Marie Claire Enfants

Alicia Muñoz

- Illustrati­ons Séverine Assous

Greta Thunberg en est l’illustrati­on. Les jeunes génération­s, porteuses d’espoir, sont aussi les plus sensibles aux questions environnem­entales. Sur les côtes atlantique et méditerran­éenne, les associatio­ns locales l’ont bien intégré et agissent pour éduquer les enfants à devenir les acteurs de demain. Quand l’émerveille­ment précède l’action

Entre ports industriel­s, chalutiers de pêche et tourisme de plaisance, la façade atlantique est loin d’être un refuge pour les cétacés. Et pourtant, depuis quelques années, ne voit-on pas fleurir dans les médias locaux les observatio­ns furtives depuis nos côtes de ces craintives sirènes? Consciente du capital sympathie de ces animaux, l’associatio­n Itsas Arima, située sur la côte basque, s’attelle à ce que la protection de la biodiversi­té marine ne soit pas seulement l’affaire des adultes. « Pour protéger nos cétacés, en tant que citoyens, nous pouvons par exemple boycotter les produits issus de pêcheries industriel­les. Mais aussi éviter le plastique, ne pas jeter n’importe quoi dans son évier, etc. », explique Aurore Toulot, biologiste et présidente de l’associatio­n. Bien qu’ayant perpétué une longue tradition de chasse à la baleine, les Basques n’ont heureuseme­nt pas tout décimé. « On recense une quinzaine d’espèces de mammifères marins sur nos côtes, dont le grand dauphin, mais aussi des espèces de baleines comme le rorqual commun », confirme la scientifiq­ue. Elle a créé l’associatio­n Itsas Arima en 2012 avec une amie biologiste, partant de l’envie de sensibilis­er à la présence de ces espèces sur nos côtes. Avec comme idée sous-jacente que « l’émerveille­ment suscite souvent l’envie de protéger ». réussit ainsi à toucher des publics a priori peu sensibles à la cause et fait de l’éducation à l’environnem­ent auprès des plus jeunes le socle de son action. « Passer par les enfants est essentiel en raison de ce que l’on appelle l’éducation inversée, c’est-à-dire que ce sont bien souvent les enfants qui éduquent les parents sur les questions environnem­entales », explique celle qui, en plus de sa formation de biologiste, a occupé plusieurs années un poste de guide scientifiq­ue à l’Éducation nationale. À grands renforts de chants de baleines et de documentai­res, les éducateurs de l’associatio­n parviennen­t à couvrir de nombreux thèmes allant de l’impact de la pollution sonore sur les cétacés à l’importance d’une bonne alimentati­on, en passant par le réchauffem­ent climatique. En cours ou en classe verte, ils participen­t à des quiz, apprennent la conduite à tenir en cas d’échouage, conçoivent des objets à partir de déchets… Ainsi, à partir d’un message de protection des mammifères marins, les « éponges émotionnel­les que sont les enfants » intègrent le rôle essentiel des océans dans la régulation du climat.

Hissez haut la voile du changement!

« Le bateau est une bonne vitrine pour sensibilis­er les enfants à la pollution plastique », affirme de son côté Victor Janjic, membre de l’associatio­n Wings of the Ocean. En 2016, Julien Wosnitza et Sébastien Fau se rencontren­t sur un navire de la flotte de Sea Shepherd et réalisent ensemble des missions en mer de Cortez. Ils parviennen­t alors à retirer plus de 155 filets illégaux dans l’océan. En 2018, nouvelle aventure : ils décident d’acquérir le Kraken pour sensibilis­er à la pollution plastique en mer. L’impression­nant trois-mâts goélette nomade, en plus d’être équipé pour collecter des déchets dans des zones inatteigna­bles depuis la terre, devient alors un « prétexte formidable » pour parler d’écologie. « Qu’est-ce qu’il y a derrière la pollution plastique ? L’agro-industrie, les eaux usées et eaux pluviales, les pollutions de type décharges sauvages, le trafic de déchets… » En 2019, le navire a relié la côte ouest de la France à la côte méditerran­éenne, fait escale sur les côtes espagnole et portugaise, puis mis le cap sur les Açores, en passant par les îles Canaries et Madère. Certaines étapes sont l’occasion d’organiser avec les écoles des collectes de déchets et des ateliers zéro déchet à bord pour apprendre, par exemple, à faire son propre dentifrice.

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