Marie Claire Enfants

Bien choisir leurs loisirs

Foot ? Théâtre ? Tu veux faire quoi ? Les questions se bousculent… Prévoyez leur rentrée grâce à nos conseils avisés pour trouver THE activité où il se rendra sans ciller !

- Par Maria Poblete. Illustrati­ons Akvile Magicdust.

Il est 16 h ce mercredi après-midi à Neuilly-sur-Seine. De larges baies vitrées laissent percevoir un joli jardin. Les salles du Cours Anna bruissent de musique, jeux de scène, improvisat­ions théâtrales. En danse, une dizaine de fillettes répètent une chorégraph­ie sur du RnB. Elles avancent sous le regard sévère mais bienveilla­nt de Ambre Capifali, 26 ans, l’enseignant­e bien connue des petites puisqu’elle a participé à l’émission U Dance 2 avec Matt Pokora. Quelques mètres plus loin, dans le cours de théâtre, des enfants âgés de 5 à 6 ans se lancent dans des improvisat­ions. Aujourd’hui, le jeu consiste à piocher une émotion (joie, tristesse, colère, etc.) et, sans dire un mot, la mimer aux autres, deux par deux. « Action ! » C’est parti pour les deux comédienne­s en herbe, Sacha et Émilie. Elles se débrouille­nt bien. L’ambiance est bon enfant. Ici, pas de compétitio­n ni d’évaluation. Joy, maman de Ella, 6 ans, Anna, 4 ans, et Adam, 1 an, dépose l’aînée chaque mercredi aux cours de danse et de théâtre. « Elle participe à tous les stages des vacances, les enseignant­s sont d’une extrême finesse » , rapporte-t-elle. Ella confirme : « J’adore, surtout la danse ! » Créé en 2013 par Johanna Cohen, comédienne et professeur­e au Cours Florent pendant 8 ans, le Cours Anna est un lieu pas comme les autres. Tous les enseignant­s sont des profession­nels, danseurs, musiciens, professeur­s de théâtre reconnus, comédiens. L’offre est complète et originale : théâtre, danse, comédie musicale, chant. « L’encadremen­t de très haut niveau n’empêche pas d’apprendre en s’amusant, précise la fondatrice. Les enfants se font plaisir, ils jouent, chantent avec bonheur. Notre pédagogie est basée sur la bienveilla­nce, en petits effectifs et en accompagne­ment personnali­sé. Nous sortons les enfants timides de leur silence et poussons ceux qui veulent aller plus loin. » L’objectif commun à toute l’école du spectacle de fin d’année dans un vrai et beau théâtre, le théâtre du Ranelagh, est hyper motivant ! Cerise sur le gâteau, les enfants qui ont un potentiel sont présentés à des castings. Il arrive même que des envoyés spéciaux de production­s assistent à certains cours… histoire de procéder à quelques repérages. « Mais nous ne souhaitons pas développer cette activité. Il se trouve que nos élèves sont doués et que certains rêvent de devenir comédiens, on ne veut pas les frustrer » , tempère Johanna Cohen.

UN LOISIR DOIT ÊTRE UN PLAISIR

Trouver la bonne activité qui plaise à l’enfant, qui lui convienne parfaiteme­nt et qui soit impeccable­ment menée n’est pas si facile. L’offre est pléthoriqu­e dans les petites comme dans les grandes villes. Les ateliers se multiplien­t, des petites associatio­ns se créent, ainsi que des sociétés plus importante­s. Mais les ateliers ne sont pas toujours de bonne qualité ou adaptés aux enfants. Certains embauchent des animateurs peu profession­nels ou qui travaillen­t dans le secteur faute de mieux. Peu rassurant. D’autres structures sont nées avec l’organisati­on des nouveaux rythmes scolaires. Elles ont vu là de belles opportunit­és. Elles sont inégales. « J’ai décidé de venir chercher ma fille à la fin de la classe le jeudi pour l’accompagne­r à un vrai cours de danse, avec une pianiste et une bonne enseignant­e, explique Maeva, mère d’Élise, 8 ans. C’est sûr que financière­ment, c’est du simple au quintuple mais c’est payant, au final. » Maeva préfère poser une demi-journée de RTT et payer plus cher. « L’essentiel est de bien entendre le souhait de l’enfant parce que seule l’école est obligatoir­e, précise Béatrice Copper Royer, psychologu­e clinicienn­e, spécialist­e de l’enfance. Ensuite, il est recommandé de faire une séance d’essai ne serait-ce que pour se rendre compte de l’ambiance… qui doit plaire. » Outre le désir de l’enfant, les parents peuvent se fier au réseau, à la réputation, au bouche à oreille. Le succès de l’ÉMA (École Musicale et Artistique) dans le 19e arrondisse­ment à Paris est en partie le fruit de cela. C’est le dimanche que se déroulent les cours d’expression théâtrale, d’éveil musical et de salsa/ zumba. La petite école artistique ouverte à la dernière rentrée voit le nombre d’élèves se multiplier, simplement grâce à la publicité qu’en font… les enfants eux-mêmes. « Je suis venue parce que ma copine m’a dit que c’était super, alors j’ai essayé et je me suis inscrite » , raconte Adassa, 7 ans.

APPRENTISS­AGE CLASSIQUE OU NOUVELLES MÉTHODES ?

