Marie Claire Maison

Le style collector

C’est dans le centre historique de Gand que Frédéric Hooft, architecte d’intérieur iconoclast­e, a trouvé un lieu à la mesure de son incroyable collection de design où styles et époques cohabitent en harmonie.

- Par Claire Sordet Photos Christoph Theurer

Dans le centre historique de Gand, Frédéric Hooft a trouvé un lieu à la mesure de son incroyable collection

Sur rue, les murs datent de 1680. Sur cour, le bâtiment a été construit en 1850. En empruntant la passerelle vitrée qui relie les deux maisons, Frédéric et Eva font plus que passer d’un lieu à l’autre : ils traversent les époques et interrogen­t leur rapport au passé, au temps et aux objets. Graphiste free lance, Eva, qui travaille sur place, reconnaît qu’il lui est “difficile d’imposer son univers” tant Frédéric occupe l’espace avec ses collection­s. “C’est mon boulot, difficile de faire autrement”, se justifie en souriant celui qui, depuis l’âge de 18 ans, accumule les meubles des années 40 à aujourd’hui. “Ma maison n’est pas finie et ne le sera jamais, avoue-t-il. Je préfère vivre comme ça et m’entourer de belles choses.” Dans son décor, quelques pièces emblématiq­ues des années 40 à 60 – Le Corbusier, Willy Van der Meeren, Maarten Van Severen, Mathieu Mategot ou encore Jean Prouvé. À côté des stars du genre, il y a aussi des anonymes, chinés de vide-greniers en ventes aux enchères mais toujours choisis avec conviction. Chez lui, les plus belles pièces ne sont pas toujours là où on les attend. “Je ne vois pas l’intérêt d’une cuisine toute faite à 30 000 euros qui va rester là des années, je préfère mon étagère de Prouvé suspendue au mur.” Et si son intérieur donne le sentiment d’être resté dans son jus alors qu’il a refait cuisine et salle de bains et abattu des cloisons pour agrandir les espaces, c’est que Frédéric déteste la peinture. Vieux planchers et plafonds écaillés ont été laissés en l’état et les murs ont été plâtrés à l’ancienne. Ce savant mélange de vintage et de matériaux bruts originaux comme ce polyester dont il a fait sa douche, voilà ce qui caractéris­e la “patte Hooft”. “Tout ce que je mets dans mes réalisatio­ns, c’est ce que j’aime pour moi. J’achète les meubles que je voudrais et je ne prends que des clients qui adhèrent à mes goûts.” Un choix radical mais surtout une formidable excuse pour continuer à chiner, à collection­ner et à stocker !

 ??  ?? Fauteuil blanc “Marenco” de Mario Marenco, 1960 (réédité par Arflex en version trois places). Fauteuil Lucien Engels, 1954. Lampadaire de Jacques Biny (Luminalite). Tables en bois George Nakashima (“Wepman Table”, 1940). Petit fauteuil en cuir noir...
Fauteuil blanc “Marenco” de Mario Marenco, 1960 (réédité par Arflex en version trois places). Fauteuil Lucien Engels, 1954. Lampadaire de Jacques Biny (Luminalite). Tables en bois George Nakashima (“Wepman Table”, 1940). Petit fauteuil en cuir noir...
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minimalist­e réalisée sur mesure, bahut suspendu Jean Prouvé. Lampe rouge Christophe Gevers. Tabouret “Cabanon” Le Corbusier (réédité par Cassina).
Dans la cuisine minimalist­e réalisée sur mesure, bahut suspendu Jean Prouvé. Lampe rouge Christophe Gevers. Tabouret “Cabanon” Le Corbusier (réédité par Cassina).

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