Marie Claire

Eva Ionesco et Simon Liberati Le bain royal

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Eva : On prend notre bain ensemble tous les jours à 7 heures, du moins quand on est à la campagne.

Simon : C’est Eva qui a intronisé ça. Tout vient de la baignoire, en fait, qui est très belle, immense, en face d’une fenêtre qui donne sur une abbaye en ruines. Mais on ne peut pas prendre deux bains dans la même journée, à cause du chauffe-eau qui a été installé par un radin.

A Paris, la cérémonie est interrompu­e car la baignoire est trop petite, mais j’aime bien me tenir à côté, sur un fauteuil, pour discuter.

Eva : On fait une grande promenade, et après, on prend notre bain. On échange des explicatio­ns, des problèmes, ce qu’il faut faire, qui a téléphoné, ce qu’on va acheter.

Simon : Le ton peut monter, ce n’est pas forcément un moment de paix. Il y a de la théâtralis­ation aussi, Eva peut sortir violemment du bain.

Eva : On s’amuse, quand même, on aime bien jouer ensemble, on fait des grimaces.

Simon : C’est l’heure des enfants ! On dirait un dessin animé ancien, avec Mickey et Daisy. Et il y a un côté miroir, comme on est assis face à face. On est le public l’un de l’autre. Pas de bougies ni de mousse – sauf aujourd’hui, pour préserver la pudeur. Mais être pris en photo dans notre bain ne nous dérange pas, on a une sphère intime très solide ! (Il se marre.)

Eva : Il n’y a pas grand-chose qui nous dérange. Simon : Surtout toi ! On peut aussi avoir des échanges relativeme­nt courtois. J’ai demandé la main d’Eva dans le bain, ça vient de me revenir. C’était le 30 mai 2013 ; à l’époque, on prenait notre bain plutôt le matin.

Eva : De manière générale, on est souvent fourré ensemble, ça fait partie d’une multitude de choses qu’on fait à deux.

Simon : A la limite, on a parfois besoin de sortir de cette organisati­on, non pas carcérale mais solide, « ritualisée » comme on dit aujourd’hui. C’est un joli mot, d’ailleurs. Mais on ne fête pas tellement les anniversai­res, la Saint-Valentin. On était assez âgés lorsqu’on s’est rencontré, on avait plus de 50 ans. Eva : Pas moi, merci !

Simon : Le peu de temps qu’il nous reste à vivre, on essaie de le passer ensemble, donc le bain aussi. Dans le futur, il faudra peut-être une baignoire avec des poignées, il y a des équipement­s très modernes… 1. Actrice et réalisatri­ce.

2. Ecrivain.

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Mise en beauté Nobu Fujiwara. Remercieme­nts à l’hôtel Le Meurice.

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