SAINT-LOUIS CRISTAL ROYAL
PORTEFAIX DU PRESTIGE FRANÇAIS DANS LE MONDE, SAINT-LOUIS BRILLE D’UN ÉCLAT CRÉATIF UNIQUE SUR LES TABLES COMME EN LUMIÈRES. À L’HEURE OÙ LA CRISTALLERIE DÉVOILE UNE NOUVELLE COLLECTION SIGNÉE PIERRE CHARPIN, LA MAISON, FONDÉE EN 1767, MÉRITE SON INVENTAI
C’est Louis XV qui conféra en 1767 à l’ancienne verrerie de Müntzthal,
fondée en 1586, le titre de Verrerie royale de Saint-Louis, ainsi baptisée en hommage au roi Louis IX. Quinze ans plus tard, en 1782, dans le secret des murs de Saint-Louis, M. de Beaufort mettra au point la formule du cristal, soumise aux sages de l’Académie des sciences à Paris, parmi lesquels Lavoisier, Lamarck et Condorcet, qui en valideront le principe chimique. Rebaptisée Cristallerie royale de Saint-Louis, la manufacture deviendra en 1829 une société anonyme consacrée à la seule production du cristal et inventera notamment la notion du service de verres pour la table. Aujourd’hui propriété du groupe Hermès et dirigée par Jérôme de Lavergnolle, Saint-Louis symbolise avec éclat dans le monde entier toute l’excellence et le prestige français.
Arts & métiers
Jadis assimilés à la noblesse, car exemptés d’impôts et de travaux agricoles afin de préserver la finesse de leurs mains, les verriers lorrains étaient des gentilshommes portant épée. Privilèges et charges abolis, Saint-Louis compte dorénavant dans ses effectifs 220 verriers formés dans les lycées techniques de Moulins ou de Sarrebourg. Entrés en apprentissage à l’âge de 15 ans, soumis à un délicat enseignement durant six à huit ans, les verriers sont scindés en deux métiers : les souffleurs et les tailleurs. De la halle, coeur battant de la manufacture, aux ateliers (taille mécanique et manuelle, gravure, dorure, polissage), au “chaud” comme au “froid”, Saint-Louis compte de nombreux Meilleurs ouvriers de France, à l’oeuvre 24 h sur 24.
Cristal
Incomparable matière lourde, limpide, sonore et lumineuse née d’une boule de feu et du souffle des hommes, le cristal selon Saint-Louis vibre de tout le talent hérité de l’Histoire et de l’incroyable fantaisie créative et artistique inspirée par l’air des temps. Lancé sur les rails de la révolution industrielle, Saint-Louis, engagé dans une politique technique et artistique faite de redécouvertes et d’inventions se consacra dès le premier tiers du xixe siècle uniquement au cristal. Ainsi du cristal filigrane, du cristal coloré dans la masse, du cristal pressé, du cristal d’opale, du cristal doublé, voire triplé couleur. Des techniques parfois ravivées par les savoir-faire vénitiens ou bohêmes, appliqués à la verrerie de table, aux luminaires, aux vases, etc.
Designers
Le bel intermède Art déco mené par Jean Sala et Jean Luce avant-guerre relevant désormais du patrimoine, Saint-Louis, qui abrite un studio des plus actifs où l’artiste Patrick Neu est responsable de la création, a renoué avec la création contemporaine voilà plus de trente ans. Après l’artiste anglaise Teleri-Ann Jones (Bubbles), Olivier Gagnère (Cosmos), Matali Crasset (Omni), Hilton McConnico (Extravagance), Rena Dumas (Lydée), la cristallerie placée sous la direction artistique d’Anne Lhomme, a fait aussi appel à José Lévy, Laurence Brabant (La Potiche), Noé Duchaufour-Lawrance (Folia), Kiki Van Eijk (Matrice). Quant à Pierre Charpin, déjà auteur d’Intervalle, lancée en 2011, il fera l’événement en janvier 2021 avec une nouvelle collection transversale d’arts de la table, d’objets décoratifs puis de luminaires.
