UNE EXPOSITION POUR FÊTER LES 70 ANS
Paille/Perriand Ce fut la chaise première, celle par laquelle tout a commencé en 1947, après que Robert Sentou eut mis sur pied La Chaise Paillée, un atelier installé dans le cadre d’un projet de réinsertion de prisonniers du centre pénitentiaire de Mauzac, dans le Sud-Ouest. Succès: Sentou ouvrira très vite une seconde fabrique à Lalinde, non loin de Bergerac. Spécialisés dans le paillage, le cannage et la réparation des chaises, les sièges RS Sentou font appel en 1950 à Roger Landault pour moderniser ce totem de l’ameublement. Venu du bureau de style Studium-Louvre, Landault sera l’un des chantres de la reconstruction mobilière et décorative de l’après-guerre. Ses chaises en paille, produites alors, fait rare, sous son nom, étaient vendues par les galeries du boulevard Saint-Germain, où Sentou fera la rencontre de Charlotte Perriand. En sortira une collaboration fructueuse dont Sentou ne peut rien exploiter aujourd’hui, puisque les droits de reproduction de toutes les oeuvres de Perriand sont détenus par Cassina. Il reste heureusement un grand nombre de formes et modèles libres dessinés par le bureau d’études de Sentou à Lalinde dans les années 50-60: l’un d’eux, assise et dossier en paille, est en cours de réédition.
Romanet (Pierre) Né dans la Drôme, Pierre Romanet monta à Paris en 1985 pour faire l’École Boulle. Son stage de dernière année fut accompli auprès du designer Marc Held, inventeur du siège “Culbuto”. Diplômé, il resta jusqu’à ce que son patron plaque tout pour filer vivre en Grèce. Sentou, alors fournisseur de l’agence, envisageait déjà sa retraite, chose faite le 31 décembre 1990. Le jeune homme semblait destiné à lui succéder. C’est ainsi que, tout juste âgé de 24 ans, Romanet mit un pied dans la porte en 1991. Aujourd’hui propriétaire associé de Sentou, on lui doit, entre autres, la création du label Sentou Édition en 1997 et l’ouverture du show-room de la Bastille, nombre d’expositions nourries par ses amitiés, goûts et partenariats. Son talent: donner à un produit une autre vie en lui conférant des traitements chromatiques éclatants. La preuve par 24 avec les lampes Jieldé.
Tallon (Roger) On le sait peu, mais le grand designer industriel, décédé en 2011, était le cousin germain de Robert Sentou. Le beau Roger vivait à Paris, connaissait un monde fou et en fit profiter le cousin du Sud-Ouest. Tallon oeuvrera aussi pour lui, dans les coulisses comme en vitrine, créant des meubles inédits comme rapatriant des pièces iconiques tel l’escalier hélicoïdal “Module 400” (1966) édité à l’origine par la Galerie Lacloche. C’est Tallon qui suggérera la formule Sentou Galerie et non l’inverse, histoire d’apparaître illico lors d’une recherche annuaire et Minitel. Moteur de recherche avant l’heure!
Siège “TS” T pour Tallon, S pour Sentou. Économie de matériau, efficacité graphique, totalement réversible et lauréate de l’un des concours lancé par Sentou: la chaise pliante en bois la plus radicale du design français fut à l’origine, en 1977, proposée en versions uni, bi et tricolore. Il y eut même une version baby pour le marché japonais. Rééditée en 2016, la “TS” est un autre des best-sellers de la maison, produite en trois couleurs standard et quatre en série limitée.
Wimpy Première chaîne de restauration rapide américaine ouverte en France, Wimpy s’installa à Paris à l’angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Soufflot, en lieu et place du café Capoulade. À cette occasion, le designer Roger Tallon fut sollicité pour dessiner, en 1960, une chaise, alu et contreplaqué moulé, montable sans outil en moins de cinq minutes. Puis il y eut mai 1968, les pavés, les barricades… Plus complexe qu’elle n’y paraît, la “Wimpy” est en cours de réédition.