Maisons Normandie

LE CHATEAU DE CHAULIEU

- Texte : M.-A. Benjjamiin – Photos : Rémii Hondiier

C'est un pur joyau que son propriétai­re a restauré et décoré de mobiliers d'époque, de boiseries sculptées et peintes, ainsi que de remarquabl­es plafonds à la française. L'auteur de cette résurrecti­on a eu un parcours bien improbable qui l'a mené des scènes parisienne­s, où il se distingua comme guitariste profession­nel, aux confins de la Manche dans un château réhabilité de main de maître.

Au sud-est du départemen­t de la Manche, le château de Chaulieu est l'un des derniers survivants des manoirs du XVIE siècle. Ce château, d'époque Henri II, a la forme d'un rectangle flanqué de deux échauguett­es défensives à culot. Le toit, très haut et très pointu, avec sa superbe coiffe d'ardoises, porte l'estampille du style Renaissanc­e. L'étage offre trois fenêtres à meneaux, à l'aplomb de trois lucarnes de belle facture. Quant aux anciennes douves, elles ont été égalemet restaurées. À l'intérieur, on y découvre deux cheminées en granit dont l'une rehausse l'éclat des plafonds peints en décors polychromé­s et de magnifique­s pièces de mobilier. À noter : le système défensif intérieur des diverses salles qui se protégeaie­nt mutuelleme­nt par des meurtrière­s prenant en enfilade portes, escaliers et couloirs. L'associatio­n des Vieilles Maisons françaises, dont le but est de faire connaître le patrimoine et de contribuer à sa sauvegarde, a récompensé le château de Chaulieu en lui décernant le Grand Prix national de Sauvegarde en 1992. Le château remporta la palme parmi trois cents dossiers présentés. Cette année-là, M. Levard, président départemen­tal de l'associatio­n, saluait ainsi le remarquabl­e travail du propriétai­re, Patrick Cenni, et le félicitait chaleureus­ement : « Ceux qui passent aujourd'hui ne se rendent pas compte de la quantité de travail déjà effectué. Chaulieu avait disparu sous le lierre et ce sont des mètres cubes de déblais que vous aviez dû commencer par enlever. Grâce à vous, Chaulieu est passé à côté du naufrage. »

Un cachet hors normes pour une restaurati­on exemplaire

De l'olympia et du Golf Drouot aux plafonds à la française de Chaulieu, l'improbable destin de Patrick Cenni mérite d'être conté. Issu d'une famille d'artistes, il grandit dans le Paris existentia­liste de l'après-guerre. Très jeune, il suit les traces de son père et devient guitariste. Il commence une carrière prometteus­e qui le voit briller, entre autres, sur les scènes où il accompagne les plus grands chanteurs français de l'époque... Puis, c'est le virage de sa vie et il se lance dans de tout autres aventures. Après ces expérience­s musicales, il s'oriente vers un autre destin, mais la passion est toujours au rendez-vous. Il commence, d'abord, par suivre des études d'ébénisteri­e à l'école Boulle de Paris, prélude à l'exercice de sa nouvelle passion : la réédition de meubles anciens. Il ne s'arrête pas là et développe son art dans toutes les directions (sculpture, ébénisteri­e, marqueteri­e, ferronneri­e). Désormais, la voie est tracée ! Passionné d'architectu­re, il fait l'acquisitio­n du château de Chaulieu dans un état d'extrême abandon et entreprend sa restaurati­on complète depuis les plafonds à la française jusqu'aux huisseries et boiseries, meubles, fenêtres, portes, et aussi les escaliers et cheminées... le tout dans le respect scrupuleux du style des XVIE et XVIIE siècles.

Sur les poutres maîtresses et solives, un incomparab­le décor de rinceaux, guirlandes et blasons

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