Gravure
Succédant au “chaud”, le cristal refroidi passe ensuite aux mains des verriers des ateliers de taille et de gravure. Taillé à la meule selon des motifs précis, poli main ou brillanté par trempe ou bain d’acides selon le type de verres traités et de motifs taillés, le cristal est ici soumis à une technique initiée par Saint-Louis en 1858 et développée depuis la fin du xixe siècle. Badigeonné de bitume de Judée, essence grasse naturelle, le cristal sur lequel ont été apposés des caches identiques à des pochoirs laisse à découvert les parties à motifs placés : durant la trempe, le cristal non protégé par le bitume sera attaqué par l’acide, et il suffira, une fois l’opération achevée, de retirer ces caches et de rincer le bitume pour que la gravure soitdégagée. Pour la gravure des monogrammes et des inscriptions, c’est la méthode du pantographe (gravure à la machine) qui prévaut.
Lustrerie
C’est en 1836 que Saint-Louis brilla de ses premiers feux avec des ouvrages de lustrerie en cristal qui éblouiront jusqu’au roi du Népal. Électrifiés en 1921, de six jusqu’à plus de cent lumières (sur commande spéciale), sans cesse réinventés, éclatant de chromies inédites, déclinés en candélabres, appliques, lanternes… les lustres mobilisent à temps plein la manufacture avec un site de production dédié. Modèle emblématique : le 36-feux, composé de 2528 éléments, haut de 2,20 mètres et déployant un diamètre de 1,58 mètre, pèse la bagatelle de 195 kilos.
Nancy
“Qui s’y frotte s’y pique”. Au début était le Chardon, emblème de la ville de Nancy. Ce fut le modèle d’un verre apparu vers 1880 puis recomposé en service créé à l’occasion de l’Exposition universelle de Nancy en 1909 qui marqua le triomphe de l’Art nouveau. Entente cordiale oblige, le service fut rebaptisé “Thistle” après que Louis Reyen en redessina la ligne générale restée piquante. Avec plus de cinquante références, “Thistle” est l’un des services Saint-Louis pléthoriques, occupant la table, le décor et le luminaire, jusqu’aux flacons de parfum, aux cendriers, aux flambeaux et au service à caviar.
Or
Deux techniques se partagent l’usage de l’or sur le cristal chez Saint-Louis : le décor à l’or, qui consiste à recouvrir le modèle d’une couche d’or liquide ou chlorure d’or, fixé par cuisson à 500°, poli, puis rendu brillant ou matifié; et l’incrustation à l’or fin 24 carats, réalisée au pinceau. Une technique appliquée aux petits détails de gravure ou aux monogrammes, ensuite polis ou brillantés à la pierre d’agate ou au sable fin.
P presse-papiers
Apparu chez Saint-Louis en 1845, le presse-papiers fait l’objet d’une collection de créations inédites dont les thèmes et les décors sont l’oeuvre de la seule fantaisie et de l’admirable dextérité des artistes et des maîtres verriers spécialisés. Chaque année, entre 75 et 250 exemplaires numérotés, millésimés et certifiés font le bonheur des collectionneurs du monde entier et se posent en authentiques et vibrants concentrés du savoir-faire de Saint-Louis. À ne pas confondre avec le sulfure, boule presse-papiers commémorative, renfermant un camée en céramique ou porcelaine, voire une médaille en or 24 carats célébrant un événement anniversaire (Toutankhamon, Elisabeth II…). Suivant la coutume du signe zodiacal chinois, l’édition 2021 sera consacrée au buffle, en édition numérotée et limitée à 88 exemplaires.
Production et patrimoine
Grâce à un bataillon d’artisans et maîtres verriers, Saint-Louis produit et diffuse les plus belles pièces en cristal du monde. Voilà quelques années, un audacieux musée a été conçu par les architectes parisiens Lipsky+Rollet. Leur concept inédit, posé plein bois de pin sur la Grande Place de la cristallerie, s’appréhende tel un grenier étagé sur plusieurs niveaux selon un circuit de visites, chronologique et didactique, et d’enthousiasmantes découvertes visuelles, articulé autour d’un puits de lumières jetées par cinq lustres de 18, 36 et 120 lumières, montés sur palans télécommandés afin que chaque visiteur puisse les admirer de près.