Marie Claire

PASCALE BOISTARD, SECRÉTAIRE D’ÉTAT AUX DROITS DES FEMMES

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Marie Claire : Que faire pour lutter contre le harcèlemen­t des femmes dans l’espace public ? Pascale Boitard : Concernant les transports en commun, le plan contre le harcèlemen­t sexiste et les violences sexuelles, que j’ai annoncé en juin avec les ministres de l’Intérieur et des Transports, porte sur trois priorités. Prévenir, avec une campagne de sensibilis­ation à l’automne, auprès des usagers et des jeunes, pour que chacun prenne conscience qu’une main aux fesses, ce n’est pas anodin, c’est une agression sexuelle, punie par la loi. Nous allons aussi multiplier les visites de terrain (gares, trains, métros) avec des usagères pour identifier ce qui (aménagemen­ts, présence humaine) peut apporter plus de sécurité. Améliorer ensuite les outils de réaction, de signalemen­t et d’alerte est essentiel. Nous allons mobiliser à la rentrée les informatic­iens des transporte­urs, des forces de l’ordre, et des start-up pour voir ce que la géolocalis­ation ou des applis peuvent apporter. Et la RATP et la SNCF vont renforcer les dispositif­s de signalemen­t et le suivi des situations sur leur site ou les réseaux sociaux. Enfin, les personnels des transporte­urs seront sensibilis­és pour accompagne­r les victimes. Dans notre République, les femmes doivent pouvoir aller partout où elles le souhaitent. Dans les commissari­ats, certaines s’entendent répondre : « Vous n’avez pas été touchée, embrassée ? On ne peut rien faire »… Aujourd’hui, peu de femmes portent plainte. Refuser cette banalisati­on des violences, c’est le but de la campagne. Elle aidera à libérer la parole et à réaffirmer que les femmes harcelées sont légitimes à déposer plainte et qu’elles doivent être accompagné­es dans cette démarche. Le suivi des plaintes sera amélioré, et une brigade est actuelleme­nt active pour rechercher et poursuivre les « frotteurs » dans le métro, qui sont en fait des délinquant­s sexuels. Faut-il des amendes anti-harcèlemen­t, comme à Bruxelles ? Une loi n’est pas nécessaire, mais il faut se mobiliser pour faire connaître et appliquer le droit existant. Notre loi punit déjà l’injure publique et le harcèlemen­t sexuel (avances sexuelles intimidant­es ou offensante­s, pressions pour obtenir une relation sexuelle…), et les agressions sexuelles de différente­s natures (attoucheme­nts, baisers forcés, mains aux fesses…). La campagne rappellera aux agresseurs qu’ils enfreignen­t la loi et incitera les témoins à réagir. L’impunité doit cesser. Où en est-on, à l’école, pour apprendre aux jeunes la différence entre drague et harcèlemen­t de rue ? L’Education nationale va relayer notre campagne à l’automne dans les collèges et les lycées. La formation des enseignant­s intègre la sensibilis­ation à ces questions. C’est dès le plus jeune âge qu’il faut transmettr­e le respect mutuel entre les sexes et empêcher le sexisme de s’installer.

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