L'AMOUR DES MAISONS ANCIENNES
Cette très belle maison restaurée par un esthète féru de maisons traditionnelles trône au milieu des vertes prairies de la baie des Veys à un jet de pierre d'isigny. Alliant la quête effrénée de l'authentique à un art de vivre raffiné et subtil, les maîtres des lieux ont transformé cette modeste demeure rurale en un temple du bon goût cosmopolite.
Lorsque Ben, citoyen britannique débarqué en Normandie découvre cette dépendance de la grande ferme voisine, il tombe immédiatement sous le charme. La demeure du XIXE siècle a besoin d'un grand rafraichissement, mais pour cet esthète et son épouse grands défenseurs du patrimoine, il n'est pas question de défigurer le bâti au nom du confort. Pour lui, lorsqu'une maison a survécu deux siècles, il est quasiment criminel d'en faire disparaître les matériaux d'origine au profit de substituts, qui en ruineraient à jamais le charme. La façade majestueuse en pierre de Caen capte la lumière avec élégance. Discrète et chaleureuse, elle rompt avec la symétrie classique laissant deviner de vastes espaces intérieurs. La porte centrale coiffée d'une marquise n'avait pu être restaurée, un menuisier local a réussi la gageure de la reproduire à l'identique, seule l'imposte qui la surmonte a pu être conservée.
Ne pas défigurer le bâti au nom du confort
Les murs avaient besoin d'être isolés, il n'était donc pas question de plaques de plâtre. C'est la méthode ancestrale qui se devait d'être employée. Avec une première couche de chaux de cinq centimètres et une seconde couche de finition de chaux et sable de cinq millimètres les murs sont parfaitement protégés et présentent un magnifique aspect tout en nuances chaudes. Ce procédé offre l'avantage d'une isolation thermique optimale et surtout une protection contre l'humidité naturelle très efficace. Plus préoccupant encore que les murs, l'état du sol était catastrophique. Jadis maltraité et comblé par un béton fissuré, il ne pouvait être conservé en l'état. Après de studieuses recherches le propriétaire opta pour du travertin, rappelant la pierre locale. Par un astucieux dispositif, un chauffage au sol a été conçu sous ces dalles de 14 millimètres conférant une température idéale sans sacrifier à l'esthétique. Au salon, dont les poutres en orme sablé ont gardé le lien avec l'histoire, la décoration rappelle les racines britanniques de Ben. Le goût du partage de bons moments au coin du feu dans de confortables canapés aux tissus fleuris entouré de meubles d'époque répond à la définition du style Shabby chic, furieusement tendance aujourd'hui. La cheminée du salon était grossière et massive et se devait d'être remplacée. C'est dans la Creuse que Ben est allé dénicher cet élégant âtre en pierre blanche. Parfaitement conforme au style local, la cheminée distille sa chaleur et son élégance en osmose avec la maison.
Les murs de l'escalier central aux marches patinées par les pas ont été patiemment débarrassés de leur enduit et les joints refaits par Ben, qui livra alors quelques combats aux lois de l'équilibre ! Plusieurs grandes chambres se partagent l'espace à l'étage, dans la partie noble qui devait être occupée par les maîtres, une antichambre servant de bureau est ornée d'un papier peint Farrow & Ball aux motifs de glycines. Une pièce centrale à dû être divisée en deux pour en faire un dressing attenant à la chambre principale et pour créer une salle de bain d'autre part. Cette modeste concession à la modernité a alors du être consentie par Ben. Lors de son acquisition, la maison était dotée d'un chauffage central, mais était totalement dépourvue de sanitaires ! Destinée à défier le temps la solide bâtisse pourra encore longtemps veiller sur les prairies qui la bordent et traverser les époques et les modes avec modestie et charme so british.
Prendre de la hauteur