C’EST D’ACTU
LES LIEUX HYBRIDES DÉBRIDENT NOS ENVIES. DE MARSEILLE À PARIS, ILS POUSSENT PARTOUT CES DRÔLES D’ENDROITS QUI EXPÉRIMENTENT DE NOUVELLES SENSATIONS POUR RÉINVENTER ET SE RÉAPPROPRIER LA VILLE. LAISSEZ-VOUS SURPRENDRE !
La ville métissée
LA RENAISSANCE DES SITES ABANDONNÉS
Des gares, des entrepôts, des parkings, tous réinvestis et transfigurés… À l’image de Berlin, la France s’ouvre aux lieux alternatifs, savant mix de création, de culture et de convivialité. « Aujourd’hui, on a envie de consommer différemment. D’où l’émergence de ces lieux pour la plupart éphémères. On est dans l’ère du “now” et l’information est diffusée sur les réseaux sociaux », décrypte Bénédicte Fabien, directrice Stratégie et Création chez Martine Leherpeur Conseil. Adieu les lieux figés, vive les friches urbaines ! Pénétrer dans des entrepôts de la SNCF comme à L’Aérosol, un lieu parisien dédié à l’art urbain, écouter des concerts de jazz à La Gare, une ancienne gare de la petite ceinture, ça c’est magique. Hier « underground », ces lieux abandonnés deviennent « mainstream », autrement dit : tendance. On peut même voir une expo dans un ancien parking souterrain de La Défense, L’Alternatif, ou encore acheter ses légumes à La Caverne, ferme urbaine bio aménagée dans un parking souterrain de la Porte de la Chapelle… Autre phénomène, l’envie de mixité et de territoires nouveaux. « Les no-go zones deviennent les go zones, on désire les réinvestir avec des “free party,” des
marchés et des ateliers créatifs. On n’est plus dans l’aseptisé, on veut du vrai », explique Bénédicte Fabien.
ACCOMPAGNER UN QUARTIER EN DEVENIR
Car créer du lien, c’est aussi l’autre pari de ces lieux pas comme les autres, qui utilisent des espaces vacants pour vivre autrement la ville. C’est un challenge que relève l’association de Yes We Camp (qui a travaillé sur les projets des Grands Voisins). Aujourd’hui, l’équipe planche sur La Pépinière des Groues, à Nanterre (ouverture au printemps). Un terrain de 9 000 m2 en pleine mutation sociale.
LES HÔTELS, NOUVEAUX LIEUX DE VIE DES CITADINS
Créer un trafic entre la population locale et celle de l’extérieur, c’est le désir d’une nouvelle génération « d’hôtels à vivre ». Ils s’appellent The Hoxton Paris, le Yooma ou le Mob Hotel et, au sein de leurs hôtels, ils organisent des ateliers, des rencontres… « Comme à Brooklyn, il faut élargir cette vision du périphérique », note Cyril Aouizerate, à la tête du Mob Hotel de Saint-Ouen. « Dans mes hôtels, je fais rentrer la vie et la ville : pop-up stores de créateurs locaux, conférences, concerts… », conclut-il. Au printemps, près du Trocadéro, l’hôtel Brach Paris designé par Philippe Starck risque de faire le buzz. Car ce cinq étoiles veut imposer sa « philosophie de vie » : restaurant, pâtisserie, salle de sport et potager sur le toit avec vue à 360° sur Paris !
LA CULTURE DÉCOMPLEXÉE
S’ouvrir sur le monde et ne pas rester dans « son » monde, c’est aussi faire venir l’art dans des lieux inédits pour le rendre accessible à tous. À Roubaix, La Condition Publique est une sorte de laboratoire créatif mêlant coworking, expos, concerts, etc. En périphérie de Marseille, la Friche de l’Escalette a investi une ancienne usine métallurgique. On y visite, l’été, une exposition thématique avec un médiateur. Même combat pour Le Hasard Ludique, un lieu de vie culturel et collaboratif parisien dans une ancienne gare. Bonne exploration !