72 HEURES À GLASGOW AVEC LES TIMOROUS BEASTIES
En 1990, Glasgow est déjà la plus branchée des capitales européennes de la culture. Deux garcons, Paul Simmons et Alistair McAuley, étudiants en design textile, sortent de la très réputée Glasgow School of Art et ouvrent leur studio sous le nom de Timorous Beasties, “petites bêtes peureuses”, nom emprunté au poète Robert Burns: “Nous n’étions ni l’un ni l’autre!” Première provoc de ces deux gaillards dans une époque post-punk en crise: “Nous allions secouer les codes et les graphismes de cette création un peu maniérée que sont les étoffes.” Leur défi de créer tissus et papiers peints extravagants culmine dans le succès de leurs versions trash et urbaines de notre toile de Jouy et dans l’éclosion de buissons efflorescents jusqu’à l’hallucination, sorte de planches à la William Morris sous acide. Derrière eux, sur l’image, “Topical Tropical”, “Kaleido Bloc” et “Kaleido Splatt” sur le sofa. Pour eux le principal attrait de Glasgow est l’espace disponible dans cette ville un peu rugueuse qui, après la disparition de ses industries ploutocrates, deuxième plus riche cité de l’empire victorien, s’est réinventée. Délaissant son centre aux bâtiments marchands munificents, elle renaît à l’Ouest, réinvestissant ses “terraces” de grès doré et gentrifiant les quartiers populaires du West End et de Finnieston, tout en bordant les quais désertés de la Clyde d’architectures choc signés des studios Foster ou Hadid. Selon Paul, “Glasgow boxe au-dessus de sa catégorie, mais une solide culture urbaine permet d’y prospérer”. Comme y prospère une incroyable quantité de pubs, de cafés et de bistrots: “La qualité de la vie à Glasgow est inégalable pour des prix plus qu’abordables.” On les croit et on les suit.
www.peoplemakeglasgow
ASHTON LANE
Ruelle pavée, coeur de la nouvelle “pub society” du West End: au 29, chez Jinty Mc Ginty, on boit de la Guiness entre jardin et salle bondée le jeudi soir pour écouter des musiciens locaux. Au 12, l’Ubiquitous Chip, à la fois pub, restaurant cossu aux “haggis” réputés et brasserie en mezzanine noyée dans les plantes. Au 24, le Grosvenor Cinéma, ambiance club avec fauteuils de cuir et un café/bar géant accueillant les cinéphiles.
TIMOROUS BEASTIES
Boutique écrin présentant les créations de nos designers dont leur interprétation dorée du chardon
national écossais (en vitrine), entre autres luxueuses impressions sur étoffes, du lin au velours, mais
aussi sur papiers peints et tapis, assortis de coussins et d’abat-jour
explosant de couleurs. ❚ 384 Great Western Road, www.timorousbeasties.com
CAIL BRUICH
“Bien manger” en gaélique, nom mérité pour la cuisine virtuose et récompensée d’un jeune chef qui concocte, selon les saisons, des plats aux associations audacieuses de produits du garde-manger écossais : coquilles Saint-Jacques mariées aux joues de porc, haddock et mérou au poivre, arrosées d’un cocktail détonnant aux baies de “sea buckthorn”.
❚ 725 Great Western Rd., 0141 3346265.
CÔNE ICÔNE
Le cône rouge et blanc de signalisation dont les noctambules éméchés coiffaient régulièrement la statue du duc de Wellington, face à la Gallery of Modern Art dans Merchant City, en est devenu, par pétition massive, un attribut permanent, symbole de l’humour rebelle et irrévérencieux des Glaswegians.
OX AND FINCH
Décor style salle de classe, avec carrelages et haute cave-bibliothèque, dans ce nouveau bistrot de Finnieston, fréquenté par Paul Simmons et autres foodies, pour “ses exploits culinaires à prix très modérés” consistant en une farandole inventive de plats à partager.
❚ 920 Sauchiehall St., 0141 3398627.
POINT A
“Budget Hotel” malin du city center d’où le superflu est banni. Considérés nécessaires, une literie haut de gamme, un bon design épuré – dont un lobby tapissé de papier peint des Timorous Beasties “Horizontal Decouper” – et toute la technologie contemporaine. Un concept qui enchante ses hôtes.
❚ 80 Bath St. 141 3522650, www.PointAHotels.com, chambres doubles de 39 à 100 £.
FINNIESTON EST LE COIN LE PLUS HYPE DU ROYAUME-UNI
6 BY NICO
Juste ouvert par Nico Simeone, restaurateur déjà adulé du 111 by Nico, dans une rue en pleine gentrification de Finnieston,
ce petit restaurant pimpant se propose de changer toutes les 6 semaines son menu
dégustation de 6 plats, fait de variations surprenantes autour d’un thème tel “Friture British” ou “Enfance”, pour 25 £ seulement !
