RIVIERA TENDRE EST LA VIE
LE STYLE RIVIERA CÉLÈBRE, SUR LA CÔTE D’AZUR DES ANNÉES 20, L’ÂGE D’OR DE L’ART DÉCO ET SON ESPRIT D’AVANT-GARDE, ENTRE LUXE ET RAFFINEMENT DÉCONTRACTÉ.
“Elle est belle, ma maison, vous ne trouvez pas?”
“Regardez comme la façade reflète la lumière. Je m’arrange pour qu’elle soit pleine de monde, jour et nuit…” F. Scott Fitzgerald fait sienne la confidence de son héros Gatsby le Magnifique. Car si Paris est une fête, les fastueuses villas et hôtels de la Riviera – en italien, le terme désigne principalement la Côte d’Azur de Menton au cap d’Antibes, avec les îles de Lérins et l’Estérel en toile de fond – le sont aussi pour le dandy de la littérature américaine et sa fantasque Zelda, durant leurs “french” et folles années de 1922 à 1926.
Art déco, jazz et paquebot
Plébiscitée dès la fin du XIXe par l’aristocratie britannique et russe, la région connaît un deuxième âge d’or après la guerre de 1914-18. En écho à l’opulence du style “paquebot” sur les transatlantiques, répond la modernité Art déco : ses frises et ornements à palmettes ou à motifs de fleurs stylisées, ses pieds de mobilier en lotus et ses volutes en fer forgé foisonnent, des Roches Blanches (Cassis) et de l’hôtel Juana (Juan-les-Pins), deux micro-palaces à colonnes doriques, à la “titan(ic)esque” façade blanche rythmée de bow-windows de l’hôtel Martinez (Cannes), construit en 1927. Architectes, ébénistes et ensembliers comme Ruhlmann imaginent des fauteuils club et du mobilier en bois rare – ébène, citronnier de Ceylan, sycomore –, osent les contrastes de matières
et effets de marqueterie avec la laque, le cuir, du parchemin, le galuchat… Ils créent aussi des fresques, des mosaïques – source d’inspiration pour Cocteau trente ans plus tard à Menton et à Cap-d’Ail. L’Art déco ose tout, même des colonnes façon Grèce antique, que réinterprète la villa Kérylos (voir ci-dessus) avec le confort de la fée électricité!
Motifs de vague et yachting
Happy few et artistes, de Cocteau au photographe
Jacques Henri Lartigue, raffolent de cette atmosphère solaire, bénie des dieux grecs où l’on bronze et s’encanaille en s’essayant au ski nautique naissant à Juan-les-Pins. C’est là, installé avec Zelda à la “villa Saint-Louis”, que Fitzgerald écrit “Tendre est la nuit”. Agrandie par l’architecte César Cavallin, elle devient l’Hôtel Belles Rives en 1929. Le palace, inscrit à l’Inventaire du patrimoine, conserve sa façade en pierre taillée en “écailles de tortue”, ses garde-corps aux lignes de vague, ses fresques géométriques, son hall en granito de marbre… jusqu’au “clac” de fermeture de la cabine en acajou de l’ascenseur!