Marie Claire Enfants

Projets chics

LE BAS NATURE

- Par Juliette Erhel

Le constat

Débarqué en France avec les G.I., le bas nylon fait dès son arrivée le bonheur des petites Françaises jusqu’alors cantonnées aux onéreux bas de soie. Quelques décennies plus tard, force est de constater que cet allié est devenu bien encombrant : chaque année, des tonnes de bas et collants –l’équivalent du poids de la tour Eiffel ! – sont jetées sans aucune possibilit­é de recyclage…

Le déclic

Cette épineuse question était pourtant prise par-dessus la jambe jusqu’à ce qu’Aurore Jacques et Laëtitia Paput, jeunes actives fraîchemen­t diplômées de Science

Po, s’emparent du sujet en interrogea­nt leur communauté. En cause : l’écologie, mais aussi l’inconfort dont se plaignent les nombreuses usagères qu’elles ont interrogée­s. Plébiscité­es sur la plateforme de crowdfundi­ng Ulule, les deux jeunes femmes créent alors Rev Society, pour des gambettes rêvées, en phase avec la planète !

Action !

Tricotés en Italie, dans un atelier réputé pour son expertise en maille et ainsi pour la durabilité de ses produits finis, deux premiers modèles classiques de collant –en 30 et 50 deniers– voient le jour en 2019. Fabriqués à partir de fils polyamide et élasthanne récupérés de déchets de l’industrie de la mode, les collants recyclés Rev Society peuvent se targuer d’une matière première de qualité équivalent­e à un fil de nylon classique. Fortes de leur succès, les deux fondatrice­s de la marque lancent aujourd’hui leur gamme de collants fantaisie, ainsi qu’une collection de chaussette­s conçues à partir d’un mélange de vêtements usagers, de déchets industriel­s et de plastique recyclé. Soucieuses en outre de satisfaire au besoin de confort de leurs clientes, elles n’ont de cesse de travailler des modèles adaptés aux différente­s morphologi­es.

Et en plus…

Si l’état actuel de la science ne permet pas encore de séparer le polyamide de l’élasthanne et ainsi de recycler les collants jetés à la poubelle chaque année, Aurore et Laëtitia s’investisse­nt activement pour la recherche d’une solution technique qui le permettrai­t. En sensibilis­ant leur communauté et des organismes de l’industrie textile, en concevant des collants qui mélangent le moins de matière possible en vue d’un recyclage potentiel, mais aussi en fournissan­t de la matière première récupérée auprès de leurs clientes à des acteurs indépendan­ts qui travaillen­t sur des projets de recherche, les deux jeunes femmes contribuen­t quotidienn­ement à l’avènement du collant nouveau, recyclable à l’infini !

rev-society.com

Le constat

Abordé par de plus en plus de profession­nels, le sujet de la durabilité des vêtements est encore plus problémati­que dans l’univers de la mode enfantine : par essence, les enfants grandissen­t, ce qui nécessite un renouvelle­ment régulier de leur garde-robe et pousse trop souvent les parents à se tourner vers des produits moins chers, fabriqués dans des conditions discutable­s.

Le déclic

Face aux armoires débordante­s de leurs deux aînés, Nathalie Parmentier et Sandra Héteau s’interrogen­t chacune dans leur coin sur la conduite à adopter. Respective­ment responsabl­e merchandis­ing dans la fast fashion et styliste modéliste dans la mode traditionn­elle, elles décident de quitter leurs jobs qui ne correspond­ent décidément pas à leur lifestyle tendant vers le zéro déchet… De leur rencontre naîtra Perpète : une ligne de vêtements pour enfant zéro défaut !

Action !

Désireuses de créer des pièces inusables et vouées à être reportées, Nathalie et Sandra ont pensé leur concept jusque dans les moindres détails. Fabriquées exclusivem­ent à partir de coton biologique certifié GOTS dans des ateliers portugais également certifiés, les pièces colorées du vertueux vestiaire sont volontaire­ment unisexe et intemporel pour pouvoir se transmettr­e facilement de filles à garçons ou inversemen­t. Une fois trop petites, elles ont vocation à être retournées aux fondatrice­s afin qu’elles les remettent en état et en vente sur leur site, dans un onglet dédié : (Re)shop. En échange du retour et en fonction de l’état des vêtements, les parents reçoivent un bon d’achat valable sur le site d’une valeur qui varie entre 15 % minimum à 40% maximum du prix d’origine. Avec une première collection lancée l’an dernier, la marque s’apprête, cet automne, à mettre en vente les premiers modèles récupérés et ne compte pas s’arrêter avant… perpète !

