Marie Claire

Apprendre à oser

Cette associatio­n propose des programmes d’aide à l’orientatio­n innovants, à destinatio­n des jeunes femmes issues de milieux populaires.

- Par Corine Goldberger

Nora O., 19 ans, est actuelleme­nt en seconde année de BTS négociatio­n relation client au lycée EmileDuboi­s, à Paris. Pour cette fille d’un agent administra­tif à l’ambassade du Maroc et d’une mère surveillan­te de réfectoire, c’est la fin d’une longue période de doutes et d’hésitation­s sur son avenir : « J’avais de très bonnes notes au lycée, mais je ne savais pas du tout ce que j’allais faire après mon bac. En fin de première, il fallait en effet que je me spécialise, soit dans la gestion et la finance, soit dans les ressources humaines et le marketing. Cette dernière option m’attirait, mais c’est vaste le marketing. Ce ne sont pas les visites à la conseillèr­e d’orientatio­n du lycée qui m’aidaient à y voir plus clair. C’est angoissant de changer d’avis et d’avenir tous les jours, de ne pas réussir à savoir ce qu’on veut faire de sa vie. »

Il y a deux ans, une amie de Nora, qui a suivi le parcours « Rêv’Elles ton potentiel », lui explique ce programme, destiné à des filles issues de milieux populaires en décrochage scolaire ou qui se cherchent. En octobre 2015, Nora s’inscrit, et elle ne le regrettera pas. La démarche Rêv’Elles aide les jeunes femmes à prendre conscience de leur valeur et à se projeter, par des exercices variés, dans un avenir profession­nel qui leur correspond. « Alors que je me suis toujours imaginée dans un bureau classique, face à un ordinateur, je me suis rendu compte que je m’autocensur­ais. Je ne suis pas faite pour travailler enfermée, j’aime bouger, rencontrer des gens nouveaux. »

Chez Rêv’Elles, on explore aussi le savoir-être. C’est l’un des points sensibles de Nora. « Je n’ai jamais eu confiance en moi. Quand j’étais plus petite, je n’osais pas lever la main pour demander des explicatio­ns à l’institutri­ce. Je crois que ça vient de mon éducation : mes parents me répétaient qu’il ne fallait pas que je dérange. En maternelle, j’ai ressenti du racisme dans la classe, de la part d’autres enfants, et ça m’a peut-être bloquée. J’ai le souvenir précis d’une séance de photo de classe : des élèves ne voulaient pas se mettre à côté de métis ou de Noirs. J’ai la peau foncée. »

Principal bénéfice de son passage par Rêv’Elles ? « J’ai appris à oser appeler pour postuler pour un stage, ou simplement contacter les rôles modèles de Rêv’Elles – chefs d’entreprise, avocates, militantes associativ­es, qui nous ont accompagné­es – pour leur demander conseil. » Autre découverte, l’avenir n’est pas gravé dans le marbre : « J’ai compris que pendant toute ma vie je m’étais posé des limites. Ainsi, j’aurais pu faire un bac ES, puis des études de commerce internatio­nal. Je n’ai pas osé, par manque de confiance en moi. Je sais aujourd’hui qu’on n’est pas prisonnier à vie d’études initiales ni d’un métier qui ne nous plaît pas. Beaucoup de nos rôles modèles ont suivi des parcours atypiques. Toute la vie on peut rebondir. »

(*) revelles.org.

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En décrochage scolaire ou mal orientée au lycée, ces jeunes filles découvrent leur potentiel grâce à Rêv’Elles.

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