ILLSKA

D’EIRIKUR ÖRN NORDDAHL

Ovni punk et nihiliste, ce pavé islandais de 597 pages est le gros buzz de la rentrée littéraire. Il a reçu le prix de la littérature islandaise et le prix des libraires islandais en 2012. Eirikur Örn Norddahl, poète et traducteur, ne raconte pas une mais des histoires. Celle d’Agnes, d’origine lituanienne, qui se colle à Omar, islandais malgré ce que pourrait suggérer son prénom, dans une file d’attente de taxi à Reykjavik. Agnes a grandi dans une ville lituanienne où les nationalistes à la botte des nazis ont massacré les juifs en 1941. Soit une partie de sa famille assassinée par l’autre, Agnes est juive. L’histoire d’Omar, jeune homme largué, qui fait un tour d’Europe, un étui pénien dans la poche, avec un stop à Oradour-sur-Glane. L’histoire d’Arnor, freluquet néonazi dont Agnes devient l’amante. « Illska » est aussi notre histoire, celle d’une Europe xénophobe, historiquement composée de pauvres hères diplômés ou non, laminés par la violence et la passivité. « Illska » est un voyage, dense, long parfois, furieusement comique. Et Norddhal est un virtuose. C. C. ★★☆ Ed. Métailié, traduit de l’islandais par Eric Boury, 24 €.