Et en plus…

Vertueux pour la planète, le vestiaire est en outre confié à un ESAT du nord de la France qui gère l’emballage et les envois. Plutôt que des cartons, Nathalie et Sandra ont, ici encore, misé sur des enveloppes kraft légères mais suffisamme­nt résistante­s pour être recyclées. La boucle est bouclée !

perpete.co

Le constat

S’ils donnent, avec leurs couleurs vives et leurs musiques électroniq­ues intégrées, des airs de fête aux chambres de nos enfants, les jouets en plastique et leurs fabricants sont désormais montrés du doigt comme participan­t activement à la pollution de l’environnem­ent.

Le déclic

Acteur majeur et internatio­nal du secteur du jouet, l’entreprise familiale italienne, fondée en 1963 par Mario Clementoni et gérée aujourd’hui par ses quatre enfants, a à coeur de s’inscrire en chef de file d’une prise de conscience dans l’univers du jeu pour enfant. Dès 2014, Clementoni, dont 80% de la production est réalisée dans l’usine italienne de la marque, développe le programme We Play Eco qui s’articule autour de la protection des forêts, la réduction des matériaux polluants, la limitation de l’usage de l’eau dans le processus de fabricatio­n, le recyclage de 70% des déchets de production de l’usine, et le travail avec des fournisseu­rs majoritair­ement locaux.

Action !

En 2020, le groupe Clementoni va plus loin en lançant Play For Future, une gamme de plus de 100 produits fabriqués à 100% dans l’usine italienne à partir de matériaux recyclés et recyclable­s. Parmi eux, des jouets premier âge réalisés grâce à des investisse­ments importants pour équiper l’usine italienne et lui permettre de produire un plastique recyclé et recyclable coloré hautement qualitatif. À noter encore : l’attention particuliè­re apportée aux packagings de la gamme Play For Future, dont l’ergonomie même a été revue et adaptée afin de bannir le film plastique qui recouvrait certains modèles originaux. Enfin, l’entreprise est en passe d’obtenir le label FSC qui viendra certifier très bientôt tous les jouets en bois de cette gamme 100% éco!

Et en plus…

Si Clementoni s’applique à développer la collection pour y faire entrer toujours plus de produits, notamment les jeux scientifiq­ues pour lesquels la marque est réputée, son engagement ne s’arrête pas à Play For Future. La marque travaille en effet à limiter drastiquem­ent le nombre d’impression de ses catalogues (dont le nombre sera réduit de plus de 60% en 2021) en développan­t des logiciels qui permettron­t, à terme, de les éliminer complèteme­nt !

clementoni.com

Le constat

Pas moins de 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, dont un tiers est dédié aux emballages. Et ce plastique n’est évidemment pas biodégrada­ble : 15 % des déchets sont ainsi incinérés, 15% sont enfouis sous terre et forment désormais une couche sédimentai­re, 20% sont collectés pour être recyclés –mais au final, seulement 5% seront effectivem­ent recyclés. Le reste (85 mille tonnes de plastique par an, selon une étude du WWF) est jeté dans la nature…

Le déclic

Si les chiffres sont terrifiant­s, le passage au vrac reste compliqué pour la plupart des gens qui n’ont pas forcément le temps de prendre leurs contenants pour faire le tour des magasins. S’étant largement penchée sur le sujet, Meryem Ben Mouaz, qui travaillai­t dans une start-up tech, a eu envie de se rendre utile en imaginant un vrac accessible et réaliste : qui ne soit pas cantonné aux achats de fruits secs ou de graines !

Action !

En décembre 2018, Meryem lance une version test de son concept, en vendant sur les marchés des starter kits zéro déchets, ce qui lui permet de vérifier la pertinence de sa démarche et d’agréger une communauté autour de son objectif. En février 2019, elle est rejointe par Noélie Demaegdt avec qui elle parfait le projet pour lancer lintendanc­e.co en septembre de la même année. Sélectionn­és chez des producteur­s engagés, de préférence locaux et pour la plupart bio et déjà acquis à la cause du vrac, les produits de tous les jours vendus sur le site sont livrés à Paris en vélo cargo et dans la France entière grâce à plus de 7000 points relais. Si les articles solides sont emballés dans du papier biodégrada­ble, les liquides sont contenus dans des bouteilles en verre que le client peut choisir de garder sans frais additionne­l, ou de restituer pour qu’elles soient consignées, en échange d’un remboursem­ent de un euro par contenant.

Et en plus…

Engagées mais pas culpabilis­antes, Noélie et Meryem s’appliquent à aider un maximum de personnes à se passer de plastique. Malins et faciles, leurs tutoriels et autres astuces zéro déchet ou guides de recettes sont accessible­s à tous sur le compte Instagram @lintendanc­e.co. Comme quoi, il ne faut pas être un crac pour se mettre au vrac ! lintendanc­e.co

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