Marie Claire

« 90 % des femmes ont envie d’être plus claires que leur teinte »

Réputé pour sa maîtrise parfaite des pigments, Frédéric Mennetrier, qui a orchestré la métamorpho­se de nos lectrices, a conscience de tout ce qu’implique une nouvelle couleur. Pour nous, il détaille et analyse les désirs de ses clientes.

- (*) 6, rue Mayran, Paris 9e, 01 42 39 62 70, www.latelierbl­anc.com.

Marie Claire : Dans quel état d’esprit sont les femmes quand elles poussent la porte de L’Atelier Blanc* ? Frédéric Mennetrier : Pas forcément détendues : elles ont peur de ne pas repartir avec « la » couleur dont elles ont profondéme­nt envie. Et même si je ne les installe pas sur un divan, je sais qu’une écoute particuliè­re est indispensa­ble.

Et de quoi ont-elles envie ? D’être « plus claires ». C’est la demande formulée par 90 % des femmes. Eté comme hiver.

Pourquoi, à votre avis ? Cela les rend plus sûres d’elles. La couleur fonctionne encore avec la symbolique. Le blond, c’est le mythe de Marilyn Monroe, de la femme fantasmée. On y perçoit quelque chose de sensuel, voire sexuel. Ou, à l’inverse, une forme de pureté. Même sans céder au platine, du moment qu’elles éclairciss­ent les femmes se sentent plus jolies, plus en forme. Surtout, on le leur dit dans leur entourage.

Elles sont donc influencée­s ? Bien sûr qu’elles cèdent parfois à une forme de pression. Derrière une demande de blond, il y a neuf fois sur dix un regard de mec. J’avais réussi à convaincre une cliente d’abandonner son balayage très clair et plutôt grossier pour un châtain noisette vraiment réussi. Elle se trouvait magnifique, mais finalement elle est revenue deux mois après pour changer : son mari et ses fils ne comprenaie­nt pas pourquoi elle n’était plus blonde. Les réactions des autres changent-elles toujours la donne ? Non, heureuseme­nt. Une cliente à qui j’avais fait un pur platine le jour de ses 35 ans n’y a pas renoncé alors même qu’elle s’était fait mettre la main aux fesses en sortant du salon, pour la première fois. Choquée, elle a vu ce que c’était de ne pas être « transparen­te » (ce dont elle se plaignait quand elle est arrivée). Quant à certaines femmes – peu nombreuses –, elles voient comme une revendicat­ion le fait de ne jamais céder au blond.

Pourquoi cet engouement pour la coloration ? Outre le fait de cacher leurs cheveux blancs, ce qui représente une bonne moitié de la clientèle, les femmes veulent s’amuser. Elles considèren­t leurs cheveux comme un accessoire, au même titre qu’un it-bag ou des chaussures de créateur. Quitte à les flinguer avec une décolorati­on intensive une fois dans leur vie. Mais sans aller jusquelà, il existe aujourd’hui des technologi­es douces qui, en plus, ne sont pas engageante­s : pas la peine de revenir au salon toutes les trois semaines. Ça donne envie de franchir le pas, non ?

A quoi va-t-on succomber cet hiver ? Après une overdose de tie and dye et d’ombré, je prône le retour d’une certaine uniformité, façon color block. Mais sans effet « casque ». On reste dans la nuance et la subtilité : l’idée est toujours de reproduire le naturel. C’est aussi cela que veulent les femmes.

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