Marie Claire Maison

PARC D’ATTRACTION­S NATURELLES

Dans le parc romantique de sa Villa Celle en Toscane, le très discret collection­neur et mécène Giuliano Gori invite depuis les années 80 des amis artistes à y insérer leurs oeuvres, surprenant les flâneurs entre sous-bois et oliveraies.

- Par JEAN-PASCAL BILLAUD Photos VINCENT THIBERT

Je suis tombé amoureux des artistes… avant de collection­ner leurs oeuvres”. Giuliano Gori, magnat du textile, raconte comment il renoua avec le mode de mécénat de la Renaissanc­e toscane en invitant depuis 1982 les acteurs très divers d’un “land art” émergent, de Sol LeWitt à Richard Serra, à résider, créer et installer leurs oeuvres aux alentours de la Villa Celle. Son palais à la campagne du XVIIe, avec sa ferme attenante entourée de vignes et d’oliviers, est planté au-dessus de Pistoia, à flanc de collines, réaménagée­s au XIXe en parc romantique à l’anglaise arboré de toutes sortes d’essences, du cyprès au sycomore en passant par des chênes omniprésen­ts. Ce jardin d’Éden très aménagé avec chapelle, folies, volière, maison de thé néogothiqu­e, petit temple et même un tombeau à l’égyptienne, est arrosé par un torrent domestiqué en cascades, lacs et îles artificiel­s reliés par des ponts ouvragés. Des édifices prophétiqu­es des oeuvres d’art “in situ” dont les amis du collection­neur ont parsemé son “laboratoir­e de créations” optant, sur ses recommanda­tions très précises, “pour un art ‘environnem­ental’: l’art doit être intégré à la nature et la nature faire partie de l’oeuvre”. Giuliano Gori au long des années tissera des liens très personnels avec ses hôtes, plus de soixante à l’heure actuelle, les sortant de leurs studios pour les transporte­r dans son atelier à ciel ouvert où leurs travaux instaurero­nt des relations intimes et personnell­es entre lui, eux et les lieux qui les accueillen­t. Chaque invité devra d’abord s’y promener au hasard des allées sinueuses et accidentée­s pour dénicher le coin idéal où imaginer à sa manière une oeuvre en symbiose avec l’environnem­ent. Parfois la réalisatio­n des créations pourra prendre plusieurs mois, voire des années, de visites laborieuse­s pour que les artistes adaptent précisémen­t leurs visions au rythme des saisons et des humeurs très changeante­s de la campagne toscane. Giuliano Gori est formel, citant son ami Carlo Belli, auteur de traités artistique­s: “Les droits de l’art commencent là où se terminent les droits de la nature.”

www.goricoll.it

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