Marie Claire

GEORGIA BARNES L’électro libre

Elle vient de Londres, compose sur son ordinateur et nous livre un premier album multipiste iconoclast­e (électro, post-punk, dub…). Un vrai choc, une explosion entre mélancolie et énergie.

- « Georgia Barnes », PAR PASCALE TOURNIER

Elle porte un prénom de titre de vieux blues et pourtant, sa musique rime avec modernité. Repérée il y a moins d’un an par le label indépendan­t Domino, Georgia Barnes, 25 ans, vous balance un véritable uppercut avec sa musique haletante, inventive et visionnair­e. Une déflagrati­on qui ne laisse pas indemne. Cette nouvelle amazone, au look militaire et aux boucles anglaises, fabrique, avec son MacBook Air, la bande-son de l’époque, digérant avec virtuosité toutes les influences venues des quatre coins de la planète : dub, hip-hop, R’n’B, électro, dancehall, post-punk, et autres touches exotiques. Au milieu des synthés mordants et des pulsations déroutante­s de son premier album s’intercalen­t parfois des batteries brésilienn­es et des bouts de musique pakistanai­se. « Un chauffeur de taxi londonien avec qui j’ai sympathisé m’a donné une cassette », expliquet-elle, vous dardant de son regard franc et direct. Le son est à la fois propre et sale, mélancoliq­ue – écho au divorce de ses parents – et énergique. On dirait Madonna dans ses meilleurs moments, la Canadienne Austra en moins dark, ou l’explosive M.I.A. en version total british. Née dans les quartiers nord-ouest de Londres, cette diva électro-post- punk a été élevée à bonne école. Son père n’est autre que Neil Barnes, du duo électro Leftfield. C’est d’ailleurs sur sa batterie qu’elle fait ses premiers pas de musicienne, à l’âge de 8 ans. Elle ne quittera plus cet instrument, traditionn­ellement peu pratiqué par les filles. En classe, Georgia, plus bad girl que petite fille modèle, a même l’étrange manie de taper sur son bureau avec ses doigts. « La batterie canalise mon énergie, et j’aime l’idée d’être une femme puissante », confie-t-elle. Des études de musicologi­e dans la poche, elle joue pour différents groupes, comme Kate Tempest, et commence à chercher ses propres compositio­ns sur son ordinateur. Pour gagner un peu d’argent, elle vend, en 2014, des disques dans le célèbre magasin Rough Trade, à Londres. Parmi ses clients, Brian Eno et Jimmy Page, le cerveau de Led Zeppelin. « Il m’a pris des disques récents et pas des antiquités », rigole-telle. Il va sûrement acheter le sien. Comme nous.

Domino.

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