L’oeil gitan
Depuis une vingtaine d’années, le photographe Mathieu Pernot suit des communautés tsiganes. Et retrace aujourd’hui leur histoire dans une exposition puissante et singulière. Interview. Marie Claire : On vous connaît comme photographe, mais à Toulon vous présentez une exposition sur les communautés roms et gitanes avec films, son, archives… Mathieu Pernot : En démultipliant les points de vue et les médias, je crée différents niveaux qui attestent d’une histoire complexe. Il n’y a rien de commun entre un Gitan sédentaire du sud de la France et un Rom nomade. Pourtant, ils souffrent d’être toujours sous le coup d’archétypes qui les unifie. Cette exposition interroge les représentations possibles de ces communautés, dans leur histoire et dans leurs rites d’aujourd’hui. Vous vous intéressez à ces communautés depuis vingt ans. Comment est née cette connivence ?
J’étais étudiant à l’Ecole nationale supérieure de photographie d’Arles, et j’ai rencontré, en 1995, une famille de Roms, les Gorgan, que je n’ai plus jamais cessé de photographier. Au fil des ans, j’ai appris que le grand-père avait été déporté en Allemagne, et j’ai découvert l’existence, dans le Sud, des camps de Saliers et de Rivesaltes, où les Roms ont été internés. D’où l’importance des archives et des témoignages dans l’exposition. Vous avez aussi travaillé sur un ancien asile psychiatrique en Normandie et sur des migrants à Paris.
Pourquoi cet intérêt pour les exclus de la société ?
Ma mère était assistante sociale. J’ai peut-être hérité d’elle cette attention portée à ceux qui sont de l’autre côté de la barrière. La revanche des invisibles…
Mathieu Pernot, Survivances, du 8 juillet au 1er octobre à l’Hôtel des Arts de Toulon, www.hdatoulon.fr.