❚ 1132 Argyle St, 0141 3345661.
THE ALFRED HOTEL
Dans cette demeure victorienne, chargée d’âme et de bibelots, on est accueilli au coeur du West End comme dans une famille… qui vous envoie vite à l’église voisine devenue l’ “Oran Mor”, ensemble néo-gothique de night club-pubbrasserie-salle de concert à champagne bar, prêt à combler toutes envies.
❚ 1 Alfred Terrace, 0141 357 3445, www.thealfredhotelglasgow.co.uk., chambres de 80 à 100 £.
THE MODERN INSTITUTE
Deux adresses pour cette galerie et ses provocants artistes internationaux comme Urs Fisher ou Richard Wright ou locaux tel Scott Myles qui y a installé son studio (ci-contre) pour y exposer très conceptuellement, face au public, sa pratique et ses contingences, d’imprimeur et de photographe.
❚ 14-20 Osborne St. et 3 Airds Lane, www.themoderninstitute.com
SUR LES QUAIS
Paul comme Alistair emmènent femmes et enfants se promener le long de la Kelvin River, du West End jusqu’aux universités et musées qui bordent le parc vallonné de Kelvingrove.
MR BEN
Fouillant depuis des décennies les armoires et les greniers écossais, Mary Ann King est la reine du “retro clothing”. Dans un apparent fouillis (tout est minutieusement étiqueté), on déniche dans cette capsule vestimentaire temporelle aussi bien des uniformes chamarrés que des tee-shirts punks ou des robes de stars.
❚ Kings Court Arches.
HOOS
Le “lifestyle” autant que le design que propose Karen Harvey dans son nouveau concept-store enchantent les Timorous Beasties, ses voisins du
West End, par son éclectisme international et ses choix pointus, des plaids luxueux de Wallace & Sewell aux classiques bols “Krenit”
minimalistes de Normann Copenhagen en passant par les sacs
ultra-pratiques de Paula Kirwood.
❚ 715 Great western Rd.
CRABSHAKK
Les plus frétillantes pêches d’Écosse se retrouvent dans cet antre du crabe, devenu un
classique de Finnieston s’allongeant sous des corniches ouvragées, du bar aux accents Art déco à une salle au look industriel
chic. On s’y glisse pour déguster des pinces de crabe (8,50 £ les 3) mais aussi poissons, coquillages et crustacés, dans la chaude proximité des businessmen et
créateurs du quartier.
❚ 114 Argyle St., 0141 334 6127.
HUNTERIAN MUSEUM
Paul adore mettre son fils nez à nez avec les collections de sciences naturelles de l’anatomiste William Hunter et de Lord Kelvin – du pied humain dans le formol aux nids d’oiseaux – dans ce vaisseau “qui vogue, dit-il, les cales remplies de merveilles, du macabre au jouissif ” sous les arches et les colonnades sculptées de ce gigantesque cabinet de curiosités.
❚ University of Glasgow.
THE BUTTERFLY AND THE PIG
Dans cette maison de quatre étages (pub, tea-room, restaurant et “Buff Club” pour concerts de rock), une famille d’émigrés italiens promet une cuisine de “granny” écossaise, servie dans des décors joliment désassorti.
❚ 151 Bath St., 0141 2217711.
STRAVAIGIN
Quintessence du bien manger et bien boire à l’écossaise à prix raisonnables dans les salles, genre brocante néo-industrielle, d’une institution qui “pense
global et mange local”, accommodant parfois les produits de son potager à des sauces exotiques tel le
porc au chutney de pomme épicé.
❚ 28 Gibson St, 0141 334 2665.
DAKOTA DELUXE
D’un vieux building revampé du centre-ville,
Ken McCulloch, nabab de l’hôtellerie et sa femme Amanda Rosa, décoratrice, ont fait un refuge opulent aux tons feutrés et au
confort s’attachant à proposer des luxes abordables et un style “modern-classic” à une
clientèle internationale.
❚ 179 W Regent St., 0141 404 3680,
chambre à partir de 120 £.
THE HANOI BIKE SHOP
Lampions, roues de vélos et bric-à-brac graphique dans cette excellente cantine vietnamienne favorite de la femme d’Alistair qui adore son “street food” authentique, ses délices végétariens, son tofu organique fait maison quotidiennement… et ses mini prix.
❚ 8 Ruthven Lane, 0141 334 7165.
W2
Dans une ancienne étable de la presque campagnarde Ruthven Lane (où se trouve
aussi le magasin vintage Starry Starry night), boutique de mode surprenante de simplicité qui, après avoir été “guerilla store” pour Comme des Garçons, accueille une
sélection de marques aussi pointues !
❚ 10 Ruthven Lane.
GLASGOW A AUGMENTÉ SES PLAISIRS, PAS SES PRIX