IE PARISIENNE
V“Bousculer le bon vieux vocabulaire français !” Avec son franc-parler, le décorateur Jean-Louis Deniot résume une métamorphose menée tambour battant, en un an et demi à peine. “Les délais, en m’obligeant à être très rapide, m’ont aidé à me détacher de l’existant et inspiré un design plus ‘ frais’” explique-t-il. Pour son premier hôtel parisien, le groupe français Evok, qui différencie chacun de ses établissements en donnant “carte blanche” à des designers et décorateurs emblématiques – comme Philippe Starck pour un projet parisien d’ici à la fin 2017 – a choisi d’anciens bureaux haussmanniens. Dès la réception, le décorateur déploie son savoir-faire et impose sa patte spectaculaire, puisant dans les matériaux luxueux qu’il affectionne pour les mettre en scène en suivant son intuition, comme cette sculpture en bronze “épinglée” au mur… comme une broche. Ou ce surprenant “pommier japonais”, sorti de ses carnets à dessin, dans le salon d’hiver. Loin de figer la partition d’un décor classique, Jean-Louis Deniot la réinterprète sur un tempo intimiste, jouant les camaïeux de bleus et d’émeraude sur du velours et virevoltant à la manière d’un Offenbach célébrant l’art du bien vivre à Paris. Puisant dans le constructivisme et l’énergie des années 30, il joue avec une surenchère de miroirs, le laiton à foison, “fracture” les boiseries et même le parquet, remplacé par du béton ! Pour accéder aux quarante-cinq chambres et suites, “des bulles pour se sentir seul au monde”, le décorateur est néanmoins resté fidèle à “ce gris éternel dont [il] n’arrive pas à se passer !” Chiné ou réalisé sur mesure, le mobilier parachève l’atmosphère unique de chaque chambre, ou celle plus effervescente de la brasserie Réjane. Ouverte sur l’avenue de l’Opéra, et organisée autour d’un “arbre de vie”, elle est cosy grâce à “ce point d’ancrage qui arrête les regards”. Et partout, la french touch du décorateur pour un lieu qui semble dire “ça, c’est Paris !” À lire : “Jean-Louis Deniot Interiors”, de Diane Dorrans Saeks, photographe Xavier Béjot, éd. Rizzoli.