#JamaisTropTard pour porter plainte
Marie Claire soutient le projet de loi d’allongement du délai de prescription des viols sur mineurs. Il sera examiné par les députés avant la fin du premier semestre.
Mercredi 7 mars, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles est présenté en Conseil des ministres. Ce texte, promis en octobre dernier et porté par Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, et Nicole Belloubet, ministre de la Justice, sera transmis au Parlement le 8 mars, en vue d’un examen par les députés avant la fin du premier semestre. Trois principales mesures y figurent : la fixation d’un âge minimum de consentement pour les relations sexuelles, la pénalisation du harcèlement de rue et l’allongement à trente ans après la majorité – contre vingt ans actuellement – du délai de prescription des crimes sexuels sur mineurs.
A Marie Claire, nous nous réjouissons particulièrement de cette dernière proposition, que nous portons depuis un an avec des personnalités et des anonymes. C’est pourquoi, soutenues par Agnès b., Flavie Flament, Andréa Bescond et Sylvie Le Bihan, nous avons envoyé à chaque député notre manifeste, #JamaisTropTard, déjà signé par près de 29 000 personnes. Flavie Flament mène le combat pour l’allongement des délais de prescription. Andréa Bescond traite de la pédophilie avec Les chatouilles, sa pièce autobiographique. Ont également signé Marina Foïs, Marie Desplechin, Raphaël Enthoven, Isabelle Carré, Camille Cottin, Zabou Breitman, Julie Gayet, Sylvie Testud, Nicole Ferroni, Elie Semoun, Claire Castillon, Tatiana de Rosnay, Roselyne Bachelot et bien d’autres.
Nous sommes mobilisées. Un enfant sur cinq est victime d’abus sexuels en Europe. La violence et le choc du viol sont tels que la victime peut oublier ce qu’elle a subi. Cette amnésie traumatique peut durer pendant des années. Les souvenirs revenus, il faut ensuite beaucoup de temps pour trouver le courage de porter plainte, d’affronter l’agresseur. Or, actuellement, en France, une personne violée avant sa majorité a jusqu’à l’âge de 38 ans pour porter plainte et aller en justice. Après, il est trop tard. Face à cette situation, nombre de victimes éprouvent légitimement un sentiment de colère, d’injustice et d’abandon. Si elles avaient davantage de temps pour pouvoir dénoncer leur agresseur, elles offriraient à d’autres victimes du même prédateur l’occasion de se manifester pour l’empêcher de continuer à nuire.