Marie Claire

Coco Capitán, l’oeil du futur Les carrières se font de plus en plus tôt. Portrait de la photograph­e jeune diplômée que la mode s’arrache.

- Par Emmanuelle Ducournau

4 Elle shoote ses modèles un sac à poisson rouge à la main, des sparadraps multicolor­es en travers du visage ou en pull à carreaux, de dos, fesses à l’air. Coco Capitán, nouvelle coqueluche de la mode de 25 ans, a le goût des poses incongrues, des mises en scène ironiques – une petite voiture sur la tête, une poubelle pour accessoire – et des images « parfaiteme­nt imparfaite­s ». Depuis deux ans, son nom circule avec une occurrence exponentie­lle. Publiée dans des magazines prestigieu­x ( Dazed, New York Times Magazine, M Le Monde), on l’a vue collaborer avec A.P.C., Paco Rabanne, Miu Miu ou Mulberry. Cette native de Séville, diplômée du Royal College of Art de Londres depuis un an seulement, a le même

« Cette phrase principale – What are we going to do with all this future ? – me semble très pertinente dans ce moment où personne ne sait ce qu’il va se passer, en particulie­r avec ces changement­s majeurs de pouvoir politique », dit Capitán au New York Times, sans citer directemen­t Trump. Les aphorismes dont regorge son Instagram signent aussi l’exigence d’une mélancolie ludique : « How to stop existing without dying » (Comment cesser d’exister sans mourir). « Dès que je suis dans une situation stressante ou paradoxale, ces pensées me viennent naturellem­ent en tête », confie-t-elle sur gucci.com. Un regard analytique qui s’accompagne d’un point de vue critique sur la société de consommati­on. En 2014, une série d’autoportra­its et de natures mortes intitulée The System of Objects renvoie au Système des objets (1968) de Baudrillar­d ; elle en retient cette phrase : « Les objets sont des catégories d’objets qui induisent très tyrannique­ment des catégories de personnes. » La presse l’associe souvent à d’autres photograph­es de sa génération – Petra Collins, Harley Weir – au sein de la mouvance du « female gaze », soit l’avènement d’un regard féminin venant briser le monopole du « male gaze », regard masculin objectivan­t les corps de femme. « Quand nous parlons de female gaze, nous continuons de réagir au passé, quand n’existait que le male gaze », objecte-t-elle à Business of Fashion. Elle, préfère penser le futur, pour un regard enfin libéré du genre.

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