Critique
Karen Carpenter, dernier acte
Les étoiles sont faites pour mourir. Le moteur qui leur sert de combustion est celui-là même qui provoque leur ascension et leur chute. La chanteuse Karen Carpenter – moitié du duo qu’elle formait avec son frère Richard sous le nom de The Carpenters – connut une gloire gigantesque, avec cent millions d’albums vendus. Adulée par la majorité silencieuse des années 70, qui vomissait le rock drogué et chevelu, Karen devint une icône que Richard Nixon montrait en exemple. Mais la façade de Cendrillon sculptée dans une guimauve rose Barbie dissimulait une jeune femme fragile qu’une anorexie mentale avait conduite à une addiction dramatique aux petites pilules. Karen Carpenter meurt à 32 ans. Le journaliste Clovis Goux retrace avec tact, érudition et passion, la brève apparition sur terre de cette icône à la voix d’or ignorant les tremblements de son époque, comme elle sera passée à côté de sa propre vie. « Perdue dans une mascarade », comme elle le chanta si bien, poupée ventriloque d’un conte de fées musical auquel elle préféra, pour son dernier tour de piste, l’attraction des ténèbres.
Fabrice Gaignault
La disparition de Karen Carpenter de Clovis Goux, éd. Actes Sud, 15 €.