Une enfant de la balle
« Je suis née le 28 mai 1958, à Paris dans le XIVe arrondissement, ma mère est allée à pieds à la clinique, rue du Texel.
Ma mère était photographe. Il y avait un atelier et un laboratoire pour ses tirages en noir et blanc dans notre maison de la rue Daguerre. L’odeur des solvants était forte et dans la cour le filet d ‘eau d’un robinet était constamment ouvert pour rincer les photographies dans une bassine, on le voit dans le film Les Plages d’Agnès.
Mon père, lors du tournage du film Les Parapluies de Cherbourg a voulu immortaliser mon visage d’enfant ainsi que celui du fils de Michel Legrand : Hervé. Je suis la fillette dans l’auto à la fin du film. J’avais cinq ans. Pour me remercier, j’ai eu comme cadeau une petite épicerie en bois avec des reproductions de paquets et de fruits et un mini-parapluie rose avec une doublure en tissu imprimé de grandes fleurs multicolores.
Je n’ai jamais eu envie d’être actrice mais le tournage de Peau d’âne a sans doute influencé mon enfance… C’est sûrement pour cela que j’ai fait des études de haute couture et que je suis devenue costumière.
J’ai vécu entre l’univers réaliste des films de ma mère et l’univers plus rêveur et poétique de ceux de mon père. On a eu la chance d’avoir une maison sur l’Île de Noirmoutier. On partait au rythme des vacances scolaires dans la DS familiale pour rejoindre ce petit bout de paradis. Nous avions une " petite cinémathèque ", des films en copie 16 mm et papa faisait le projectionniste pour la famille et les amis. En première partie, on regardait souvent un dessin animé de Walt Disney, après l’entracte Eskimo, on avait droit au " grand film ". Avec mon frère Mathieu on a vu trente-cinq fois Les Enfants du paradis, Singin’ in the Rain, Les Oiseaux, Picpocket… une enfance heureuse et cinéphile. » •