire supplément­aire des monuments historique­s. Le clocher, recouvert en bardeau, dispose encore de sa cloche.

Fondé au Xe siècle, sur des terres données par un seigneur local, le sieur Gautier, à l'abbaye de Jumièges, le prieuré contribua à la mise en valeur d'une région jusque-là inculte, couverte de forêts de chênes. Il est bâti à mi pente du versant ouest d'une petite vallée, non loin d'une source captée par les moines pour alimenter le prieuré. En 1267, l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud, en visite pastorale, est reçu par deux moines et note un revenu annuel de 140 livres qui fait de Crouptes (ancien nom de Crouttes) un prieuré financière­ment aisé mais dont les bâtiments sont en piteux état. C'est probableme­nt à partir de cette époque que furent construits, vers la fin du XIIIE siècle, la chapelle, la grange dîmière et le mur d'enceinte. A la fin du XVIE siècle, le domaine s'étendait sur près de 860 ha et le prieur n'y résidait plus, l'administra­tion étant confiée à un receveur, sorte de métayer laïque au service de l'abbaye. Sous la Révolution, le receveur acquit le domaine mis en vente comme bien national. Il resta dans les mains de la même famille jusque dans les années 1980.

La grange dîmière. Les portes du mur gouttereau, face à l'entrée, ne datent que du XIXE siècle. La grange fut alors compartime­ntée en trois parties : une étable, une grange à paille et une cave.

Cette propriété, dont l'étendue et la diversité des espaces bâtis et arborés, est difficile à saisir au premier abord, s'ordonne autour de la cour claustrale qui abrite le «Bassin des Nymphéas», une pièce d'eau, profonde qui présente des nymphéas, pontédéria­s, orontiums et dont les bords sont plantés de diverses plantes aquatiques. Les espaces fleuris fournissen­t maintes occasions de s'émerveille­r, notamment en empruntant l'allée de tilleuls qui sépare en deux parties les jardins créés à partir de 1985. Face au jardin des simples ou plantes médicinale­s, la roseraie est située dans un double écrin de charmille et d'ifs. Diverses variétés dont des roses rouges, mises en valeur par des buissons de berbéris, contribuen­t à son éclat et à sa beauté. Elle recèle des bassins d'où l'eau coule en cascade pour traverser, en contre-bas, le jardin des iris et le jardin sauvage qui se déploie autour d'une pièce d'eau entourée de saules nains, d'hémérocall­es et de pétasites aux grandes feuilles rondes. Deux grands saules pleureurs apportent l'ombre que demandent ces plantes et un aulne impérial, dont les fines feuilles profondéme­nt lobées contrasten­t avec le feuillage vert-jaune d'un tulipier, complète la structure verticale du bord du bassin. Toujours en suivant l'allée de tilleuls, entre le théâtre de charmille et le verger, des plantes de sous-bois s'abritent sous les saules, les tilleuls et les érables japonais : hostas, euphorbes, sceaux de Salomon, géraniums vivaces, coeurs de Marie et digitales qui se ressèment en toute liberté.

Au coeur de la propriété, dans la cour claustrale, se trouve le logis prieural. En face, l'ancien pressoir à cidre date du XVE siècle.il témoigne de l'importance des reconstruc­tions ayant suivi la Guerre de Cent Ans dans cette partie de la Normandie où domine alors l'usage du pan de bois. A droite du logis, un peu en retrait, la chapelle du XIIIE siècle, l'ancien four à pain et la boulangeri­e du XVIIIE siècle. L'un des bâtiments les plus remarquabl­es est la grange aux dîmes qui retient l'attention à divers titres. Sa charpente en chêne, recouverte de tuiles plates, repose sur deux séries de piliers posés sur des socles en pierre, dessinant une grande nef à sept travées et deux bas-côtés. Ses dimensions, trente mètres de long, quatorze de large et quinze de haut attestent de l'importance de la dîme qui y était stockée. Les deux entrées charretièr­es qui se font face, permettaie­nt aux charrettes d'entrer et de sortir à la file, sans se croiser, évitant les manoeuvres difficiles à l'intérieur de la grange.

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Le Prieuré Saint-michel.
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Le logis prieural, un édifice à deux étages construit en pierre de roussier, grès ferrugineu­x. On remarque l'ordonnance­ment harmonieux des baies et des lucarnes qui participe grandement à la qualité de son architectu­re.
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Derrière le mur d'enceinte, un aperçu de la plantureus­e campagne ornaise.

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