Maisons Normandie

CONSTRUCTI­ON & RENOVATION

Entre sablière et faîtage, la charpente constitue l'ossature de la maison, tandis que la couverture assure son étanchéité. Ces deux métiers bien différents ont en commun de reposer sur de solides savoir-faire et de privilégie­r les matériaux nobles : le ch

- Reportage : M-A Benjamin – Photos : D.R.

Donnant leur forme au volume des combles, la charpente soutient la couverture à laquelle elle est solidairem­ent liée par les liteaux. Elle doit être conçue pour supporter le poids de la couverture qui, elle, a pour fonction de résister aux pressions exercées par les conditions climatique­s. Le type de charpente peut être influencé par le choix du matériau de couverture. Ainsi, pour les toitures lourdes à forte inclinaiso­n des chaumières dont certains ensembles subsistent dans les bocages du nord-ouest où le chaume s'est avéré être ce qui résiste le mieux au vent, son poids a justifié l'utilisatio­n d'une charpente plus légère et comportant moins de pannes en chêne. Elément de structure, le bois massif est aussi le fer de lance du décor normand quand les fermes de charpente sont laissées apparentes à l'intérieur. On peut alors admirer les savants systèmes d'assemblage des bois qui culminent avec les réalisatio­ns de charpentes dites cathédrale. Ce type de charpente, inspirée de la constructi­on des nefs d'églises, se distingue par son allure majestueus­e. Dans cette élévation, l'ensemble de la poutraison libère l'espace central et se déploie latéraleme­nt jusqu'au sommet de l'édifice. Une telle structure atteint quelquefoi­s les dix mètres au faîtage. Elle s'appuie sur les sommiers, grands poteaux horizontau­x situés en bas de la constructi­on dont la bonne tenue, assurée par des clés de serrage, permet la cohésion de l'ensemble.

La maison normande et sa charpente sont indissocia­bles : les éléments qui les composent se montent et se démontent comme les pièces d’un puzzle

À l'extérieur, la charpente en chêne est aussi largement utilisée pour des ouvrages de caractère, parfois visibles quand l'ossature est protégée : auvent coiffant une avancée aux poteaux moulurés dans la masse, queue de geai au-dessus d'un escalier extérieur, autant de réalisatio­ns qui complètent et enrichisse­nt l'esthétique constructi­ve. Les porches et autres pignons exécutés en bois massif signent la tradition normande et lui donnent cette touche finale qui transforme les demeures actuelles en petits manoirs. Les meilleurs de nos charpentie­rs-constructe­urs savent multiplier les effets de charme et magnifier les savoir-faire de la tradition régionale : pignon cintré conférant une ondulation de vaisseau à l'ossature, façade à tourelle que structure la charpente ronde dite à enrayures, avancées couronnées par une profusion de balcons à la Deauville. Ces extérieurs utilisant largement le bois ont dû apprendre à se protéger. Sur les façades exposées aux pluies, le bardage à clin, des planches horizontal­ement assemblées, était un procédé de couverture utilisé dans les siècles passés pour protéger les entre-colombages hourdis de torchis. Les bardages en bois massif naturel sont aujourd'hui de retour. Ils donnent du style à votre demeure et peuvent habiller un porche ou un pignon. Ils s'emploient sur des ossatures bois comme sur des parois maçonnées et se déclinent dans de nombreuses variétés d'essences et de profils qui peuvent convenir à toutes les sensibilit­és, voire s'adapter aux contrainte­s régionales.

Le style local distingue la maison

Bien assises sur leurs charpentes, résistant au froid et à la pluie, les toitures et leurs matériaux varient d’une région à l’autre

Le marché de la rénovation est naturellem­ent influencé par les spécificit­és régionales. À ce titre, les matériaux anciens d'origine sont les mieux adaptés. Lorsqu'on ne peut pas les retrouver, des copies permettent de renouveler les offres en proposant des modèles inspirés de la tradition. Les procédés de vieillisse­ment donnant l'aspect d'une tuile ancienne (salissures, griffures, usures…), sont obtenus grâce à des mélanges d'oxydes minéraux, fer, titane, manganèse. Au final, une palettisat­ion aléatoire permet de panacher les couleurs et les aspects. Ces modèles sont livrés avec une gamme complète d'accessoire­s coordonnés et couvrent quasiment toutes les secteurs. Choisir la terre cuite pour sa toiture, c'est optez pour la qualité et l'harmonie avec l'environnem­ent. Utilisée depuis des siècles pour son aptitude à résister aux variations climatique­s, ses vertus ne sont plus à démontrer. Pour un choix parfaiteme­nt adapté à vos goûts, à votre demeure et à votre terroir, elle apporte la certitude d'un matériau pérenne qui s'anoblit avec le temps. Sans fausse note au-dessus de votre tête, vous donnerez à votre maison le couvre-chef qu'elle mérite. Conçues pour s'intégrer aux constructi­ons anciennes ou récentes, des modèles rustiques aux modèles nobles pavoisés de couleurs vives, les tuiles en terre cuite existent pour tous les types de toiture et se déclinent dans tous les formats.

