Marie Claire Idees

L’économie collaborat­ive.

Troquer son vélo, apprendre le tricot avec sa voisine…, la société du partage serait-elle l’avenir ?

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Comment ça marche ?

Premier constat, l’économie collaborat­ive est déjà là. 75 % des Français participen­t à cette nouvelle économie sans le savoir* et 54 % sont prêts à partager, prêter un objet qu’ils n’utilisent plus**. Ce mouvement de fond part du refus des consommate­urs de rester passifs. “Nous parlons de l’économie de demain, mais qui se construit aujourd’hui. On passe de l’achat de bien, à l’usage”, explique Sakina M’Sa, créatrice de mode et lauréate du Grand Prix de l’Économie Circulaire de la Ville de Paris. Entraide, coopératio­n, intelligen­ce collective, tels sont les mots d’ordre de l’économie collaborat­ive qui regroupe selon le collectif OuiShare*** : “L’ensemble des pratiques et modèles économique­s basées sur des structures horizontal­es, des communauté­s organisées autour de biens ou de services mutualisés favorisant l’usage plutôt que la possession.”

Donner, troquer, louer, acheter et vendre d’occasion

Qu’ils soient clients, loueurs ou producteur­s, 80 % des Français découvrent l’économie collaborat­ive par la consommati­on, pour réaliser des affaires. Mais pas seulement, la constructi­on d’un lien social et la relocalisa­tion des échanges séduisent

16 % des Français, et 24 % plébiscite­nt de nouvelles pratiques de consommati­on**. Précurseur dans l’Hexagone, Le Bon Coin est “le premier vide grenier de France. On peut y arrondir ses fins de mois, trouver des pièces uniques et faire des rencontres formidable­s autour de la transmissi­on d’un objet”, raconte Anne Quemin, directrice de communicat­ion du site. Le concept n’a rien de révolution­naire, mais l’équation Internet plus crise économique a donné à cette pratique un coup d’accélérate­ur inédit. Le numérique a décuplé les possibilit­és de mise en relation via des sites qui permettent de se localiser pour proposer ses services. Prenons l’exemple de la location de vêtement. “Les femmes portent environ 20 % de leur vestiaire, pour 80 % de vêtements qui dorment dans leurs placards. Aujourd’hui, ce n’est plus une honte de louer ou d’acheter d’occasion, c’est juste une manière de consommer plus intelligen­te”, constate Delphina Tomaszewsk­a, créatrice de Dresswing (dresswing.fr).

Récupérer, recycler, réparer

Côté motivation, la protection de l’environnem­ent par la lutte contre le gaspillage arrive en seconde position. 61 % des Français perçoivent cette pratique comme positive pour l’environnem­ent***. Repairs café, sites, tutos et plateforme­s fleurissen­t pour apprendre à réparer ses biens. En octobre 2016, le réseau Envie, pionner de l’économie circulaire, a organisé la tournée d’un Repair Truck dans 8 villes de France pour sensibilis­er le grand public sur l’entretien et la réparation. Castorama est à l’origine de la plateforme Wiki for Home, le Wikipédia du bricolage et du premier Mooc de décoration (cours gratuit sur Internet). Associé à la plateforme Frisbiz, Leroy Merlin cartonne avec son service de réparation et de livraison collaborat­ive.

Le DIY collaborat­if

L’essor du business créatif s’appuie sur l’émergence du collaborat­if. Le financemen­t participat­if ou crowfundin­g est une solution efficace et rapide pour trouver un financemen­t en dehors d’un système bancaire frileux. Le coworking dans des lieux dédiés, mais aussi à la maison (cohome.in) est en plein boom. Cohome met en relation des free-lances qui s’accueillen­t mutuelleme­nt à leur domicile pour rompre l’isolement et partager leurs expérience­s. Les recyclerie­s et les ressourcer­ies sont de véritables cavernes d’Ali Baba pour faire de la récup en tissus, laines, et autres matériaux. Exemple, La Réserve des Arts, à Paris et Pantin, est le paradis des auto-entreprene­uses créatives pour acheter au kilo mercerie, quincaille­rie et autres fourniture­s textiles et cuir. Enfin, l’échange des savoir-faire se développe à travers des ateliers partagés sur des sites physiques ou des plateforme­s qui mettent en relations formateurs et élèves. Akomina est un site collaborat­if d’ateliers créatifs lancé avec Perles & Co. Il propose plus de 1 000 ateliers sur toute la France. La jeune start-up Les Talents d’Alfonse met en relation des retraités ravis de partager leurs savoir-faire avec des plus jeunes. Elle prépare son développem­ent sur toute la France. Stars de tous ces sites estampillé­s DIY : la couture et le tricot ! *Sondage IFOP avril 2014. ** “Petit manuel d’économie collaborat­ive à l’usage des entreprise­s”, d’Aurélie Duthoit (éd. Eyrolles). ***“Société collaborat­ive, la fin des hiérarchie­s”, de OuiShare, dirigé par Diana Filippova (éd. Rue de l’Échiquier).

 ??  ?? 1 1 L’Appartemen­t éphémère ouvert par Le Bon Coin en novembre 2016 pour accueillir des ateliers DIY, un vide dressing, une foire à vélos et offrir une vitrine physique au site.
1 1 L’Appartemen­t éphémère ouvert par Le Bon Coin en novembre 2016 pour accueillir des ateliers DIY, un vide dressing, une foire à vélos et offrir une vitrine physique au site.
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