L'ABBAYE NOTRE-DAME DE GRESTAIN, FILLE DE NORMANDIE
Au commencement était Arlette
Arlette de Falaise était l'épouse de Robert le Magnifique, de leur union naquit Guillaume, le futur conquérant d'angleterre, héritier du duché de Normandie. A la mort du duc Robert,arlette épousa Herluin de Conteville dont elle eut deux fils, Robert de Mortain et Odon, futur évêque de Bayeux. Ils furent les plus proches compagnons de leur demi-frère, Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'angleterre.
Le songe d’herluin
Souffrant d'une maladie de peau, Herluin fit un rêve dans lequel la Vierge Marie lui ordonnait, s'il voulait guérir, de se rendre à Grestain auprès d'une chapelle abandonnée située près d'une source. Elle lui demandait dans un second rêve d'y bâtir un couvent religieux. C'est ainsi que, rétabli, il fonda l'abbaye Notre-dame de Grestain en 1050. Arlette, Herluin, Robert de Mortain, sa femme Mathilde de Montgomery et leurs descendants dotèrent richement l'abbaye au fil des époques. A la fin du douzième siècle, elle possédait un domaine fort riche qui rayonnait sur un vaste territoire. C'est sur ces terres que ses fondateurs furent inhumés, c'est avec émotion que vous découvrirez en souvenir d'herluin de Conteville et d'arlette une plaque datée de 1928 érigée par des amoureux du site de l'époque.
Un nouveau miracle
L'abbaye perdit sa conventualité en 1757, église et bâtiments furent démolis à l'exception de la salle des hôtes et quelques autres édifices. A partir de 1790, le site fut transformé en ferme, il passa entre les mains de nombreuses familles avant de trouver un esthète tombé fou amoureux du lieu et de son histoire ! Lorsque Arnauld Wapler acquit l'abbaye de Grestain en 1960, il découvrit un site laissé à l'abandon. Depuis maintenant un demi-siècle, un immense travail de restauration occupe la famille. Aujourd'hui, son fils Nicolas Wapler, éminent auteur maintient avec passion ce site ouvert lors de visites organisées par l'office de tourisme de Beuzeville ou pendant des Journées du patrimoine. Sous l'égide de ses fondateurs, Nicolas Wapler redonne vie à l'abbaye en organisant et en accueillant des projets culturels ambitieux. Théâtre, concerts, conférences auréolent toujours ces murs bienveillants.
Rencontre avec l’histoire
Derrière un mur d'enceinte datant en partie du XIIE siècle, au terme d'un relief pentu et inégal, en direction de la Seine l'entrée de l'abbaye se dévoile. A l'origine, il y avait un débarcadère pour desservir l'abbaye, mais au cours des siècles, le rivage s'est modifié et la rive gauche du fleuve s'est éloignée. L'entrée de l'enceinte se situe de nos jours au niveau du logis du portier. Aujourd'hui restauré, il garde en lui des traces de ce passé illustre. Longeant le mur, la chapelle est une rescapée de l'oubli. Son état de délabrement avancé n'a pourtant pas rebuté les propriétaires qui l'ont remise en état pour y accueillir les évènements culturels de l'année. Au loin on aperçoit l'abbatiale ou la Maison de l'abbé mais avant, c'est un petit canal laissant filer l'eau de la source Saint-benoît que l'on doit enjamber pour aller plus avant.
L’abbatiale
De la prospère abbaye bénédictine, seul ce bâtiment datant du XIIIE siècle laisse percevoir sa richesse passée. Son entrée se fait par une porte en plein cintre placée dans une large ouverture aveugle en arc brisé. A l'intérieur, la hauteur est impressionnante, deux gros piliers supportent des arcs brisés de toute beauté. Si la majesté des lieux est aujourd'hui indubitable, sachez que monsieur Wapler avait trouvé en 1960 cette salle comblée de tonnes de terre amassées devant la porte et dans la salle, on remarque les traces de cette terre qui a coloré à mi-hauteur les gros piliers de la salle médiévale. Nicolas Wapler y accueille personnellement ses visiteurs, narrant volontiers cette aventure familiale passionnante et pharaonique où se mêle le souvenir d'arlette et d'herluin mais aussi l'avenir de cette envie de partage et de culture..
Le château de Montfort-sur-risle, ruines inspiratrices
Entre une végétation luxuriante, la forêt et le lierre ont repris leurs droits, et dans une atmosphère pleine de magie, les ruines du château de Montfortsur-risle se dressent encore fièrement sur leur terre féodale. Il suffit de porter le regard sur l'horizon, pour comprendre sa position stratégique essentielle: le châtea, qui contrôlait les routes menant de Pont-audemer à Brionne et de Lieurey à Montfort, est l'un des vestiges les plus anciens denormandie:ilfutérigéen1035parlecomte Hugues 1er, qui mourut au combat pour défendre Guillaume le Conquérant. Depuis près de 1000 ans, ces pierres défient le ciel et les époques et véhiculent cette part de mystère et de passion. Le château typique de l'époque anglo-normande fut le témoin des grandes heures de la période ducale jusqu'à ce qu'en 1124, il soit assiégé durant plus d'un mois par Henri Ier Beauclerc. En 1204, il sera démantelé par le roi d'angleterre Jean sans Terre afin d'éviter que les Français ne s'en emparent.
Un témoin hors du temps
Le château n'a jamais été reconstruit. Il aura fallu attendre 2003, pour que les bénévoles de l'association « Montfort Culture et Patrimoine » oeuvrent pour la réhabilitation et le dégagement des structures du château et de son enceinte. Bien sûr, il a fallu à l'association un travail titanesque de déblaiement pour redonner au site son aspect défensif. Grâce à eux, la consolidation des maçonneries, le défrichage de la cour, des douves et de l'intérieur du château, permettent au public de visiter et de s'imprégner de cette forteresse médiévale. Par l'entrée principale on accède à la tour porte qui se dresse encore en partie. On devine le donjon ruiné avec ses contreforts et ses murs atteignant parfois les deux mètres d'épaisseur.