Médias : il faut faire parler les expertes
Lundi 5 décembre, TF1 organise, en partenariat avec Marie Claire, Elles à la Une : cent femmes expertes, trop rares dans les médias, vont échanger avec les journalistes et participer à du média-training afin que leur parole porte. Catherine Nayl à l’origine du projet, nous répond.
Marie Claire : Quand avez-vous pris conscience que les expertes sont plus rares que les experts à la télévision ? Catherine Nayl : A TF1, il y a huit ans, nous nous sommes saisis du problème de la représentation des minorités dans nos JT en sensibilisant nos journalistes. On en voit aujourd’hui le fruit dans nos journaux. Le fait que les femmes s’expriment moins est apparu comme une évidence mais il a fallu la mobilisation de personnes comme Brigitte Grésy ou du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour en prendre conscience. Ma rédaction a besoin d’un constat factuel, pas d’un ressenti, nous avons donc mené une étude en interne. On s’aperçoit qu’on n’est pas plus ou pas moins vertueux que les autres médias, et c’est inacceptable.
Que révèle cette étude ?
On a visionné 63 émissions, soit 900 sujets et 70 plateaux. Sur 3 200 personnes qui prennent la parole, il n’y a que 34 % de femmes. D’où notre plan d’action : la journée du 5 décembre, la collecte de noms d’expertes à mettre en commun au sein des rédactions de TF1 et de LCI, et un travail de formation de nos journalistes. Plus question qu’on ne voie que des femmes pousser un chariot dans un sujet sur la consommation, ou que les policiers interrogés soient toujours des hommes… Il faut une prise de conscience, aussi, des institutions et des entreprises.
Cela relève aussi de leur responsabilité…
Pour faire émerger des femmes, il ne faut plus que leur hiérarchie envoie un homme à leur place. On va s’appuyer sur les réseaux mixtes dans les entreprises, comprendre aussi pourquoi les expertes ne sont pas organisées pour intervenir et pourquoi les journalistes n’ont pas les réseaux pour aller les chercher.
1. Directrice générale adjointe de l’information de TF1. 2. Secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle.