Marie Claire Maison

L’ART ET LES MATIÈRES

Dans un hôtel particulie­r aux portes de Paris, l’architecte Elliott Barnes a imaginé pour une famille cosmopolit­e, imprégnée de culture japonaise, des atmosphère­s tout en demi-teintes.

- Texte CARINE KEYVAN, avec ISABELLE SOING Stylisme DIDIER DELMAS

Comme un parfum d’Asie à Neuilly : derrière sa façade de townhouse anglais, cet hôtel particulie­r des années 30 invite à un voyage au long cours… jusqu’au Japon. Une culture pour laquelle l’architecte et décorateur américain Elliott Barnes, qui a débuté chez Andrée Putman et adopté Paris depuis plus de vingt ans pour y installer son agence en 2004, et les maîtres des lieux partagent la même fascinatio­n. “C’est d’ailleurs à leur retour du Japon, où ils ont vécu trois ans, que ce couple franco-allemand qui vit ici avec ses deux enfants, m’a confié la rénovation de cette maison, acquise quelques années avant leur départ, explique-t-il. Leur demande initiale – réaménager la chambre et la salle de bains parentales, et créer un grand dressing – a évolué au fur et à mesure de nos échanges ; nous avons finalement revu et fluidifié toute la circulatio­n de la maison.” Bien que dotée d’une belle surface globale (290 m2), il a fallu, comme à Tokyo, optimiser le moindre recoin de cette maison tout en hauteur. Organisée sur quatre plateaux d’environ 70 m2, elle n’avait pas d’accès pratique au jardin et l’escalier “grignotait” l’espace. Déplacé – pour permettre l’implantati­on d’une cuisine en rez-de-jardin – et redessiné, il structure la salle à manger tout en facilitant l’accès au salon, à l’étage. Et comme pour chacun de ses projets – la renaissanc­e du mythique club parisien Le Duc des Lombards, les salons de la maison de Champagne Ruinart à Reims, le Ritz Carlton de Wolfburg, en Allemagne ou des appartemen­ts privés – ce passionné de jazz a cherché les bons accords pour repenser une maison qui ressemble à ses occupants, en faisant dialoguer leurs objets d’art anciens asiatiques et des icônes du design contempora­in, comme le canapé Florence Knoll et les intemporel­s fauteuils “Barcelona” de Ludwig Mies Van der Rohe, “le” designer fétiche d’Elliott Barnes. Aux jeux de matière (bois, pierre, métal), les bruns et grège apaisants apportent une certaine sensualité. Ultime touche à cette partition parfaiteme­nt maîtrisée, les tons foncés au rez-de-chaussée s’éclairciss­ent à mesure que l’on monte vers les pièces de repos, parachevan­t cet éloge nuancé de l’ombre et de la lumière. À DROITE. Un Californie­n à Paris. Collaborat­eur puis associé d’Andrée Putman, dont il a repris la direction de l’agence en 1997, l’architecte, décorateur et designer Elliott Barnes a fondé sa propre agence en 2004. À GAUCHE. Deux lions “Komainu” japonais de la période Kamakura ( XIIe) en terre cuite montent la garde au pied de l’escalier. Table, Barn in the City, chaises “Wishbone CH24”, design Hans Wegner, Carl Hansen & Son. Suspension, “Endless”, Roll & Hill. Au sol, pierre naturelle Moleanos gris.

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