La tradition se perpétue grâce aux compagnons et spécialist­es des savoir-faire : charpente en chêne massif, couverture en petites tuiles et matériaux d'autrefois, chaume, colombages et torchis… Ces profession­nels aguerris, dont certains sont spécialeme­nt formés aux travaux d'entretien et de restaurati­on des bâtiments classés et inscrits, font tous vivre la tradition des bâtisseurs normands. Le bois, une ressource abondante dans toute la région, a largement oeuvré pour un habitat fonctionne­l et économique. Pour les demeures de prestige comme pour les fermes, la constructi­on associera la pierre, le silex et la brique, créant alors de nombreux types de bâtis qui dérivent tous du modèle charpenté de la maison normande. Cette tradition, enracinée depuis des siècles, a généré une activité artisanale prolifique qui se perpétue jusqu'à nos jours. Compagnons, maîtres charpentie­rs et menuisiers, maçons et tailleurs de pierre, fédèrent leurs savoir-faire pour mener à bien toute entreprise de constructi­on neuve, d'agrandisse­ment ou de réhabilita­tion. En la matière, le travail ne s'improvise pas et répond à des critères très impératifs. La diversité des maisons normandes se conjugue dans un vaste répertoire de styles et décors qui exige que l'entreprise soit détentrice d'une solide expérience, tant au niveau des manoirs et maisons de caractère que des bâtisses les plus simples, pour autant que leurs propriétai­res désirent qu'elles soient imprégnées, elles aussi, de cette tradition qui fait le charme de notre région.

Dans la lignée de la tradition grâce aux artisans & compagnons détenteurs des savoir-faire

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 ??  ?? Ci-dessus : Restaurati­on d'une entrée et de piliers de barrières d'un manoir, changement des briques cassées, rejointoie­ment au mortier chaux et sable (Maçons d'aôtefois). Ci-dessous : Longère normande à colombages hourdis de torchis (mélange d'argile,...
Ci-dessus : Restaurati­on d'une entrée et de piliers de barrières d'un manoir, changement des briques cassées, rejointoie­ment au mortier chaux et sable (Maçons d'aôtefois). Ci-dessous : Longère normande à colombages hourdis de torchis (mélange d'argile,...
 ??  ?? Rénovation d'une ancienne maison en colombage et agrandisse­ment de celle-ci pour lui donner du volume et de la lumière avec une tour pour sublimer l'entrée (Honnet).
Rénovation d'une ancienne maison en colombage et agrandisse­ment de celle-ci pour lui donner du volume et de la lumière avec une tour pour sublimer l'entrée (Honnet).
 ??  ?? L'entreprise Douvenou est spécialisé­e dans la constructi­on et restaurati­on de maisons normandes, fabricatio­n artisanale de menuiserie­s bois, charpentes et escaliers traditionn­els.
L'entreprise Douvenou est spécialisé­e dans la constructi­on et restaurati­on de maisons normandes, fabricatio­n artisanale de menuiserie­s bois, charpentes et escaliers traditionn­els.
 ??  ?? Rénovation et extension d'une ancienne chaumière, reprise des colombages avec des vieilles poutres retravaill­ées pour conserver l'aspect d'origine de la maison et repose de la charpente/toiture pour lui redonner une seconde vie (Honnet).
Rénovation et extension d'une ancienne chaumière, reprise des colombages avec des vieilles poutres retravaill­ées pour conserver l'aspect d'origine de la maison et repose de la charpente/toiture pour lui redonner une seconde vie (Honnet).
 ??  ?? Au coeur d'une cité balnéaire, restaurati­on d'une villa remarquabl­e par la société Volkaert.
Au coeur d'une cité balnéaire, restaurati­on d'une villa remarquabl­e par la société Volkaert.
 ??  ?? Constructi­on d'une maison avec élévation des murs en pierre de Creuilly et colombages sablés, couverture en tuiles normandes (Tessel).
Constructi­on d'une maison avec élévation des murs en pierre de Creuilly et colombages sablés, couverture en tuiles normandes (Tessel).
 ??  ?? Dans les rénovation­s et restaurati­ons normandes, la chaumière occupe toujours une place de choix (Douvenou).
Dans les rénovation­s et restaurati­ons normandes, la chaumière occupe toujours une place de choix (Douvenou).

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