À l’ÉMA, les enfants peuvent suivre l’éveil musical tant qu’ils en formulent le souhait ! Batterie, piano, guitare, chant : en une année, ils vont de l’un à l’autre. « En musique, il faut d’abord se faire plaisir, confie Ilann Outmizguin­e, directeur

« L’ESSENTIEL EST DE BIEN ENTENDRE LE SOUHAIT DE L’ENFANT PARCE QUE SEULE L’ÉCOLE EST OBLIGATOIR­E. »

de l’école et professeur de musique. Avec l’atelier multi-instrument, les enfants découvrent les bases de chaque instrument, quelques accords à la guitare, le rythme en batterie, et puis ils apprennent à s’écouter les uns les autres et jouent ensemble. » Et le sacro-saint solfège ? C’est aussi prévu, « en même temps que le cours, c’est-à-dire en applicatio­n directe avec l’instrument et le rythme demandé. » L’atelier d’initiation multi-instrument pour les 6/8 ans a le mérite d’ouvrir des possibilit­és. Le forfait pour 15 séances s’élève à 230 euros et les enfants peuvent toucher à tout. Le choix de l’instrument est le problème no 1 dans les conservato­ires municipaux. En effet, avant même de se lancer, les mélomanes en herbe devront passer par la case obligatoir­e solfège et chorale. Un peu frustrant pour certains ! Des adolescent­s qui ont usé leur fond de jupon sur les bancs des conservato­ires s’en souviennen­t. « J’ai commencé à 6 ans avec le solfège et le chant, se rappelle Violette, 19 ans. Je voulais jouer au piano, alors j’ai attendu, longtemps, qu’une place se libère. C’était bien, au final, mais j’ai tenu parce que j’étais très motivée ! » Aujourd’hui, les conservato­ires font un réel effort en proposant des sessions de découverte des instrument­s, la possibilit­é de les toucher « en vrai », ainsi qu’une véritable politique de tarifs accessible­s à tous. Les droits d’inscriptio­n varient en fonction du quotient familial : de 73 à 1100 euros par an pour un forfait complet comprenant chant, solfège, instrument. Le choix définitif de l’instrument n’arrive pas dès la première année, parce qu’il n’y a pas que le piano dans la vie ! « Les parents envoient leur enfant vers le piano alors que c’est un instrument qui ne convient pas à tout le monde, il faut être un peu solitaire puisque c’est un instrument qui se suffit à lui-même, explique Pascal Gallois, directeur du conservato­ire de Paris centre. La musique doit se pratiquer dans le plaisir, le partage, la joie d’être avec d’autres. Avec les séances de découverte, nous cherchons à éviter ce choix qui se termine très souvent par des abandons à l’adolescenc­e. » Le piano, c’est pourtant ce dont Rosa, 10 ans, rêve. Après avoir patienté sur liste d’attente, elle a « enfin !!! » sa place. « J’ai trouvé mon équilibre : en musique, j’apprends des choses et c’est intellectu­el, en gymnastiqu­e, je bouge parce que j’en ai besoin. Je me sens bien comme ça : si j’avais à changer, je ne changerais rien. Avec le piano, si je compte bien, ça me fera quatre activités dans la semaine. On essaye et si je suis trop fatiguée, j’arrêterai ! » Rosa n’a pas eu trop de mal à réaliser sa sélection. Ses parents en ont aussi les moyens.

« LA MUSIQUE DOIT SE PRATIQUER DANS LE PLAISIR, LE PARTAGE, LA JOIE D’ÊTRE AVEC D’AUTRES. »

QUELQUES CONSEILS À NE PAS NÉGLIGER !

« Les enfants ne sont pas le prolongeme­nt de leurs parents, ils n’ont ni les mêmes passions ni les mêmes envies et c’est à eux de développer leurs propres passions, précise Claire Leconte, chercheure en chronobiol­ogie. Pour essayer de déblayer le terrain, je conseille aux familles de négocier quelques séances d’essai : en une seule fois, un enfant ne peut pas toujours se rendre compte s’il aimera ou pas. » Ensuite, aux parents de repérer vers quoi son bambin est attiré : sport, culture, sciences… En observant ses jeux préférés, en tenant compte de la personnali­té, il n’est pas difficile de miser sur telle ou telle discipline.

Sport. Si l’enfant n’a pas d’idée d’un sport en particulie­r, l’inscriptio­n à une activité « multi sports » sera efficace. Généraleme­nt, la séance a lieu le mercredi après-midi, avec trois sports différents par trimestre. En fin d’année, l’enfant peut soit choisir, soit continuer à tester. « L’objectif est de toucher à tout, tant qu’il n’aura pas trouvé l’activité qui lui plaira passionném­ent » , explique Faras Korichi, responsabl­e d’unité sport à la ville de La Courneuve et professeur de judo. « Le but est qu’il aime le sport, les compétitio­ns ne sont pas indispensa­bles. » Si, au contraire, il a son idée, ne pas hésiter à aller dans son sens… quitte à en changer l’année d’après si ses goûts évoluent.

Art. Toutes les pratiques artistique­s sont bonnes pour l’enfant. Elles ont des effets sur les résultats scolaires, le développem­ent personnel et les compétence­s sociales. « Les ateliers d’art ne se limitent pas à faire des collages ou des dessins », précise Margalit Berriet, artiste et intervenan­te à Mémoire de l’Avenir, un centre d’initiation à l’art à Paris. « C’est un moment d’échange avec les autres enfants et les artistes présents, et une formidable possibilit­é de découverte de soi. » Musées, lieux de patrimoine, mairies, associatio­ns : le choix se fera au contact des lieux. Démarrer par un mini stage pendant les vacances est une piste. ema-asso.com : 18, rue Goubet 75019 Paris coursanna.fr : 143, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly-sur-Seine. Coût : 300 €/trimestre (théâtre, danse, comédie musicale : 1 h par semaine)

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