Rencontre avec deux femmes inspirantes
Molli, c’est toute la souplesse de la maille, l’élégance de l’histoire et la vision de Charlotte de Fayet qui a repris cette maison il y a 6 ans. Nous nous sommes invitées à goûter chez Charlotte pour capturer quelques moments en famille et en Molli.
Charlotte, vous avez repris Molli il y a quelques années. Qu’est-ce qui vous a séduite dans cette maison?
Trois choses m’ont séduite : j’aimais infiniment sa maille impeccable et ses modèles simples mais raffinés, j’aimais l’idée que ce soit une marque experte avec un savoir-faire reconnu et non une marque de mode associée à un style et, enfin, j’aimais l’image associée à la marque : une marque de qualité, transgénérationnelle, une marque très pure, une marque «matière». J’ai fait faire son portrait chinois par un ensemble de femmes qui connaissaient la marque et il en est ressorti un territoire de marque très clair, c’est ce cadre qui m’inspirait (je viens du marketing).
En reprenant Molli, de quoi avez-vous hérité ?
J’ai hérité d’un nom de marque et d’un logo qui est le même depuis 135 ans, d’une histoire et d’une image de marque associée à faire vivre des modèles iconiques dans la layette (notamment la grenouillère en point mousse boutonnée aux épaules) et, surtout, d’une «matière» : la «maille Molli», une maille fine et tricotée, à décliner à l’infini.
Nous travaillons avec la styliste avec des inspirations de toutes parts, ce sont autant une exposition sur la vannerie que des photos dans des livres ou des vintage chinés dans des brocantes, chez Emmaüs ou dans des boutiques vintage professionnelles. Nous regardons bien sûr beaucoup les défilés et la concurrence, qui donnent une vraie température des envies du moment, plutôt sur les volumes et les couleurs.
Quel est le moment que vous préférez dans le processus de création?
La maille est particulière parce que nous développons nous-mêmes notre « matière » en réalisant des swatches (c’est-à-dire des échantillons de points dans une multitude de fils et de gauges*). C’est un moment que j’aime tout spécialement parce que ces échantillons de maille vont être la base de la construction des vêtements, puis de la silhouette.
Si la femme Molli compte ses adeptes, la layette Molli a elle aussi son petit succès : comment l’expliquez-vous?
Je pense que la layette Molli est très «rassurante», elle est raffinée et intemporelle.
Pourquoi ne faire «que» du bébé?
Le choix de ne faire que du bébé est lié à l’envie de rester concentré sur la nouvelle ligne femme et de ne pas faire une marque « femme / enfant ». L’achat « naissance » est très différent de l’achat de vêtements pour l’enfant qui grandit. Une mère qui prépare son trousseau est dans un moment d’achat très particulier, avec une très grande envie de se faire plaisir, et c’est ce moment-là qui nous plaît, celui d’habiller le tout-petit qui vient de naître, qui n’est pas encore habillé avec des prints, des coupes, des marques, etc. Plus tard, elle choisira des vêtements plus fonctionnels qui passent en machine lorsque le bébé aura renversé sa purée de carottes ou qui ne s’abîment pas quand le bébé marche à quatre pattes, et puis elle lui mettra des vêtements avec un « style », des effets de coupes, de couleurs, etc. Là, la layette Molli, c’est un peu le mini-Molli, une petite ligne intemporelle craquante. C’est plus une matière raffinée et moelleuse qui vient habiller le nouveau-né. Et je pense que c’est ce qui fait que la marque a pu facilement habiller des femmes, parce qu’il n’y avait pas de «style» associé à la layette Molli, c’était une ligne pure et simple, une «matière» qui pouvait facilement s’adapter à l’adulte.
Nous avons immortalisé un goûter avec vos enfants : cloisonnez-vous vos univers famille/travail ou est-ce que tout communique ?
J’en parle évidemment chez moi, comme je parlerais de mes journées de bureau si je n’étais pas en charge de Molli. Ils suivent tout ça d’un peu loin. Et puis, ma famille est très sponsor, mes soeurs et belles-soeurs, ma mère, etc. sont des ambassadrices de tous les jours qui vivent en Molli.
Qu’est-ce que vous transmettez au quotidien à vos enfants ? Quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à coeur ?
Je leur apprends la politesse qui est une marque d’attention aux gens et aux choses. Ce qui me tient à coeur, c’est qu’ils deviennent bienveillants, c’est pour moi un signe de maturité.
Qu’aimez-vous faire avec eux?
J’aime les moments où l’on est tous au même rythme. Pour cela, les voyages, les balades en vélo ou les vacances au ski sont des moments que j’apprécie particulièrement. Depuis l’année écoulée, nous avons passé et passons encore beaucoup de soirées ensemble et nous jouons beaucoup au backgammon ou aux cartes (aux tarots, notamment).
Que reproduisez-vous de votre enfance? Que rejetez-vous?
Je reproduis les vacances en famille (avec cousins et grands-parents) et ne rejette pas grand-chose, ayant en fait beaucoup aimé mon enfance.
Quel est le rituel familial auquel vous ne dérogez jamais ?
Depuis des années, les enfants «campent» une fois par mois avec leur matelas et leur couette dans notre chambre. On craque encore en se disant que bientôt, ils ne voudront plus.