LEURS PHOTOS, son roman
Tout est parti de cette enveloppe de photos achetée sur Leboncoin, des clichés d’une famille ordinaire qui ont donné l’envie à Isabelle Monnin d’en raconter l’histoire et de la mettre en chansons. Pour nous livrer l’étonnant et précieux objet littéraire
Avec « Les gens dans l’enveloppe », Isabelle Monnin signe un ouvrage étonnant, déclinant sur le même sujet – une famille réelle de Français moyens – une fiction, une enquête et un CD de chansons composées sur mesure par Alex Beaupain. Mais pourquoi ce titre ? Réponse aussi simple que surprenante : l’enveloppe en question, mise en vente sur le site Leboncoin, contenait deux cent cinquante photos d’une famille anonyme (dont une ou deux seulement étaient visibles sur l’annonce). L’auteure l’a achetée 10 €, et de cette simple curiosité est née l’idée de ce livre atypique. Marie Claire : Quelle mouche – ou quelle inspiration – vous a piquée pour écrire un livre à partir de ces vieux polaroïds anonymes ? Isabelle Monnin : Mon métier de base est le journalisme, lié à l’intérêt que j’éprouve pour les gens. Je fais aussi un peu de photo… alors ces clichés anonymes, même non légendés, m’ont parlé. L’idée m’est venue ensuite d’imaginer une histoire à partir des personnages de cette petite famille qui prenait la pose, puis de faire une enquête pour les retrouver et les rencontrer « en vrai ». Troisième volet de ce livre : les chansons qu’Alex Beaupain a eu envie de faire sur eux. Mais sur ces clichés, précisément, qu’est-ce qui vous a accrochée ? Une petite fille en pull rayé qui aurait pu être moi. Des gens simples à la banalité familière, ressemblant aux personnes de mon enfance. Et c’était une famille du Doubs (le seul indice trouvé au dos d’une photo), comme la mienne. Sur une autre, prise aussi vers la fin des années 70, on aperçoit un clocher, que j’ai pu identifier sur Google : celui du village de Clerval (dans le Doubs, entre Besançon et Montbéliard, ndlr). Je m’y suis rendue et j’ai pu remonter le fil de mon enquête. Dans la partie roman, écrite avant l’enquête, aviez-vous vu juste ? J’ai en effet commencé par la fiction, pour ne pas être influencée par la réalité. Les deux diffèrent sur plusieurs points, mais l’intuition que j’avais eue – ayant conclu à l’absence de la mère sur les photos – était juste : l’histoire de cette famille, sur trois générations, était basée sur l’abandon d’un enfant par sa mère.
22 €, sortie le 2 septembre.
éd. JC Lattès, LES PAROLES ET LA MUSIQUE D’ALEX BEAUPAIN « C’est presque mon frère », dit de lui l’auteure. Ils se sont rencontrés, il y a vingt-cinq ans, à Besançon – dans le Doubs, où vivent aussi les personnages de l’histoire… « J’ai trouvé son projet formidable. Quand elle me l’a raconté, je lui ai dit que je voulais en faire partie, tel un parasite », raconte Alex Beaupain en souriant. Il a écrit paroles et musique du CD intégré au livre, qu’il interprète aussi, avec Françoise Fabian, Clotilde Hesme, Camélia Jordana et… les vrais gens sortis de l’enveloppe.