Quand j'étais enfant…
Agnès Baillon … « Quand j'étais enfant dans l'atelier de ma mère, il y avait beaucoup de reproductions de peintures flamandes. Roger Van der Weyden effectivement. À cette époque, je dessinais déjà des portraits inspirés de ces personnages. Ils me fascinaient. Ce que j'aimais c'était le réalisme des traits du visage chez Van der Weyden, Memling, Van Eyck et, d'une manière générale, dans la peinture flamande de cette époque qui est très stylisée. C'est cette alchimie des contraires qui m'attirait. Je vais souvent au Louvre voir les salles de sculptures égyptiennes et romaines. Ce qui me séduit est le côté à la fois vivant et stylisé de cette statuaire, l'antique et le « contemporain » de certains visages. Le but des égyptiens était d'atteindre la vie éternelle. Ces sculptures sont des fragments de vie « préservés » pour l'éternité. Un jour un visiteur m'a dit, en voyant mes sculptures : « c'est l'archéologie d'une société pacifiste ». Elles sont perçues par mes collectionneurs comme des « poupées ». Ils parlent d'apaisement. J'ai grandi sur le Larzac où le militantisme était très fort. Je suis empreint d'une part de cette « énergie » que l'on peut mettre et employer au service de ses propres valeurs. Je suis une « militante » humaniste. Oui, je pars de la réalité ; une réalité que je mets en valeur et au-delà de laquelle je tente d'aller. Je pars de photographies, en effet, qui provoquent une émotion que j'essaie de restituer. Ce sont souvent des gens blessés, des gens handicapés, considérés comme imparfaits. Le thème du corps est tellement vaste qu'on peut le décliner à l'infini. La constante reste cette volonté de dépassement que l'on peut voir comme une « transposition poétique ». Du 28 octobre au 3 décembre 2017 Galerie Danielle Bourdette-gorzkowski Quai Saint Etienne -14600 Honfleur