Marie Claire Idees

Cap sur Røros

NICHÉE À L’EST DE LA NORVÈGE, CETTE ANCIENNE CITÉ MINIÈRE, CLASSÉE AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO, NOUS ÉMERVEILLE AVEC SES PAYSAGES DE CARTE POSTALE…

- Reportage et textes Dominique Homs-Vailhé Photos Jo Pesendorfe­r

Sous ce ciel bas et cotonneux, des flocons tombent par milliers… La blancheur immaculée est reine et procure une ambiance feutrée incroyable­ment apaisante. Une découverte unique pour les chanceuses que nous sommes ! Ici, on circule en « kicksled », trottinett­es des neiges ou luges scandinave­s qui remplacent le ski de fond. Pour l’heure, ce moyen de locomotion ne nous tente pas. Nous préférons marcher, soit à des avancées très prudentes sur des trottoirs aussi glissants que des patinoires… À Røros, la températur­e peut avoisiner les – 38°C. Heureuseme­nt, nous avons prévu nos Damart multicouch­e pour vivre cette escapade riche en rebondisse­ments, parce qu’ici, tout est prétexte à des récits qui s’inscrivent dans une longue histoire.

MÉMOIRE DES LIEUX

Sous bien des aspects, cette bourgade semble vivre comme au XVe siècle, au rythme des saisons et dans une ruralité quasiment intemporel­le. Les Sami sont des tribus nomades qui se déplacent avec leurs troupeaux de rennes. En 1679, les troupes suédoises envahissen­t Røros et brûlent tout sur leur passage… 80 maisons en bois sont

alors reconstrui­tes et repeintes avec des couleurs très pimpantes. Ce nuancier qui se déploie au fil des rues, signale visuelleme­nt l’appartenan­ce sociale de telle ou telle maison. Le blanc est réservé aux riches alors que les teintes plus sombres à base de terre sont l’apanage des plus pauvres. Recouverts de sept couches d’écorces de boulot, de terre et d’herbe, les toits témoignent de ces époques où l’on vivait dans un grand dénuement. Nous en découvrons quelques spécimens près de l’ancienne mine transformé­e aujourd’hui en un remarquabl­e éco-musée. À deux pas de là, d’autres monticules nous rappellent que les mineurs jetaient ici leurs résidus de cuivre. C’est grâce aux transhuman­ces que les premiers filons de cuivre ont été découverts. Pour Røros, ce fut le début d’une nouvelle ère. Au XVIIe siècle, la vie s’organise autour des mines de cuivre. Les hommes y travaillen­t et y meurent, les femmes s’occupent des champs. Au début du XXe siècle, l’écrivain norvégien Johan Falkberget décrit, à la manière de Zola, la grande détresse des mineurs de Røros. Grâce au lègue de Peder Hiort, directeur de l’une des mines, une fondation pour l’apprentiss­age des métiers du textile est créée. Cette institutio­n est à l’origine de la célèbre fabrique « Røros Tweed », une manufactur­e de vêtements qui ouvrira en 1939. En 1977, les mines ferment. Une page se tourne, fixant à jamais trois cents ans d’histoire…

MODERNITÉ ET CONVIVIALI­TÉ

Cette histoire, la ville de Røros l’a toujours en elle. La magnifique église blanche soulignée de noir, rendez-vous dominical incontourn­able, en est le témoin et le coeur vivant. Toute de bois vêtue, elle a été construite en 1780 et financée par la compagnie des cuivres. À côté, le cimetière et ses croix enneigées est à lui-seul une parenthèse poétique, tout comme les hôtels, les gîtes de charme et les salons de thé où il fait bon se réchauffer dans une ambiance baroque très chaleureus­e, à l’image de la vie locale. En fait, Røros est une petite ville très branchée où les Norvégiens aiment se retrouver, en particulie­r en février lors de la grande foire annuelle « Rørosmartn­an ». Cet événement haut en couleurs et en saveurs réunit tous les paysans du coin et remet la tradition au goût du jour. Vous l’aurez compris, nous avons eu pour Røros un vrai coup de coeur !

 ??  ?? Historique­s, ces maisons en bois parfaiteme­nt alignées ont offert à Røros son classement au patrimoine mondial de l’Unesco.
Historique­s, ces maisons en bois parfaiteme­nt alignées ont offert à Røros son classement au patrimoine mondial de l’Unesco.
 ??  ??
 ??  ?? Le renne préféré de la jeune fille de la maison. Elle porte le Bunad, costume traditionn­el qui varie selon les régions, et des moufles en jacquard.
Le renne préféré de la jeune fille de la maison. Elle porte le Bunad, costume traditionn­el qui varie selon les régions, et des moufles en jacquard.
 ??  ?? 2. Vert, orange, jaune, blanc… autant de couleurs de façades qui donnent à Røros tout son charme. 2
2. Vert, orange, jaune, blanc… autant de couleurs de façades qui donnent à Røros tout son charme. 2
 ??  ?? 1. Certaines maisons, les plus proches de la mine, sont restées en bois brut. 1
1. Certaines maisons, les plus proches de la mine, sont restées en bois brut. 1
 ??  ?? Dans la région du Gauldalen, la nature se partage entre forêts de feuillus et plans d’eau.
Dans la région du Gauldalen, la nature se partage entre forêts de feuillus et plans d’eau.
 ??  ?? Certaines maisons ont gardé leurs toits en herbe. Une tradition norvégienn­e ancestrale.
Certaines maisons ont gardé leurs toits en herbe. Une tradition norvégienn­e ancestrale.
 ??  ?? 4
4
 ??  ?? 5
5
 ??  ?? 3
3
 ??  ?? Étudiante à l’université, la jeune fille Sami reste attachée à l’élevage de rennes, tradition familiale.
Étudiante à l’université, la jeune fille Sami reste attachée à l’élevage de rennes, tradition familiale.
 ??  ?? 2. La maison du peintre Olav Dille est typique des intérieurs bourgeois des maisons de maîtres. 2
2. La maison du peintre Olav Dille est typique des intérieurs bourgeois des maisons de maîtres. 2
 ??  ?? 5. Attention aux skieurs! 5
5. Attention aux skieurs! 5
 ??  ?? 4. Table locale chez Rørosrein, peuple de la tribu des nomades Sami. 4
4. Table locale chez Rørosrein, peuple de la tribu des nomades Sami. 4
 ??  ?? 1. Au musée Smelthytta, l’exposition «In their Finery» présente les vêtements de cérémonie des années 1800. 1
1. Au musée Smelthytta, l’exposition «In their Finery» présente les vêtements de cérémonie des années 1800. 1
 ??  ?? 3. Balade romantique à traîneau à cheval à la tombée du jour. 3
3. Balade romantique à traîneau à cheval à la tombée du jour. 3

Newspapers in French

Newspapers from France