Marie Claire

Diane KRUGER Toute crue

Frêle brindille à l’allure hitchcocki­enne, elle manie le juron et l’argot comme personne, se départit comme aucune autre des convenance­s hollywoodi­ennes. Et se livre sans jamais minauder. Rencontre avec une actrice qui impose son style.

- Par Catherine Castro. Photos Daniel Thomas Smith. Réalisatio­n Anne-Sophie Thomas. (*) D’Alice Winocour, avec aussi Matthias Schoenaert­s, Paul Hamy, sortie le 30 septembre.

Labelliser Diane Kruger comme décorative serait juste mais réducteur. Et à côté de la plaque. Bien sûr, ses cheveux tirés en chignon très Lili Marlene mettent à nu une peau et des traits parfaits. Ajoutez une silhouette micromenue, elle se classe d’emblée dans le camp des meufs d’élite physiqueme­nt parlant. Nous écrivons « meuf » parce que l’actrice parle comme ça, c’est le cas de pas mal de femmes aujourd’hui, et pas seulement des rappeuses ou de Virginie Despentes. Ça nous surprend et ça nous plaît. Une blonde au physique hitchcocki­en qui manie l’argot et le juron, ça a du chien, et la demoiselle n’en manque pas. « Avec ton physique, tu ferais mieux d’être actrice que mannequin », lui avait dit Luc Besson. « Je mesure 1,70 m, je n’avais pas le physique mannequin », reconnaît-elle. Elle avait 16 ans, elle a filé au Cours Florent. « Après les cours, on parlait, on parlait, fumant cent cinq cigarettes à la chaîne. Nos discussion­s ne menaient nulle part. A ce rythme, tu deviens très conne. » Elle épouse l’acteur et réalisateu­r Guillaume Canet, qui la révèle dans « Mon idole », puis divorce. Et tente sa chance aux Etats-Unis. Pour le casting d’Hélène de Troie, ce poidsplume s’empiffre toutes les deux heures, pour prendre du poids en quinze jours. Lestée de 7 kg, elle jouera le rôle, au côté de Brad Pitt. Exploser la balance signe le début de sa carrière transatlan­tique, où elle enchaîne les films, « pas que des chefs-d’oeuvre », précise-t-elle. Mais en 2009, elle convainc Quentin Tarantino qu’elle en a sous le pied. Mission réussie : elle est l’espionne allemande infiltrée de « Inglouriou­s Basterds ». Elle revient sur les écrans français dans « Maryland »*, en femme de riche protégée par un garde du corps ultra-nerveux joué par Matthias Schoenaert­s. Diane Kruger est une créature hybride. Actrice mais pas trop, sophistiqu­ée et cash, la troublante MarieAntoi­nette de Benoît Jacquot (« Les adieux à la reine ») tourne depuis quinze ans. Elle semble mûre pour décrocher un premier rôle XXL.

Marie Claire : Pourquoi la réalisatri­ce Alice Winocour a-t-elle pensé à vous pour ce rôle d’épouse d’homme d’affaires ? Diane Kruger : Je pense qu’elle avait envie d’une femme assez froide à l’extérieur, qui peut facilement switcher entre un monde très sophistiqu­é et un côté, dès qu’on enlève le maquillage, très vulnérable. Je dirais que la femme que vous interpréte­z est plus terrienne que vulnérable. Elle vient d’un milieu très différent de celui de son mari. On sent qu’elle n’y est pas très à l’aise. Ça se voit quand elle donne à bouffer au chien, dans la cuisine, pendant la fête. C’est pas très chic. Vous avez fait vos débuts avec Dennis Hopper dans « The piano player » de Jean-Pierre Roux. C’était mon premier film. Il jouait mon père, mon personnage avait avec lui une relation très conflictue­lle. Mais oui, il m’a appris les basiques du cinéma, à jouer les scènes d’émotions. C’est très difficile de doser les émotions quand on n’a pas d’expérience, quand on doit pleurer par exemple. Ça me faisait flipper à un point ! Je donnais tout à la première prise. Quand il faut la refaire, c’est impossible, on n’a plus de larmes.

Comment dose-t-on ses larmes ? Il suffit d’avoir le coeur ouvert, de ne pas avoir peur d’être vulnérable. Dans la vie, on essaie de cacher ses émotions devant les autres, on ne les partage qu’avec les plus proches. Ça prend des années pour parvenir à partager ça avec un staff sur un plateau. Vous avez été élève au Cours Florent. Ayant aussi une carrière américaine, avez-vous eu envie de vous former à l’Actors Studio ?

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