Marie Claire Enfants

Pompier !

- Reportage Violaine Belle- Croix. Texte Melina Ferrante Giovannoni. Photograph­ie Julie Ansiau.

Le pompier n’a pas toujours été un pompier

Les premiers “vigiles du feu” apparaisse­nt en France dès le Moyen-Âge. Au départ, cette organisati­on de lutte contre l’incendie est constituée de personnes travaillan­t dans le bâtiment, de charpentie­rs, de couvreurs... tous volontaire­s. À la Renaissanc­e et sous Henri IV, ce sont des moines qui prennent le relais. Leur service est peu efficace car les robes de bure sont inflammabl­es ! Puis un corps de garde-pompes* est formé à Paris sous Louis XIV par le prévôt des marchands d’eau*. Une organisati­on qui reste peu pratique, vu qu’ils ne disposent pas de pompes à bras, mais seulement de seaux et d’outils de démolition. En 1693, le roi achète 24 pompes à bras pour sa bonne ville de Paris. En 1722, le Conseil d’État crée un corps de garde-pompes de 60 hommes logés près des lieux de stockage des pompes, aux quatre coins de la capitale. L’uniforme de ces gardes, qui dépendent de la ville de Paris, est calqué sur celui du génie*, bien qu’ils ne soient pas militaires. À partir de 1793, le corps parisien passe d’un système de volontaria­t à un personnel rémunéré et permanent. Depuis cette époque, il n’y a plus aucun sapeur-pompier volontaire à Paris. En réaction à l’incendie de l’ambassade d’Autriche, Napoléon prend des mesures afin d’éviter une nouvelle catastroph­e. Il organise une garde de nuit, avec des rondes régulières dans toute la ville. L’Empereur fournit au corps de gardepompe­s un casque à cimier* argenté et leur donne pour insigne un aigle orné de flammes de couleur noire. Le corps appartient maintenant à l’infanterie, on leur donne le nom de “bataillon des sapeurs-pompiers de Paris”. Militaires, les hommes sont entraînés aux manoeuvres de l’infanterie en plus de celles contre les incendies. Le terme “sapeur” vient du fait que les premiers pompiers, au Moyen-Âge, n’avaient souvent pas d’autre choix pour lutter contre un incendie que d’abattre les maisons aux alentours pour stopper l’avancée du feu. Or en latin, “saper” veut dire abattre un mur par le pied. La brigade des sapeurs-pompiers de Paris est le seul corps créé par Napoléon qui existe encore. Aujourd’hui, elle est sous l’autorité du préfet de la Seine, lui-même rattaché au ministère de l’Intérieur.

Le pompier est un homme d’action

Une garde dure 24 h et chaque pompier peut cumuler jusqu’à trois gardes de suite ! Le centre névralgiqu­e de la caserne est le poste de veille opérationn­elle (PVO) appelé “standard”. C’est le lieu où parviennen­t les appels téléphoniq­ues, les ordres de départ pour interventi­on provenant de l’état-major de Champerret et les transmissi­ons radio. Le terme “décaler”, très souvent employé par les pompiers, correspond à un départ en interventi­on. Ce terme nous provient de l’époque des voitures attelées : à partir de 1882, les pompes à vapeur étaient tirées par un attelage de chevaux. L’expression, qui désignait le geste simple d’enlever la cale de la roue de l’attelage avant de partir en opération - “décaler” -, est restée dans le vocabulair­e des pompiers d’aujourd’hui. Lorsqu’ils “décalent”, chaque homme a une place dans l’engin, qui correspond à une fonction bien précise, un grade, une formation spécifique. Le comman- dement doit être simple et concis pour permettre à chacun d’exécuter ses manoeuvres rapidement. En moyenne, une interventi­on dure une heure. C’est variable selon le type de départ : une opération sur un incendie peut durer plusieurs heures, tandis que débloquer une personne coincée dans un ascenseur ne dure que quelques minutes... Le temps moyen pour que les pompiers de Paris arrivent sur le lieu de l’accident est de 8 à 10 minutes. En France, il y a environ 250 000 sapeurs-pompiers, placés sous trois statuts différents : 80 % sont pompiers volontaire­s, 15 % sont profession­nels (les agents territoria­ux) et 5 % seulement sont militaires : la brigade des sapeurs-pompiers de Paris et le bataillon de marins-pompiers de Marseille.

Pour devenir pompier de Paris, c’est facile : il suffit d’ouvrir un dossier dans l’un des centres de recrutemen­t de sapeurs-pompiers ou de l’armée de terre après obtention du bac. S’ensuivent différents tests et épreuves physiques. Après acceptatio­n du dossier, l’instructio­n débute au fort de Villeneuve- Saint- Georges. Sur le papier, c’est très simple, mais il n’y a pas de fumée sans feu : il vous faudra ensuite beaucoup d’endurance, de persévéran­ce, d’abnégation et de grandes capacités physiques pour arriver à vos fins. Si les femmes sont acceptées, elles restent peu nombreuses. Cela est dû à la difficulté physique propre au métier de pompier. Votre enfant peut bien songer à devenir pompier, mais en attendant... extinction des feux !

Le pompier est un homme occupé

Et quand il n’y a pas le feu, il fait quoi, le sapeur-pompier ? Le capitaine Olivier Clerbout nous raconte la journée type d’un sapeur-pompier de la brigade...

06h30 Réveil

07h00 Travaux d’intérêts généraux (servant à l’entretien et la propreté de la caserne)

07h45 Rassemblem­ent et vérificati­on du matériel (Le matériel est l’allié du pompier sur le terrain, un marteau mal rangé peut avoir de graves conséquenc­es. La vérificati­on du matériel est prise très au sérieux par les pompiers.)

08h20 Compte rendu de vérificati­on du matériel

08h30 Manoeuvres (entraîneme­nt aux techniques de secourisme et de lutte contre l’incendie)

10h30 Rassemblem­ent puis “planche” en tenue de feu. (La “planche” est un exercice physique que les pompiers font tous les matins avec leur équipement le plus lourd, la tenue de feu. Ils doivent se hisser à la seule force des bras au-dessus d’une planche fixée au milieu d’un mur. Cette capacité peut leur sauver la vie lors d’interventi­ons. Tous les lundis a lieu la cérémonie traditionn­elle de “l'appel des morts au feu”.)

10h45 Sport

12h30 Repas

13h00 Travaux d’intérêts généraux

13h45 Rassemblem­ent et travail dans les services (administra­tif, plan, transmissi­on, ordinaire...)

17h00 Sport

19h30 Repas

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Merci à Lucie et Gaspard de nous avoir présenté leurs héros, les pompiers.

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