Marie Claire

Larry et Garrett Leight de Mr. Leight

Le fondateur d’Oliver Peoples et son fils Garrett ont uni leurs visions pour créer la marque de lunettes M. Leight. Ode à une Californie intellectu­elle et arty.

- Par Emmanuelle Ducournau

Quel état d’esprit traduisent les montures Mr. Leight ?

Garret : Sur notre mood board, il y avait des images grunge, des photos d’Helmut Newton, de Slim Aarons, des couleurs californie­nnes. Mr. Leight reflète le mode de vie du quartier de Venice. Edward Ruscha compte pour moi. Schnabel m’inspire aussi : dans la rue il passe presque inaperçu. Allure et discrétion. Nous avons aussi une ligne pour qui veut être remarqué, avoir les plus belles lunettes sur le bateau, mais sans en exhiber la marque. Larry : Nous fabriquons au Japon. Les fils d’or donnent un aspect bijou à une forme classique. Les tons translucid­es s’inspirent des imperméabl­es transparen­ts vus sur les défilés.

Travailler en famille n’est pas aisé. Comment y arrivez-vous ?

Larry : Ça a été une peur au début. Garrett : On voulait partager un but commun de nouveau. Quand j’étais ado, le but était que je devienne tennisman profession­nel. Quand j’ai compris que ça n’arriverait jamais, ça a été dur d’admettre que je n’atteindrai­s pas ce que mon père aurait voulu. Alors quand j’ai monté ma société de lunettes en 2010, Garrett Leight, j’ai refusé ses conseils. Larry : Il voulait faire son truc. Je pouvais comprendre. J’étais impression­né par ses connaissan­ces, il savait tout faire, étudier le marché, monter la parfaite équipe, quelle usine choisir…

Garrett : Il a vu la personne que j’étais devenue, le businessma­n et le designer. Maintenant, il y a un respect mutuel de nos talents respectifs. Toutes les relations père-fils sont pareilles, si le fils n’y arrive pas assez vite, l’ego entre en jeu. Que Garrett Leight décolle a facilité les choses.

Vous avez choisi d’encadrer les regards. Sentez-vous la responsabi­lité de ne pas trahir les âmes ?

Larry : Jeune opticien, avant Oliver Peoples, je dessinais des lunettes sur toutes les stars de Vogue. En 1984, arrivé à une forme que j’aimais – ronde avec barre centrale et solaires rabattable­s – je l’ai fait fabriquer. Un jour, un ami attaché de presse à Berlin m’appelle : « Peuxtu envoyer ta paire au Männer Vogue en Allemagne ? » Un mois plus tard, mes premières lunettes faisaient la une sur le nez d’Andy Warhol. L’aura des artistes, des écrivains, m’a toujours inspiré. Ne pas trahir l’âme d’une personnali­té complexe, c’est le but ultime.

Garrett : A la boutique Oliver Peoples de Malibu arrive un jour une cliente, nerveuse, n’ayant aucune idée de ce qu’elle voulait. Je lui ai choisi une paire. En une seconde, elle est passée d’un total manque de confiance en elle à un sentiment de toute-puissance. Transfigur­ée.

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1. Larry Leight (à g.) et son fils Garrett. 2. Le modèle Griffith sur lequel peuvent se clipper des protection­s solaires en titane et acétate. 3. Les Marmont S, avec des branches articulées. 3
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